Seif Islem Benattia. Médecin maître-assistant, Mastère en droit, activiste politique

«Sans liberté, sans préalable ni garantie»



...

«Les querelles ne dureraient pas longtemps si le tort n’était que d’un côté.»   La Rochefoucauld

 

Un vent de fraîcheur et de jeunesse est venu nous bercer à la faveur de cette révolution pacifique, nous rappelant que la vie n’est pas que du vent ! Pourtant ce vent-là a drainé des kyrielles de compétences avérées, des valeurs insoupçonnées, dont le mérite est d’avoir démythifié certains dinosaures sûrs d’eux-mêmes, et éclairé bien des lanternes !

C’est au cours d’un débat télévisé que nous avons pu découvrir ce jeune médecin, maître-assistant, mastère en droit, qui manie donc aussi bien le scalpel que le Dalloz. Qui ne se souvient de ce duel épique, qui a largement tourné à l’avantage de notre jeunot, alors que la révolution balbutiait, qui l’a mis aux prises à l’octogénaire Lakhdar Brahimi, défenseur zélé du Président déchu, chargé de vendre un 5e mandat, après avoir piteusement menti sur la santé déclinante de son mentor durant des mois. Islem se souvient bien de cette séquence.

«C’était au début du hirak. J’étais invité par une chaîne privée, au même titre que Nacer Djabi et une militante de Jil El Jadid. Sur place, on a dû patienter jusqu’à l’arrivée d’un participant non prévu. C’était Lakhdar Brahimi. On était tous surpris par cette présence. Moi, j’étais résolu à transmettre le message de la jeunesse algérienne à ce système liberticide qui, pendant deux décennies, est resté sourd à nos appels. Le débat était sur cette base. Moi, j’étais venu défendre mon pays et sa jeunesse, alors que mon interlocuteur était missionné pour tenter de sauver un système moribond sur le point de s’écrouler.»

La réplique d’Islem a été implacable, juste et argumentée, de quoi laisser son vis-à-vis sans voix, déstabilisé et dubitatif.

Parcours parfait pour ce jeune homme, né en 1988 à Cherchell, et qui peut se targuer de bien connaître son pays, puisqu’il l’a bien sillonné, au gré des mutations de son père : Batna, Béjaïa, Alger, Illizi, Béchar, pour se fixer définitivement dans la capitale, où il a décroché, au lycée Didouche Mourad de Saïd Hamdine, son bac sciences, en 2005, avec mention, pour faire médecine, et l’année suivante, le bac sciences humaines, pour faire droit.

Actuellement, il est maître-assistant à la faculté de médecine d’Alger, alors qu’il est en passe de soutenir un master en droit privé. Difficile d’allier les deux. «J’ai fait des sacrifices et sûrement des efforts supplémentaires. Sans dégâts, puisque je n’ai pas eu à subir de rattrapage. Si j’ai réussi, c’est parce que j’ai aimé ce que je faisais», tranche-t-il, serein.

Un jeune engagé

De son parcours professionnel, Islem tire une certaine fierté. «J’ai eu la chance d’exercer dans une polyclinique de Baraki et dans un CHU. De ce fait, je connais bien les structures de base et les grands hôpitaux. Ma conclusion est que notre système de santé est bien malade. Il faut tout revoir. Personne n’est content, ni les personnels ni les praticiens, encore moins les patients. On est encore au mode bricolage, alors qu’ailleurs on en est au marketing de la santé  !»

Jeune de conviction, de sincérité, hors des marécages politiques, Islem est un homme pragmatique, cartésien, qui cache en fait un militant accompli, qui s’est déjà soulevé contre l’ordre établi. «Lorsque Bouteflika, à la santé dégradée, avait annoncé sa candidature au 4e mandat, j’ai senti cela comme une humiliation, une atteinte à la dignité des Algériens. C’est pourquoi nous avions manifesté à la Fac centrale et tenu des sit-in. Mais le peuple, traumatisé par les suites des scénarios catastrophe du Printemps arabe et de la propagande qui s’en est suivie, est rentré dans ses petits souliers. Il n’était pas encore prêt à se soulever.»

Comment alors a-t-il pu le faire cette fois-ci ?

«Le 22 février dernier, j’ai vu les appels sur les réseaux sociaux. J’ai partagé. Le jour J, j’ai cru rêver quand j’étais en train de marcher aux côtés de milliers de citoyens enthousiastes et heureux. Une véritable renaissance, dans une ambiance de fête colorée et pacifique. Pour nous les jeunes, c’étaient des moments historiques !»

Les choses vont s’emballer par la suite et Islem s’affirme comme un leader, ses prestations à la télé l’ayant définitivement consacré.

Son implication dans le hirak était telle qu’il en était devenu un élément très visible. D’où cette manière peu cavalière d’un certain Araar, président de la société civile (?) pour le changement, de glisser le nom d’Islem dans sa composante sans l’informer. «J’ai déclaré sur une chaîne privée que le président en question ne m’a jamais contacté. Par contre, j’ai été approché par un représentant de la Présidence, ou du pouvoir réel, pour participer au dialogue.

Dans l’absolu, j’ai accepté, car le dialogue est une manière civilisée de dépasser les situations difficiles. On s’est rencontrés dans un lieu public. Je voulais poser les préalables exigés par le peuple, à savoir ‘‘l’ouverture médiatique, la libération des jeunes arrêtés à cause de l’emblème amazigh, la souveraineté et l’indépendance du panel’’.

