Probable reconduction de l’accord OPEP+

Moscou donne le ton à la prochaine réunion de Vienne



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A la veille de l’ouverture de la très attendue réunion des membres de l’organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que l’accord de réduction de la production de pétrole conclu entre l’OPEP et d’autres producteurs pétroliers a joué un rôle positif dans la stabilisation et les perspectives du marché.

Dans un entretien accordé au Financial Times, le président russe s’est gardé de dire si son pays soutiendrait une reconduction de l’accord qui arrive à sa fin cette fin de mois, mais tient tout de même, et c’est un fait notable, à souligner les effets positifs de cet accord qui a réussi à faire éviter le pire aux producteurs et exportateurs de pétrole pris dans la tourmente de l’instabilité géopolitique dans le Golfe persique et de la hausse des stocks américains. Cette déclaration pourrait donner le ton à la réunion OPEP et OPEP+ devant s’ouvrir ce lundi à Vienne. M. Poutine et le prince héritier saoudien devront d’ailleurs aborder la question en marge de la réunion du G20.

Le travail de coulisses commence à dessiner les contours des pourparlers de Vienne devant examiner l’avenir de l’accord de réduction de l’offre pétrolière sur le marché. Le plus grand producteur du groupe, ainsi que les Emirats arabes unis et l’Irak se sont déjà prononcés pour la poursuite de la politique de réduction de la production. Si la Russie consent à une reconduction de l’accord pour six autres mois, l’année sera plus ou moins tranquille pour les pays producteurs de brut. Selon le ministre saoudien de l’Energie, Khalid Al Falih, «la réunion de lundi à Vienne pourrait être surveillée de près plus que toute autre réunion de l’OPEP+ car la décision-clé sur une extension de la production sera supposément ‘‘dans le sac’’ de la coalition’’». Même si un nouveau rapport sur les prévisions de croissance pétrolière prévoit une amélioration de la demande mondiale de pétrole, il reste que la prudence va primer sur l’optimisme lors de la réunion de l’OPEP, et ce, du fait de la tension opposant les Etats-Unis à l’Iran.

Le rapport en question prévoit une hausse de la demande des pays nord-américains membres de l’OCDE avec 200 000 barils/jour supplémentaires, en revanche la demande des pays européens connaîtra une contraction du fait du ralentissement de la dynamique économique. Le même rapport s’attend à une augmentation de la production américaine et même brésilienne faisant monter l’offre à 2,14 millions de barils par jour pour l’année 2019. Une situation qui plaide pour une prolongation de l’accord de réduction pour les pays de l’OPEP qui tentent de maintenir un marché stable et des prix plus ou moins acceptables.

En décembre dernier, les pays de l’OPEP et leurs dix alliés dont la Russie et le Kazakhstan étaient arrivés à reconduire, même difficilement, l’accord de réduction de leur offre cumulée de 1,2 million de barils par jour. Aujourd’hui, la même question sera posée sur la table des discussions : faut-il oui ou non reconduire l’accord pour le second semestre de l’année ? La situation sur le marché plaide en tout cas pour la prudence. La courbe des prix n’a pas cessé de vaciller ces dernières semaines au gré des annonces sur la folle production américaine ou sur l’escalade dangereuse entre l’Iran et les Etats-Unis. «Cette escalade a ravivé les craintes d’une perturbation de l’offre pétrolière. Mais sans affoler excessivement le marché : les stocks mondiaux atteignent des niveaux élevés, les Etats-Unis restent capables de gonfler rapidement leur offre si nécessaire, tout comme les pays de l’OPEP qui gardent de vastes capacités de production non utilisées», déclare à l’AFP l’analyste de Capital Economics, Caroline Bain.

Autre facteur d’instabilité du marché, l’effet de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui plombe la croissance et limite la demande énergétique mondiale. La reconduction de l’accord de réduction de l’offre s’avère inévitable pour les pays OPEP+ et la réunion de Vienne devrait confirmer l’utilisation de cette arme de défense que les pays producteurs brandissent depuis deux années et qui a réussi à marquer des points en faveur des producteurs de la moitié du brut mondial. «L’OPEP ne veut pas répéter l’erreur de 2018 d’ouvrir librement les vannes. Les inquiétudes sur l’économie, les guerres commerciales et la demande de pétrole l’emportent», indique Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

 

 

Le baril à 66,51 dollars

n Le baril de Brent ou brut de la mer du Nord pour livraison en août s’est vendu à 66,51 dollars hier à Londres en légère baisse de 4 cents par rapport à la clôture de jeudi. Une stabilité manifeste touche les cours en cette veille de réunion des pays de l’OPEP+ et dans l’attente des résultats de la réunion aujourd’hui entre les présidents américain et chinois en marge du sommet du G20 à Osaka. Les deux Etats se livrent une véritable guerre commerciale et les marchés placent des espoirs dans le sommet du G20 et attendent une possible détente. «Une détente des relations sino-américaines après la rencontre Trump-Xi doperait probabelemnt la demande pour les actifs à risque, comme le pétrole. Alors qu’une détérioration de la situation pèserait sur les perspectives de la croissance mondiale et donc sur es cours», estime Han tan, analyste chez FXTM. Le marché se tourne aussi vers la rencontre toujours en marge du G20, du président russe Poutine et du prince héritier BenSalman devant donner le la à la décision prochaine de l’OPEP+.


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