Manu Dibango

 Un bâtisseur de ponts entre l’Afrique et l’Occident



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A 85 ans, «Manu» n’a pas changé. Débordant d’énergie, chemise multicolore et rire communicatif, l’«Afro-Européen» né au Cameroun, reste lucide sur son succès. «Chacun a son karma. C’est un ensemble, une addition de beaucoup de bonnes et mauvaises choses.

Il faut faire face à l’échec comme au succès. Il faut toujours surnager». Le matin, je me dis : «Tiens, je suis encore en vie et qu’est-ce que je vais faire.» Mon problème c’est : «Quel est mon programme?» Ce n’est pas : «Ah hier, c’était formidable, la nostalgie…», confie-t-il à l’AFP, avant un concert au Festival Jazz In Marciac, dans le sud-ouest de la France, dont il est un habitué. Pas de nostalgie donc, même quand on est l’auteur d’un des plus grands tubes planétaires de la musique africaine, avec Soul Makossa (1972).

Etonnant destin pour cette face B d’un 45 tours, dont le titre phare était un hymne pour l’équipe de foot du Cameroun à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) à Yaoundé. Repéré par des DJs new-yorkais avant d’être plagié par Michael Jackson sur un titre de l’album Thriller : «ça n’avait pas été tellement fait dans les règles», mais un accord financier a été trouvé. Et «cela a fait revivre la chanson, c’est devenu un standard» aujourd’hui repris par «beaucoup de gens, Rihanna, et tout dernièrement Beyoncé».

Papa Manu aurait pu ne jamais se relever d’un tel succès planétaire. Mais il a au contraire promené sa grande silhouette à travers les époques en puisant à différentes sources, du reggae au rap en passant par la musique électronique, imposant son style inimitable entre rythmes traditionnels de l’Afrique centrale et notes jazzy plus contemporaines. Né dans une famille protestante du Cameroun, ce précurseur de la World Music a intégré dès son enfance des influences très diverses.

«Mon oncle paternel jouait de l’harmonium, ma mère dirigeait la chorale. Je suis un enfant élevé dans Alléluia. Ça n’empêche que je suis africain, camerounais et tout ça.» «J’ai l’harmonie des Bach et des Haendel dans l’oreille avec les paroles camerounaises. C’est une richesse de pouvoir avoir au minimum deux possibilités. Dans la vie, je préfère être stéréo que mono», dit-il. Envoyé par son père dans une famille de la Sarthe (ouest de la France) dès l’âge de 15 ans, Manu Dibango a davantage vécu en Europe qu’en Afrique. Pas question pour lui de se laisser enfermer dans une case.

«Je suis simplement un gars qui est musicien, ni musicien européen, ni africain. Je suis musicien d’origine africaine.» «La musique, il ne faut pas la mettre en prison. Beaucoup de gens écoutent la musique avec des œillères», ajoute le génial saxophoniste. «Car forcément, les gens fantasment sur vous. Vous êtes musicien africain, donc vous jouez du djembé, du balafon, de la kora. Si vous jouez du saxo, oups, c’est plutôt noir-américain, vous n’êtes déjà plus tellement africain dans la tête de certains.» «Et si en plus vous jouez du piano, alors vous êtes mal barré et pourtant il y a des pianos dans tous les hôtels en Afrique. 


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