Ecriture de l’histoire

Les confessions d’une Américaine sur la Révolution algérienne



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Le titre du livre d’Elaine Mokhtefi, Alger, capitale de la Révolution/ De Franz Fanon aux Black Panthers, reflète insuffisamment les milliers d’anecdotes et de révélations sur les années de la Révolution algérienne et sur les premières années de l’indépendance.

Elaine Mokhtefi, du nom de son défunt mari, qui fut un militant du FLN, est née aux Etats-Unis. En 1951, elle quitte son pays pour l’Europe. Très vite, elle s’installe en France. Dans ces années brûlantes de l’anticolonialisme, elle se rapproche des mouvements politiques qui œuvrent à l’émancipation des êtres humains.

Elle sera de plusieurs conférences, dont celle d’Accra, approchant à la fin des années 60, l’âme africaine qui brise ses chaînes. Elle se retrouve aussi faisant partie du bureau de New York du FLN, où elle croise des hommes qui, alors, ne sont que des battants pour la cause nationale. D’abord, Abdelkader Chanderli, chef du bureau installé là pour agir sur l’ONU. Il y a aussi Mohamed Sahnoun, qui deviendra son intime, M’hamed Yazid et bien d’autres, comme Cherif Belkacem, ou encore Franz Fanon, dont elle sera une proche amie jusqu’à la mort, avec son épouse Josie. Elle sera l’une des dernières, sinon la dernière, à voir le grand militant avant sa mort.

Les anecdotes qu’elle raconte sont pour beaucoup des découvertes très émouvantes. A l’indépendance du pays, c’est naturellement qu’elle regagne Alger, où elle sera la seule Américaine qui participera au redémarrage de l’Algérie meurtrie par la colonisation et par la guerre. Elle sera essentiellement journaliste mais sera une des personnes qui aideront les Black Panthers américains qui trouvent asile à Alger, mecque des révolutionnaires. Dont Eldridge Cleaver qu’elle assistera lors de son exfiltration vers la France, via la Tunisie et la Suisse. Un épisode rocambolesque.

Parmi ses amies, elle sera une proche de Zohra Sellami, qui deviendra l’épouse de Ben Bella. Et c’est parce qu’elle ne veut pas donner aux services de sécurité des informations sur la vie du président reclus (qu’elle a par Zohra Ben Bella) que ses ennuis vont peu à peu la voir être expulsée d’Algérie.

A Paris, avec son mari Mokhtar Mokhtefi (victime lui aussi du système), elle refait sa vie à partir de 1974, avant de s’installer aux USA, où son mari décède en 2015, après avoir lui aussi écrit ses mémoires (éditions Barzakh). Elaine Mokhtefi devrait être au Salon international du livre d’Alger en octobre prochain. Un rendez-vous qui honorera l’Algérie pour laquelle elle a tant donné.


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