Du vide constitutionnel de fait à la dictature militaire de coulisses



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Par Youcef Benzatat – Bensalah est le ministre de la Défense, puisqu’il est le président de l’Etat par intérim, alors que Gaïd-Salah n’est que le vice-ministre de la Défense. Pourquoi alors c’est Gaïd-Salah qui commande et qui donne les ordres à Bensalah et qui s’exprime au nom du chef de l’Etat et au nom du ministre de la Défense ? Il y a là une suspension flagrante de la Constitution par cette usurpation de la fonction présidentielle, qui induit un vide constitutionnel de fait.

De quel vide constitutionnel nous parle-t-il donc, lorsqu’il «convoque» des présidentielles ? Est-ce celui où Bensalah a consommé ses trois mois d’intérim constitutionnels ou celui où lui-même, Gaïd-Salah, le vice-ministre, ne peut plus usurper la fonction de chef d’Etat par intérim ? Si on doit prendre en considération son obstination à maintenir les élections présidentielles, on comprend bien alors qu’il voudrait continuer à commander l’Algérie sous un régime démocratique de façade, pour pouvoir exercer en coulisses sa dictature militaire, après avoir fait élire un président à sa convenance. On comprend aussi pourquoi il ne veut pas que le peuple prenne l’initiative d’organiser lui-même ces élections présidentielles.

De toute évidence, la feuille de route du commandement de l’armée, qui veut des élections présidentielles pour élire son représentant pour le servir et constituer une façade démocratique, s’oppose à la volonté du peuple qui voudrait organiser lui-même librement ces élections pour élire dans la transparence ses représentants et permettre l’avènement d’une justice indépendante, synonyme de poursuites tous azimuts des membres de ce système, civils et militaires, coupables des pires crimes contre la nation, son Etat, ses biens et son peuple.

Une rétrospective historique sur les mécanismes de prise du pouvoir en Algérie nous démontre qu’à chaque cycle de modification du commandement de l’armée, ils sont nombreux les candidats à postuler à un rôle dans ce commandement, et ne parviennent que ceux qui sont disposés à protéger l’hégémonie de l’armée sur la société.

C’est ce que nous vivons aujourd’hui. Gaïd-Salah est en campagne pour protéger l’hégémonie de l’armée sur la société. Mais, cette fois-ci, les choses ne semblent pas aller comme à l’accoutumée. Le peuple est dans la rue et réclame la fin du régime militaire. Ce qui pose un véritable casse-tête pour le commandement de l’armée. Pour l’heure, tant qu’il a le dessus, il use de toutes les ruses à sa portée pour mettre fin à la mobilisation du peuple. Lutte sélective contre la corruption, promesses d’élections propres, soutien sournois à la mobilisation populaire, brandissement grossier de la main de l’étranger, en même temps, il distille menaces et intimidations contre tous ceux qui osent entraver l’action du commandement de l’armée. Lorsqu’il aura épuisé ses ruses et au fur et à mesure que la colère des citoyens monte, le ton de l’intimidation et de la menace devrait franchir une étape significative pour être suffisamment dissuasive.

A ce jour, on constate déjà, au fur et à mesure que le peuple s’oppose de plus en plus fermement et frontalement aux élections présidentielles que Gaïd-Salah cherche à imposer, que la répression monte crescendo, de plus en plus violemment et de plus en plus massivement.

Dans son discours du 20 mai, Gaïd-Salah avait brandit ouvertement la menace de représailles contre tous ceux qui s’opposeront aux élections qu’il avait programmée pour le 4 juillet. La menace visait en vérité tous ceux qui résistent à la dictature militaire et militent pour un Etat civil, un Etat de droit, un Etat véritablement démocratique et qui rejettent en bloc son ingérence dans la vie politique de la nation.

Si on analyse tous ses discours dans l’ordre, on constate que ses menaces se précisaient et s’aggravaient de semaine en semaine, jusqu’à en devenir l’unique contenu. Dans les jours et les semaines à venir, on peut s’attendre à des arrestations massives pour décourager et dissuader les plus déterminés à résister à son coup de force contre la Révolution en cours.

En face, le peuple n’a pour arme que la détermination dans sa résistance pacifique et la domination de la peur comme seule stratégie. Il est conscient que toute Révolution requiert des sacrifices, car c’est le prix à payer pour se libérer de ce régime dictatorial et cynique qui lui confisque son pays et prend en otage son destin. C’est pourquoi il sait qu’il n’a plus le droit de faire marche arrière, jusqu’au triomphe de la Révolution et la neutralisation de ce système pour qu’il ne puisse plus continuer à nuire au peuple.

Y. B.

 


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