Elles sont accusées d’«atteinte à l’ordre public»

Une trentaine de personnes devant le procureur



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Une trentaine de manifestants ont été arrêtées vendredi et placées en garde à vue. La police s’est déployée en force en procédant à des arrestations avant même l’entame des marches sur les places fortes de la capitale (Audin, 1er Mai, Grande-Poste) et dans d’autres villes du pays, à l’instar de Annaba. Les citoyens arrêtés ont été «kidnappés» en plein jour, avant l’entame de la marche, par des policiers armés, alors qu’ils s’apprêtaient à participer à la 30e marche du mouvement pacifique.

Pour le moment, il n’y a aucune accusation, ni port du drapeau amazigh, ni atteinte à l’unité nationale ou au moral de l’armée, ni atteinte à corps constitué ou agent de l’ordre. Ils seront probablement accusés de «trop marcher à Alger», a précisé le Comité national pour la défense des détenus (CNLD) dans une alerte diffusée vendredi sur sa page Facebook. Les policiers auraient reçu l’instruction d’interpeller le plus de «meneurs», qui ont été conduits dans plusieurs commissariats de la capitale. «Les personnes arrêtées ont été conduites au commissariat de Cavaignac (Alger-Centre). Elles seront par la suite emmenées à Zéralda, à la périphérie d’Alger avant d’être reconduites à nouveau à Cavaignac. Les policiers de ce commissariat n’ont pas voulu les garder. Il a fallu la venue d’un officier de Zéralda pour les maintenir à Cavaignac», nous a confié la députée du RCD, Fetta Sadat.

Sit-in devant le tribunal de Sidi M’hamed

L’avocat Abdelghani Badi parle d’arrestations «ciblées» ayant touché les activistes appartenant à plusieurs tendances politiques participant au hirak. «Les arrestations de vendredi étaient méthodiques. Elles ont ciblé des personnes qui appartiennent à des partis ou des organisations politiques», constate-t-il. Des personnes arrêtées appartiennent au RCD, au FFS, au RAJ, au mouvement Rachad…

Parmi les personnes interpellées identifiées par les avocats, il y a lieu de citer Abbas Sami, Khiredine Medjani, Bachir Arhab, Wafi Tigrine, Mohamed Semallah, Réda Amreud, Boualem El Ghaz, Rédha Amroud, Chafik Daadai. Ces détenus doivent être présentés aujourd’hui devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed. L’accusation n’est pas le «port du drapeau amazigh», mais «atteinte à l’ordre public», précisent des avocats.

Le Rassemblement Actions Jeunesse, dont un militant est parmi les personnes interpellées, a «condamné avec force l’interpellation et la détention arbitraire» de citoyens, dont des militants, et s’élève contre «cette énième atteinte flagrante aux libertés individuelles et collectives, aux droits de manifestations et de rassemblement des Algériens». «Le RAJ continue la mobilisation pacifique pour la libération des détenus d’opinion, du camarade Wafi Tigrine et de tous les militants, et appelle à la solidarité et à être nombreux et nombreuses au rassemblement pacifique prévu dimanche 15 septembre à 10h devant le tribunal de Sidi M’hamed, rue Abane Ramdane, à Alger», précise le communiqué de l’association. De son côté, le Comité national pour la défense des détenus (CNLD) a appelé à un sit-in devant le même tribunal.


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