En précisant que le dialogue ne doit pas se borner aux élections, mais à toute la crise qui frappe notre pays depuis des années. Et que le panel est là pour ouvrir tous les chantiers sans exclusive. Quand j’ai demandé la composante, il m’a orienté sur Karim Younès. On s’est réunis avec ce dernier, Nacer Djabi, Smaïl Lalmas, Benabbou et moi-même. Il a pris rendez-vous avec M. Bensalah. Djabi et moi avions considéré que c’était prématuré, en tout cas que ce n’était pas encore le moment.

Voix du peuple, voix de Dieu

Notre idée était de renforcer ce panel avec des personnalités crédibles qui font consensus, en tenant compte de l’équilibre régional et de la sensibilité islamiste. On a demandé à M. Younès d’aller voir le chef de l’Etat pour avoir des garanties écrites. Cela n’a pas été fait. Pire, le discours de Gaïd Salah a annulé tous les préalables annoncés par Bensalah, qui n’a pas réagi.

Nous étions dans notre rôle et l’histoire nous a donné raison  ! Nous étions en phase de discussions, donc il est faux de dire que je me suis retiré, puisque je n’y suis jamais entré ! Cela n’a pas abouti à quelque chose de sérieux. Le début est mal entamé. La fin est connue. C’est un peu ce qu’a déclaré le vieil avocat Ali Yahia Abdennour, en exhortant les parties à explorer d’autres voies pour aller dans le sens des revendications du hirak.»

«Je suis entièrement d’accord avec lui. Ce panel va dans le mauvais sens pour deux raisons : il n’est représentatif ni des jeunes ni du hirak. Ensuite, il y a beaucoup d’interrogations sur certaines personnes, plus proches du 5e mandat que de l’opposition, la souveraineté du panel est en cause. Ses décisions ne présentent aucune force, ni pour les adopter, encore moins pour les appliquer, en l’absence de garanties.

Pour cela, il faut dépasser cette façon de mener le dialogue et aller vers un gouvernement de consensus qui aurait le pouvoir d’appliquer les résolutions de ces conclaves. L’avenir immédiat est parsemé de risques et de menaces. Le spectre de la désobéissance civile plane sur les têtes.» «Dès le début, le hirak a refusé d’avoir des représentants, préférant rester dans le schéma horizontal. Alors imaginez une désobéissance sans tête ! Ce serait dangereux et ça ferait le jeu du système.»

Pour une nouvelle Algérie

«Pour ma part, j’estime qu’il faut s’attacher à sauvegarder le pacifisme du hirak et essayer de développer d’autres moyens, pour exprimer l’intelligence de ce mouvement. Ce que je suggère, c’est une élection avec le maximum de garanties. Une période de transition avec un président provisoire. Discuter aussi de la Constituante. Discuter des élections sans garanties et leurs conséquences.

Enfin, seul le dialogue sincère, clair et net, peut mener vers la voie la plus rapide en direction d’une démocratie réelle, dans un pays sécurisé. Pour cela, il faut des compromis. La rentrée sociale très prochaine nourrit aussi de sérieuses inquiétudes», estime-t-il encore.
«Pour rétablir le calme et la sérénité, il faut que le gouvernement Bedoui – qui n’a réussi ni économiquement ni politiquement – parte. Cela permettra d’apaiser les esprits.»

Le FFS suggère de prendre exemple sur le Soudan. Est-ce une solution réaliste ?

«Il n’y a aucune comparaison. Pas vraiment de points communs. L’armée soudanaise n’est pas aussi professionnelle que la nôtre. Chez nous, il n’y a pas de coup d’Etat. On n’est pas dans la même configuration. On a dépassé cette étape de partager le pouvoir. Pour nous, il s’agit de reconstruire des institutions à travers des élections transparentes et de dépasser les craintes ressenties, aussi bien par les militaires que par les civils. Moi, je suis optimiste par rapport à plusieurs points.»

C’est la première fois, dans l’histoire du peuple algérien, que le citoyen participe à des manifestations politiques, loin des revendications sociales liées à la cherté de la vie.
Le sujet politique est devenu l’une des priorités du citoyen algérien. Ce qui donne l’espoir de voir l’émergence d’une nouvelle classe politique.

Le système, depuis le 22 février, est en train de produire des échecs répétés sur le plan politique, dès lors que tous les dialogues auxquels il a appelé ont échoué.
Le peuple a annulé les élections du 4 juillet dernier.

Le panel est refusé même par les partisans du système, qui a perdu le peu de crédibilité à travers ses partis d’allégeance et l’UGTA qui jouaient le rôle d’intermédiaires entre le pouvoir et les citoyens. La perte de cette carte a paralysé politiquement le système. La lutte contre la corruption doit être poursuivie. On se félicite de cette bataille judiciaire, mais on ne voit rien venir sur le plan politique. Et c’est là que le bât blesse…

 

 

Parcours

Seif Islem est né le 26 janvier 1988 à Cherchell. Ses études,il les a faites au gré des mutations de son père. C’est pourquoi notre jeune a bourlingué et s’est établi pour des périodes plus ou moins longues dans différentes villes d’Algérie. Il a obtenu son bac en 2005, à Alger, où sa famille s’est établie. Après le bac sciences,il passera l’année suivante un autre bac pour pouvoir faire des études de droit dont il est diplômé. Islem est marié depuis près d’une année.


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