Interpellations et détentions

Le pouvoir s’acharne contre les libertés



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Arrestations arbitraires, détentions abusives et répression… Les libertés d’expression et d’opinion sont plus que jamais menacées. Le pourvoir actuel reconduit les mêmes pratiques que celles des anciens régimes pour imposer, contre vents et marées, sa feuille de route.

Il cible directement le mouvement populaire, dont il louait auparavant le caractère pacifique et exemplaire. Le constat est là. Après avoir joué la carte des manœuvres pour contourner les revendications des Algériens qui aspirent à un véritable changement du système, les tenants du pouvoir, en perte de raison, mettent en branle l’arsenal répressif contre les manifestants : police et justice.

N’ayant pas pu venir à bout du mouvement populaire, qui a déjoué toutes les combines visant à préserver le système politique, ils tentent de jouer la division régionaliste avec l’histoire de l’interdiction saugrenue de l’emblème amazigh dans les marches. Cette décision du chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, a servi, en effet, de prétexte pour mater le mouvement populaire.

La chasse aux manifestants s’est accentuée, depuis vendredi dernier, avec la multiplication des arrestations illégales et arbitraires. Des dizaines de personnes sont, en effet, interpellées chaque vendredi juste parce qu’elles voulaient exercer leur droit de manifester pacifiquement. Mais le fait nouveau est intervenu à partir de cette semaine avec le maintien de certains manifestants, choisis on ne sait sur quels critères, en détention avant de les présenter devant la justice.

Se disant «libérée» par le mouvement, cette dernière n’est pas allée d’une main morte pour les placer en détention abusivement, selon les juristes. Sans aucune base juridique – aucun texte de loi n’interdit de brandir un drapeau autre que l’emblème national dans une manifestation –, les juges d’instruction, notamment à Alger et à Bordj Bou Arréridj, ont placé une vingtaine de personnes sous mandat de dépôt en leur collant des chefs d’accusation ahurissants. Outre les arrestations effectuées vendredi dernier, les policiers se sont aussi acharnés, mardi dernier, contre les étudiants en leur retirant même les pancartes portant des critiques à l’égard du chef d’état-major de l’ANP.

Si à Alger, les policiers n’ont pas interpellé les étudiants porteurs du drapeau amazigh, leurs collègues d’Oran l’ont fait. Deux étudiants ont été maintenus en garde-à-vue et présentés hier devant le tribunal, qui, fort heureusement, les a remis en liberté. Les atteintes aux libertés se sont multipliées depuis le début de l’année. Des opposants au 5e mandat du Président déchu croupissent toujours en prison, dont le jeune Hadj Ghermoul.

Quant au Dr Kamel Eddine Fekhar, arrêté quelques jours après le début du mouvement populaire du 22 février dernier, on l’a laissé mourir en détention. Cette situation fait craindre le pire pour les défenseurs des droits de l’homme qui redoutent la mise en place d’une dictature dans le pays. En tout cas, les dénonciations de la politique répressive du pouvoir se multiplient. Un réseau contre la répression et pour la libération des détenus d’opinion et pour les libertés démocratiques est né.

Il dénonce avec force «les condamnations infondées et injustes à l’encontre de manifestants portant l’emblème amazigh, sous le fallacieux prétexte d’atteinte à l’unité nationale», les interpellations, ce mardi, de 2 étudiants (relâchés, puis mis sous contrôle judiciaire), la condamnation abusive à Ghardaïa d’Ahmed  Lassaker et l’arrestation à Bordj Bou Arréridj d’un médecin pour avoir accroché l’emblème amazigh dans son bureau à l’hôpital.


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