Saison estivale à Tipasa

 Dans l’adversité, deux Algériennes créent une destination de rêve



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Nawel et Amel sont livrées à elles-mêmes. Elles s’accrochent à leur projet. Elles sont ambitieuses avec des têtes pleines d’idées, allant dans le sens de la préservation de l’aire de Kouali, sans contrarier l’activité tourisme et loisirs.

Quel bourdon a piqué cet «élu» FLN de l’APW de Tipasa, qui traîne des casseroles, connu pour être un «chiyate extrême» de Bouteflika, selon ses aveux devant une assistance nombreuse, pour s’acharner contre une femme qui s’est engagée dans un investissement purement écologique et touristique ?

L’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et ses ministres se rappellent de sa déclaration à Tipasa. Le comble, c’est qu’il vient d’entraîner dans son élan «un élu» du PT de l’APN dans son attaque contre un trio d’investisseurs dirigé par une femme, qui est foncièrement préoccupée par la préservation de la nature.

Le site en question, l’Anse de Kouali, est situé à l’entrée est du complexe touristique Tipasa-Village, (ex-CET). Le ministère de l’Environnement l’avait classé aire protégée. La notoriété de l’espace de Kouali, dans un passé récent, a dépassé les frontières de la wilaya de Tipasa. Ce bout de littoral était un véritable «Paradis des maux sociaux».

Personne n’avait contesté sa mauvaise réputation, car chacun y trouvait son compte. La drogue, l’alcool, la prostitution, le proxénitisme, la violence, les crimes, les vols, la pollution au pluriel, le détournement de mineurs, la destruction de la végétation et des rivages, sont autant de points sombres qui se conjuguaient quotidiennement dans ce coin appelé «Kouali». Les écrits de la presse n’avaient suscité aucune réaction officielle.

Bref, à la suite de la défaillance de l’APC de Tipasa et de l’Epic Environnement, incapables de le gérer, les responsables devaient trouver la solution afin de protéger et de rentabiliser cet espace naturel.

En effet, sur instruction de l’ex-ministre des Ressources en eau et de l’Environnement, Abdelkader Ouali, les autorités de la wilaya de Tipasa avaient entamé les procédures règlementaires pour concéder cet espace. Les trois avis à manifestation d’intérêt se sont avérés infructueux. Dans le but de rendre utile et accueillante l’Anse Kouali, la wilaya de Tipasa avait signé l’arrêté de concession le 7 février 2018 sous la référence n°380 au profit d’une Sarl.

Mme Amel Aït Assa et ses deux associés, écologistes jusqu’aux bouts de leurs ongles, se sont acquittés du paiement d’un montant de 5,3 millions de dinars (plus d’un demi milliard de centimes), auprès du Trésor public, selon le document référencié n°7966 du 8 mai 2018. Après moult travaux d’aménagement, conformément au cahier des charges, qui auront coûté plus de 55 millions de dinars (plus de cinq milliards de centimes) à la Sarl Koualina, l’aire protégée a été réhabilitée.

Ce bout du bassin méditerranéen est devenu un paradis dans lequel le respect de l’environnement est primordial. Il a ouvert ses portes en ce début du mois de juillet 2019. Cette nouvelle image du site naturel aura dérangé ces individus habitués à manœuvrer dans les eaux troubles, inhabitués à agir dans la transparence et la propreté. Seule la Gendarmerie nationale de Tipasa apporte son soutien à la responsable, Mme Amel Aït Assa, afin que l’entretien et l’activité se perpétuent de son projet.

Les familles avaient exprimé leur bonheur après avoir passé des instants paisibles au milieu de cet espace féerique, de surcroît en l’absence de toute pollution sonore. Nawel et Amel sont livrées à elles-mêmes. Elles s’accrochent à leur projet. Elles sont ambitieuses avec des têtes pleines d’idées, allant dans le sens de la préservation de l’aire de Kouali, sans contrarier l’activité tourisme et loisirs.

A présent, la 1re partie de l’Anse de Kouali s’articule autour de deux plages dénommées, «l’îlôt et la posidonia, le belvedère du mont», un pavillon d’accueil construit en bois, un parking d’une capacité de 300 voitures, un circuit environnemental destiné aux piétons et aux estivants qui accèdent à l’intérieur, un club de plongée sous-marine dirigée par la «sirène des mers», Mme Balistrou Samia, un club nature, un club de kayak pour initier le kayakisme. Un ciné-beach grand écran est programmé afin de pouvoir projeter les films et documentaires relatifs à l’éducation environnementale.

Quant aux rejets des eaux usées, un mécanisme est mis en place pour les récupérer et épargner les eaux marines de l’Anse Kouali d’une pollution grâce à la collaboration du service assainissement de Seaal.

La seconde partie de cette aire protégée sera aménagée conformément aux objectifs tracés par les investisseurs. L’avocate, Mme Titaouine Amel, assiste les femmes dans le volet juridique, afin que l’activité de l’Anse Kouali se développe dans le respect des textes de loi et la protection de l’environnement. «Madame, c’est complet ?», demande un agent de sécurité à sa responsable.

«Vous fermez la porte alors, lui répond-elle, il n’est pas question pour nos clients de payer l’accès lorsque nous n’avons plus de structures libres pour les familles, pas de transat, pas de parasol, pas de place au parking», conclut-elle.

Un homme s’avance avec un léger sourire pour récupérer sa derbouka. « C’est fait madame, nous avons passé des moments agréables, mes élèves se sont bien amusés et avaient bien assimilé le cours sur la protection de l’eau et de la mer dit-il, mais je suis venu aussi pour récupérer ma derbouka», demande-t-il à Amel Aït Assa.

