31e vendredi de manifestations populaires

Une régularité et des enseignements



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Le mouvement populaire du 22 février 2019 a confirmé vendredi dernier qu'il s'est s'installé véritablement dans la durée.

Le peuple algérien, en sortant lors du 31e vendredi pour des marches grandioses et à travers l'ensemble du pays, se veut affirmatif quant à sa « taghananet » et qu'il est décidé de ne pas faire machine arrière. Une manière de dire qu'il n'est pas question de céder sur ses revendications légitimes qu'il estime « pas totalement satisfaites ». L'ampleur des manifestations citoyennes dans leur acte « 31 » a été, également, une preuve concrète que le peuple, animé d'une grande envie de voir son pays se construire sur de bonnes bases, rejette toute feuille de route qui ne se conforme pas à ses revendications et que l'on veut lui imposer coûte que coûte.

Malgré l'intensification des mesures restrictives visant à fermer la capitale aux manifestants venant des autres wilayas, les marcheurs ont été encore plus nombreux à battre le pavé dans les grandes artères algéroises, faisant de ce 31e vendredi le théâtre d'une des plus imposantes manifestations qui a rappelé à plus d'un les marches du mois de mars et d'avril, lorsque le hirak avait atteint son summum. Aussi, la réponse était claire. Les Algériens veulent être maîtres de leur avenir et n'abdiquent plus devant les improvisations des tenants du pouvoir. À suivre la teneur des slogans entonnés, les contestataires maintiennent leurs revendications et s'y accrochent de plus en plus et dénoncent notamment le mépris du pouvoir à l'égard des citoyens pacifiques. La déferlante humaine de vendredi dernier atteste aussi de la pugnacité des Algériens qui, d'habitude bravant les vagues de la Méditerranée déchaînée en tant que « harraga » pour fouler le sol européen, sont aujourd'hui prêts à être « harraga » dans leur pays et à franchir les accès de la capitale barricadée. « Nous sommes venus à Alger harraga », ironisaient les manifestants.

Si l'on répète un tel slogan de manière « satirique », la portée et la signification en sont cependant très sensées. Car il s'agit pour eux de s'approprier l'espace public et de faire entendre leur voix que « l'on ne badine plus avec l'avenir des futures générations ». Cette révolution tranquille dans son apparence, est alimentée au fond par une colère exacerbée par le désastre multidimensionnel causé par vingt ans de règne du régime « bouteflikien ». Pour le peuple, il est temps de changer de cap.

Effectivement, la vox populi qui n'a de cesse de réclamer le départ des symboles du régime contesté et l'assainissement des institutions de l'Etat des débris de la « 3issaba », assène son verdict et dit « barakat » au despotisme et au mépris envers ce peuple qui a pu impressionner, des mois durant, le monde entier par son pacifisme, par son unité et surtout par son degré de civisme et sa maturité politique.

Le hirak, qui a pu transcender plusieurs embûches tels que le ramadhan et les températures caniculaires de la saison estivale écoulée, ou encore les vacances, a réussi à contourner maintes tentatives d'essoufflement qui ont abusé « des questions identitaires pour semer la division entre les concitoyens ». Soumis à ces « tests », les Algériens ont été, il faut le dire, plus que jamais soudés, où chaque mardi et vendredi ils font preuve d'union et de solidarité inégalées, pas uniquement dans la capitale mais également dans plusieurs villes du pays. C'est de cette combativité et solidarité du peuple algérien que le pouvoir doit tirer des enseignements à même d'être logique dans sa vision en se mettant à l'écoute des Algériennes et des Algériens qui aspirent sans cesse à une autre Algérie. Une Algérie fondée sur un Etat de droit, où ils seront acteurs de leur destinée et pourront se projeter et une image à l'international à même de recouvrer la dignité du citoyen algérien.


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