l'Aïd à Ghardaïa

Les malades livrés à eux-mêmes dans un hôpital pédiatrique



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Les Ghardaouis ont célébré la fête de l'Aïd-el-Adha, alors qu'au sein de l'hôpital pédiatrique Gueddi-Bakir les services de santé spécialisés dans le traitement des accouchements enregistrent de grandes carences.
Malgré l'enveloppe financière mise à la disposition du secteur de la santé par les pouvoirs publics, d'énormes lacunes sont constatées au sein de cette structure hospitalière.
Conditions inhumaines de prise en charge, de suivi des grossesses, mauvais accueil, manque d'hygiène, absence d'équipements nécessaires à son bon fonctionnement et d'un personnel médical spécialisé, telles sont les regrettables caractéristiques de cet hôpital.
D'une capacité de 30 lits seulement et destiné à assurer une couverture sanitaire en matière d'accouchements à la population du chef-lieu de wilaya, cet hôpital pédiatrique se morfond dans la désolation totale par manque de moyens matériels et humains, de gynécologues et d'infirmières performantes.
Parmi les nombre aux aléas auxquels sont exposées les patientes obligées de passer par la maternité de cet hôpital, il y a notamment le très mauvais traitement de la part des médecins, le manque flagrant d'hygiène à l'intérieur des chambres, où il y a des fuites d'eau émanant des climatiseurs, et l'inexistence d'éclairage dans les salles d'eau. Une situation malheureuse dont les malades sont otages.
Cependant, par sa nature de structure spécialisée en pédiatrie, cet hôpital est très mal géré et surutilisé, faute de sages-femmes en nombre suffisant et de matériel approprié. Parmi les autres lacunes constatées au niveau de cet établissement, le seul de cette envergure dans le chef-lieu qui reçoit aussi des malades d‘autres wilayas voisines, il y a lieu de relever des carences dans l'accueil par le personnel de service.
Dans une déclaration à la presse, une malade qui préfère garder l'anonymat et que nous avons pu aborder dans sa chambre surchargée et une mare d'eau sur son parquet, nous confie avec beaucoup de tristesse : « En ce jour de fête de l'Aïd El-Adha, contrairement à toutes les familles algériennes, nous avons vécu un vrai calvaire. Comme vous le constatez, il est 14h45, jusqu'à présent nous n'avons eu droit ni au petit-déjeuner ni au déjeuner ». Interrogée, une serveuse qui s'amène avec un plateau de couscous à la main nous crachote : « Je suis seule depuis ce matin et la moitié du personnel de l'hôpital est absent »
Devant ce déficit dans la gestion doublé d'une insuffisance de motivation et de conscience professionnelle caractérisée chez les personnels de service, où souvent les intérêts personnels prennent le pas sur les besoins de ces pauvres malades, nous avons en vain tenté de joindre le chef de garde. Un gardien, à partir de sa loge, nous rétorque : « ssIl est sorti. »
Quoi qu'il en soit, l'ensemble de la société civile de la ville de Ghardaïa dénonce cette "inertie évidente" de la direction de la santé de la wilaya dans la gestion de cet hôpital. Et annonce qu'il est temps de hausser le ton pour tenter de faire bouger les choses. Jusqu'à aujourd'hui, en dépit de nombreuses requêtes formulées par des citoyens sur cette inquiétante situation, aucun des engagements pris n'a été tenu par la direction de la santé pour améliorer les choses au sein de cet hôpital pédiatrique.
« Nous allons dans les jours à venir envisager une action de contestation sur l'imperfection de cet hôpital et cela risque d'être très dur », annonce Si Omar, qui attendait impatiemment dans le hall l'accouchement de son épouse. Avant de conclure : « Des actions coup-de-poing" seront envisagées pour qu'enfin les promesses faites par la Direction de la santé de wilaya et le ministère soient suivies d'actes concrets quant à l'amélioration de la gestion, de l'hygiène, ainsi que des conditions de prise en charge des patientes appelées à accouche a la maternité de cet l'Hôpital.
Ghardaïa, Aïssa Hadj Daoud


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