La derbouka confisquée lui a été remise aussitôt. «Vous savez, nos clients ont besoin de se reposer, lui explique-t-elle, tous les bruits sont interdits, nos vacanciers doivent respecter le calme et la nature, c’est une aire protégée, d’autant plus que certaines espèces de flores et de faunes marines sont réapparues, y compris des oiseaux qui reviennent ici à l’Anse Kouali, ajoute-t-elle, chaque client doit respecter le règlement intérieur, tenez votre derbouka et nous vous remercions de votre visite», conclut-elle. Monsieur Boumeroura est un manager d’une école.

Il répond à nos questions, «nous avons trois écoles, World School à Douéra, Model School à Khraïcia et Archimed School à Draria, nous dit-il, c’est notre seconde visite ici au site Kouali, nous avons ramené déjà 130 élèves et aujourd’hui 90 élèves sont présents, indique-t-il, il s’agit de sorties pédagogiques pour nos écoliers, afin de les éduquer et leur inculquer la préservation de l’eau de mer, de l’eau douce, l’entretien des nappes, en fait, nous parlons de l’eau d’une manière écologique et le site s’y prête pour nos cours, et nos élèves profitent de leur journée au milieu de cet espace naturel magnifique», conclut-il.

La tarification pour accéder à l’Anse Kouali semble susciter quelques commentaires malsains chez des personnes habituées à nager dans les eaux troubles, allant jusqu’à vouloir provoquer des troubles à l’ordre public à l’entrée du site. Il y a des individus qui sont en embuscade. Ces «hommes» ne cessent de harceler stupidement les deux femmes à travers leurs «envoyés spéciaux», bien que celles-ci soient pourvues de documents officiels sur la concession de l’Anse Kouali.

Ces habitués du désordre sont démasqués. Ils veulent décourager les bonnes femmes écologistes afin de les inciter à abandonner leur projet. La conseillère juridique de la Sarl Akoualina est armée de moult arguments pour descendre en flammes les aventuriers sans scrupules.

Il y a lieu de préciser, selon l’avocate, que l’accès dans un complexe touristique du secteur public tout proche de l’Anse Kouali est fixé à 2500 DA, alors que les terrains qui se trouvent à la plage du Chenoua, alloués par arrêté au profit des institutions de la République à d’autres opérateurs ne font pas l’objet de harcèlement abject de ces élus et responsables locaux. «J’ai de quoi répondre à ces détracteurs, suivant les textes réglementaires, mais je n’arrive pas à comprendre le comportement de ces élus, je le trouve grave», nous précise Me Titaouine Amel.

«Nous avons investi beaucoup d’argent pour réhabiliter l’Anse Kouali, déclare l’une des femmes responsables, naturellement nous attendons le résultat de nos investissements à long terme, nous faisons ce que nous aimons depuis deux années, protéger l’environnement, c’est une aventure que nous menons ici à l’Anse Kouali, une aire protégée, nous mettons en pratique nos connaissances et nos expériences», nous explique Nawel.

Le tarif d’accès pour un adulte est affiché à 1800 DA/jour, la gratuité est accordée pour un enfant âgé de moins de 5 ans et enfin le tarif de 500 DA est destiné aux enfants agés entre 6 et 15 ans. Akoualina, propose un tarif de 1000 DA par personne si le groupe de famille est composé de plus de 5 personnes. Chaque client a droit à un pouf ou une chaise longue et un parasol.

Ces tarifs sont réduits de 50% pour les familles qui viennent au-delà de 17h30. Les prix proposés pour la vente de glaces, boissons chaudes et froides, fast-foods sont similaires à ceux pratiqués en ville. Boudjellali Kamel, vice-président de l’APW, rencontré fortuitement à la sortie de sa visite au site de l’Anse Kouali, précise que sa visite s’inscrit dans le cadre de ses prérogatives en sa qualité de président de la FNJE (Fédération nationale des jeunes entrepreneurs) de la wilaya de Tipasa.

Il nous déclare : «Je ne reconnais plus le site que j’avais connu dans un passé récent, je me suis permis d’emprunter le sentier écologique, sincèrement le site de l’Anse Kouali depuis sa prise en charge par Mme Amel Aït Assa et ses deux associés s’est méramorphosé dans le bon sens. Il est devenu agréable, surtout fréquentable pour les familles, sécurisé, calme et réglementé.

J’ai senti qu’une discipline a été instaurée par les deux gérantes des lieux afin que le respect envers la nature et les estivants ne soit pas un vain mot, dit-il. Maintenant, pour les perspectives de la FNJE après la visite sans protocole de notre délégation à travers l’ensemble des espaces du site, nous projetons de développer l’entrepreuneuriat entre la Sarl et la FNJE, pour encourager les jeunes entrepreneurs qui travaillent dans les activités liées à la vocation environnementale et touristique, tout en respectant strictement la nature et la mer.

Nous allons discuter d’un projet de partenariat afin de créer la richesse à partir des potentialités naturelles disponibles et des capacités créatives de jeunes adhérents de la FNJE de notre wilaya, dans le but de contribuer à l’essor de l’écotourisme dans la wilaya de Tipasa. Mais je dois franchement féliciter les deux femmes pour leur travail accompli dans l’Anse Kouali, ayant abouti à la réhabilitation de ce site, devenu une autre destination pour les familles algériennes en quête d’évasion et de repos, qui ne cachent plus leur bonheur aux côtés de leurs proches.»

En dépit de l’adversité et d’un acharnement sournois pratiqué par des «élus» et des «baltaguis», deux Algériennes fières et tenaces, grâce à leur doigté, ont su créer une destination de rêve à l’adresse des estivants pour cet été 2019, histoire de donner aussi des idées aux investisseurs qui hésitent à s’engager dans l’écotourisme, un secteur créateur d’emplois et de richesses, tout en respectant l’environnement, le littoral et la mer.


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