Aïta, le titre testamentaire déchirant de Rachid Taha

« Moi, je m’en suis allé mais manwalich(*)»



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Bonnes nouvelles pour les fans de la popstar, le regretté Rachid Taha. Deux nouveaux titres issus de son album posthume Je suis Africain produit avec brio par Toma Feterman, leader de la formation La Caravane Passe, sortant le 20 septembre 2019, ont été mis en ligne sur la plateforme Youtube. Aïta et Like A Dervish

Après l’afro- maghrébin beat remuant du premier titre éponyme Je suis Africain dévoilé en juin dernier, nous découvrons avec bonheur deux titres aussi poignants qu’émouvants de Rachid Taha. Une chanson testamentaire. Depuis, là-haut, où il se trouve, il nous lance un nouveau message à rebours de Ya Rayah, du grand maître de chaâbi Dahmane El Harrachi qu’il a internationalisé, prédisant inévitablement le retour de l’exilé. Le dernier mot  de Rachid Taha : un départ définitif. La ballade pop manouche, balkanique, gypsy et punky très triste. Il évoque l’exil mais en fait celui des migrants en quête d’espoir , de survie, de liberté, qui ne reviendront jamais par opposition à Ya Rayah. Une vérité générale prévalant actuellement. Rachid Taha, jusqu’à la fin de sa vie, sans pléonasme, disait vrai. Le contexte n’est plus le même. Autre temps, autres mœurs(tu meurs). Et puis, Rachid Taha, prémonitoirement, parle de sa propre mort : aller et ne plus revenir.
Les paroles d’Aïta( entendre «  il y a tant de gens » et « cri » sont déchirantes : « Je m’en suis allé, je suis parti voyager/ Je suis fatigué, je ne reviens plus/ j’ai visité les pays emplis/ je suis parti, parti, je ne reviens plus/aïta nass, ils sont nombreux à s’enfuir d’ici/ ils sont tant en exil/ dans les pays emplis, en Europe, souffrants, perdus/ ils vivent zawalias( dans l’indigence)/ dans la misère, perdus/ ils ont traversé les mers/ il y a ceux qui sont arrivés et d’autres qui ont péri/ untel a de la chance/ l’autre, il a été emporté par la mer/ aïta nass harbou mena ou machaw(ils sont nombreux à s’enfuir d’ici, ils sont partis/ ils ont besoin de bonheur/ils ont besoin de liberté/ ils sont partis en voyage/ ils sont fatigués, fatigués/ils ne reviendront pas/ leur cœur est triste/ils ne reviendront pas/ aïta nass harbou mena/ exilés / ya rayah win msafar trouh taâya ou twali( ô voyageur, tu t’en vas mais tu reviendras)/ana rouht ou manwalich( moi, je m’en suis allé mais je ne reviens pas)/ man walich, man walich/ » (traduction d’El Watan).
Toma Feterman,chanteur, auteur-compositeur, multi-instrumentiste et producteur de l’album Je suis Africain- il a déjà collaboré avec Rachid Taha sur le titre Baba avec son groupe la Caravane passe-confiera à El Watan propos du poignant titre testamentaire Aïta : «  Oui, Aïta, c’est un titre particulier. Rachid le refusait au dèbut. Puis il a fini par l’aimer. Et il a trouvé une idée le dernier jour de l’enregistrement en studio du texte. Il a tout changé sur un coup de tête. Il a eu la géniale l’idée de faire une réponse à Ya Rayah en disant « ils(les exilés) ne rentreront jamais chez eux ». ».
Like A Dervish( comme un derviche), est un beau pop-rock très gnawi, electro avec des ponctuations orientalisantes. Un titre incisif et surtout extatique du gumbri aux cordes basses dont le texte est en anglais, arabe et français : “This is my first song in English(c’est ma première chanson en anglais/ wallah wallhah, je sais que je triche/ my English is not so rich(mon anglais n’est riche) / I wanna turn like a dervish( je veux tourner comme un derviche)/ turn around the world( faire tourner le monde), give me bakchiche( donne-moi du bakchiche( / slim like a dervish( svelte tel un derviche)/ wallah wallah maâliche( je jure au nom d’Allah, ce n’est rien/ je marchais, je volais, je planais/ fast, fast like a comet( plus rapide qu’une comète/ I can see for miles( je peux voir à des miles/ and Miles Davis/ where is Elvis, looking for my oasis?( où est Elvis, pour mon oasis/ je triche, de temps en temps/ je m’en fiche de temps en temps/ maâliche de temps en temps/ wallah je suis le derviche Tourneur/ tahya meddahate( vive les chanteuses traditionnelles de gasba, poésie chantée). ». Un derviche tourneur mais un derviche « détourneur » de ses convictions, un visionnaire, ce Rachid Taha. A méditer.

(*)je ne reviendrais pas

Aïta / Rachid Taha

Like a Dervish /Rachid Taha

Extraits de l’album « Je suis Africain » qui sortira le 20 septembre 2019. Écouter en streaming et précommander l’album


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