Le consultant Mohamed Sayoud

«Annuler la règle 51/49 ne suffit pas»



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Mohamed Sayoud, expert et consultant international en investissement industriel, a déclaré que la décision d’annuler la règle 49/51 sur les investissements directs étrangers devrait être suivie d’une série de mesures de facilitation, les mêmes lois s’appliquant aux investisseurs étrangers et algériens.

L’expert a souligné, dans une déclaration à Algeriepatriotique, que l’abolition de cette règle, qui est entrée en vigueur en 2009, facilitera l’acte d’investissement pour les étrangers, car elle les empêchera de chercher un partenaire algérien. Mais cela ne suffit pas, selon ce consultant en investissement, qui a précisé que les problèmes auxquels il serait confronté étaient nombreux, notamment l’absence de zones industrielles disponibles clés-en-main avec des hangars prêts pour la location à des prix raisonnables et la réduction au minimum des procédures bureaucratiques et le long délai d’attente pour obtenir une quelconque autorisation, permis de construire, dossier Andi ou autres formalités.

Dans ce contexte, il a affirmé qu’il était nécessaire, à l’avenir, de reconsidérer certaines formalités ou procédures requises pour l’investisseur étranger qui devra, estime-t-il, effectuer une étude technico-économique de son projet pendant dix ou quinze ans, au lieu de cinq ans comme il est exigé pour l’investisseur algérien, ce qui obligera à appliquer les mêmes lois pour tous les investisseurs.

L’expert a également évoqué les problèmes administratifs rencontrés par les investisseurs étrangers, notamment la longueur de l’étude des dossiers et la durée de l’achèvement du projet. «Les étrangers ne veulent pas attendre cinq ou six mois ou même un an pour obtenir une autorisation pour mener à bien leurs projets», a-t-il dit. «Nous devons réaliser que le poids des procédures est suranné pour eux, ils ne peuvent ni comprendre ni accepter la perte de temps, car ils vivent dans leur propre pays et dans la plupart des pays du monde avec une autre mentalité vu qu’ils donnent une importance primordiale au temps», a ajouté Mohamed Sayoud.

L’expert algéro-allemand explique que les investisseurs devraient trouver toutes les installations, en particulier pour la propriété industrielle, ce qui nécessite le traitement de zones industrielles répondant à tous les besoins et aux normes internationales afin de pouvoir démarrer un projet dans des délais brefs. «Ils n’auront alors qu’à placer les machines ou les lignes de production et commencer rapidement à produire», note-t-il, en relevant la nécessité d’abolir les ports secs, qui, selon lui, sont «un espace pour dévorer ou spolier une partie des devises qui seront transférés par les compagnies maritimes étrangères», affirmant que la solution réside dans «l’accélération des procédures de dédouanement des marchandises dans les ports ainsi que dans l’établissement de zones franches».

Pour Mohamed Sayoud, «bloquer les conteneurs pendant un, deux ou trois mois, comme c’est actuellement le cas, est une aberration. C’est inacceptable et très nuisible pour l’investisseur et le pouvoir d’achat car les frais de surestaries qui sont excessivement élevés en Algérie se répercutent sur le consommateur algérien». «Ceux qui refusent de l’abolir, s’habituent au monopole», insiste-t-il, tout en s’interrogeant, dubitatif : «Quels types d’investissements ont-ils été réalisés dans notre pays jusqu’à présent ? Considérons-nous vraiment que l’industrie des boissons, des pâtes, des biscuits, le fameux SKD CKD qui bénéficient de subventions de l’Etat et importe tous ses intrants, est un réel investissement ?»

«Les étrangers travaillent de manière sophistiquée et apportent une technologie et un savoir-faire qui contribue à la formation de la main-d’œuvre locale, comme ce fut le cas dans de nombreux pays, tels que la Pologne, le Vietnam, l’Ethiopie, etc., qui exportent maintenant pour des centaines de milliards de dollars par an», fait remarquer l’expert, en regrettant que l’Algérie n’ait pas encore «voulu profiter de la mondialisation comme le cas de beaucoup de pays qui étaient très vulnérables». Il cite des pays qui produisent pour le monde entier et de grandes marques internationales qui s’y sont installées.

L’Algérie, comme l’a souligné l’expert Mohamed Sayoud, présente de nombreux avantages, notamment sa situation géographique, qui lui permettent d’attirer les investissements étrangers. «Les investisseurs ont le savoir-faire et les clients pour l’export vers l’étranger et nous leur offrons une proximité avec le marché algérien», a-t-il rappelé. Quant aux secteurs stratégiques qui devraient rester soumis à la règle, ils sont, selon notre interlocuteur, «les gisements de pétrole et de gaz, les mines d’or, d’uranium et de diamants et l’armement». Les investisseurs étrangers peuvent exploiter les ressources naturelles, telles que les polymères qui sont produits à base de pétrole et génèrent une valeur ajoutée significative, suggère enfin le consultant en investissement Mohamed Sayoud.

M. K.

 


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