Grandiose !



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Les héros du Caire font leur come-back. L’équipe nationale de football, sacrée vendredi soir championne d’Afrique après avoir battu le Sénégal en finale de la CAN-2019 en Egypte sur le score d’un but à zéro, est arrivée à l’aéroport international d’Alger, hier vers 14h.

Les Fennecs ont eu un accueil triomphal, à la hauteur de leur exploit réalisé au pied des pyramides. Des milliers de supporters qui ont cru en eux depuis le début de la compétition, les ont attendus, dès le début de la matinée, à l’aéroport et tout le long du chemin qui les a menés vers la place du 1er Mai.

Les fans des Verts ont, en effet, attendu des heures et des heures sous un soleil de plomb l’arrivée des camarades du capitaine Ryad Mahrez et leur coach Djamel Belmadi qui entre dans l’histoire du foot algérien par la grande porte en offrant au pays sa deuxième étoile africaine.

Un sacre qui a fui la sélection nationale depuis 29 ans, puisque le premier trophée a été gagné, à domicile, en 1990. De l’aéroport au centre-ville, en passant par l’avenue de l’ALN, les Algériens se sont massés aux abords de la route pour attendre les héros qui ont réussi à ramener la «kahloucha (la brune, nom donné à cette Coupe d’Afrique par les supporters)» une deuxième fois en Algérie. Pour eux, la journée d’hier était un prolongement du défilé de la veille qui a eu lieu, juste après le coup de sifflet final, à Alger et sur l’ensemble du territoire national.

Plus de trois heures pour arriver au centre-ville

Drapés de drapeaux algériens, les supporters, dont certains ont fait le déplacement de plusieurs régions de l’intérieur du pays, ont tenu à voir de près leurs nouvelles idoles. Des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes et même des chérubins se sont mobilisés pour organiser la haie d’honneur au gardien M’bolhi et ses 23 compagnons.

A bord d’un bus aménagé, les joueurs ont exhibé sur les 17 km qui séparent l’infrastructure aéroportuaire de la place du 1er Mai. Tour à tour, les Mahrez, Halliche, Bennacer, le nouveau venu en sélection, Delort, et leurs coéquipiers brandissaient le trophée devant les foules de supporters qui les ont suivis, à pied, tout le long de l’itinéraire emprunté.

«One, two three, viva l’Algérie», répliquent les fans à chacun des gestes des joueurs, qui ont effectué la parade sous une forte escorte des différents services de sécurité. Ces derniers ont été, toutefois, débordés par l’impressionnante foule qui a même retardé l’avancée du bus transportant l’équipe nationale.

Il a fallu plus de trois heures pour pouvoir atteindre le point d’arrivée. L’avenue de l’ALN, qui mène vers Alger-Centre et la place du 1er Mai, était noire de monde depuis 14h. Des marées humaines, impatientes de voir ceux qui leur ont rendu le sourire perdu depuis plusieurs années ont déferlé sur la route moutonnière menant vers l’est de la capitale. Elles ont complètement obstrué la circulation automobile.

Des dizaines de personnes sont montées sur les différentes passerelles pour tenter d’immortaliser l’événement en prenant des photos et des vidéos à l’aide de leurs smartphones. «J’ai dû parcourir plusieurs kilomètres à pied. Je suis venu de Koléa (35 km à l’est d’Alger). Moi et mes amis avons suivi l’hélicoptère de la police.

On croyait que les joueurs étaient déjà arrivés à Alger», affirme un jeune, arborant un emblème et vêtu d’un maillot des Verts. Deux autres jeunes déclarent avoir fait le déplacement de Biskra, 400 km au sud-est du pays, pour assister à ce moment. Ce n’est que vers 17h15 que le bus tant attendu arrive.

Il est précédé d’abord de quelques véhicules officiels qui ont été hués par les présents qui n’ont pas manqué de reprendre les slogans du hirak. «Klitou leblad ya saraqine» (Vous avez tout pris, bande de voleurs), lancent-ils à leur adresse.

Liesse populaire au rythme de la révolution

A la vue du bus de l’équipe nationale, c’est l’explosion de joie. Les supporters acclament chaleureusement les joueurs et scandent, à tue-tête, des «Viva l’Algérie». Les scènes de joie sont alors indescriptibles. On court dans tous les sens et on tente par tous les moyens de se rapprocher du bus pour arracher ne serait-ce qu’un sourire d’un des artisans de cette victoire.

Cette liesse populaire a eu lieu, cependant, au rythme de la révolution du 22 février contre le système et tous ses représentants. Les supporters n’ont pas, en effet, oublié le hirak en reprenant une grande partie des slogans scandés lors des marches.

«Djebna l’kahloucha, mazel lahnoucha» (Nous avons gagné la Coupe d’Afrique, il nous reste à battre les serpents au pouvoir), «Mazel el îssaba, mazel, mazel» (Il nous reste encore la bande) et «Leblad dyalna wa n’dirou rayna» (Le pays est le nôtre et nous sommes libres de faire ce qui nous souhaitons), lancent des supporters, qui tiennent ainsi à rappeler que le football ne leur fera pas oublier le combat pour la liberté.

Certains joueurs de l’équipe nationale ont d’ailleurs soutenu cette approche en considérant, comme l’a précisé Adlène Guedioura, «la victoire en finale de la CAN comme une forme de hirak, similaire à celui du peuple qui manifeste depuis cinq mois dans tout le pays».


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