Planches . Coup de théâtre

Victor Hugo était à Alger



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Le retour parmi les mortels de Victor Hugo, à Alger, est incarné par l’un des grands noms du théâtre français, Jacques Weber, comédien, metteur en scène, réalisateur et scénariste, un homme chaussant plusieurs casquettes.

Ce qui confère à la prestation nocturne à l’Institut français d’Alger intitulée Hugo au bistrot – dont le texte est bien sûr du grand Hugo (Victor) adapté par Christine Weber, la tendre épouse de Jacques Weber, avec le concours remarquable de Magali Rosenzweig et produit par «Veilleur de Nuit».

Et c’est un Jacques Weber hilarant et tout en «lettres de noblesse» que le public – un aréopage constitué d’amateurs du 4e art et notamment d’hommes de théâtre et cinéma algérien tels que le Khaled Benaissa (aussi réalisateur et producteur) qui n’est plus à présenter – a découvert. Victor Hugo (Jacques Weber) est l’hôte de ce public dans… un troquet.

Et ce, pour taper l’incruste mais littéralement littéraire à Alger. Il n’est pas dépaysé. Aux premières stances, il est adopté, ce Hugo, ce Jacques Weber. Dans un jeu de rôles, un dédoublement de personnalité, entre «being Victor Hugo», dans la peau de Victor Hugo, Jacques Weber est narrateur et acteur, il donne la réplique par intermittence à Magali Rosenzweig dans cet estaminet où il a planté le décor.

Entre deux gorgées et une rasade… d’eau (un spectacle halal, bien sûr), s’accoudant au guéridon, arpentant le plancher, jetant au diable Vauvert ses notes, contant fleurette à sa maîtresse Juliette Drouet, sa comparse Magali Rosenzweig, ou debout, droit comme un «i», Victor Hugo effectue un ballet incessant entre l’époque «victorienne» et le présent à travers des laïus, et ce, autour d’un bon «vers».

Où l’anachronisme bouscule les aiguilles de la chronologie des grandes dates ayant ponctué sa si riche vie. Hugo nous avouera qu’à 14 ans, il voulait être Chateaubriand ou rien ; il prononcera un extrait de son discours historique à l’Assemblée nationale française datant du 9 juillet 1849 où il avait employé le mot «détruire» la misère, et pour la première fois dans l’humanité, il utilisait cette dénomination : «le droits humain des enfants». Hugo reviendra aussi sur son exil aux îles de Guernesey et de Jersey.

Un «pilier» de bar

Dans l’argument de «Hugo au bistrot, Jacques Weber présente : «Dans un bistrot, on est entre nous. On discute, on cause, on débat. Et parfois, au détour d’une discussion, on cite un auteur qui vient à la rescousse de nos idées avec ses mots, sa poésie. On sort l’auteur de son carcan habituel fait de chronologie, d’ordre thématique, d’analyse lexicale. Le bistrot donne beaucoup de liberté.

C’est libre et sauvage. Un peu comme ce que peut être le travail d’un acteur en répétition. Cette liberté, c’est aussi de pouvoir inviter des amis aux représentations, comme je les inviterai à ma table à dîner.

C’est aussi de pouvoir, d’un seul coup, me mettre à travailler en public sur un texte : le démonter, en faire ressortir la texture, le dénuder pour montrer comment il est construit. Accompagner par une possibilité d’improvisation des textes qui eux sont très écrits et comme tels doivent être extrêmement respectés quand on les joue.

C’est une lecture qui prend vie, que je pratique debout, dans le mouvement. Je ne suis pas Hugo. Je ne joue pas Hugo. Mais en lisant ses textes, je provoque une rencontre, une alchimie de laquelle surgit un autre ‘‘je’’, un autre Hugo, quelqu’un qui est entre nous deux…».

Victor Hugo, mort à Paris le 22 mai 1885, alors âgé de 83 ans, spécifiait dans son testament : «Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu.»

Jacques Weber, trinquant avec son bon public sans modération à «l’H2o», il faut le rappeler, le remerciera : «Je suis heureux d’être ici à Alger. Je suis touché par sympathie et la générosité des gens, ça me change de Paris.» Un pilier, ce Hugo, un pilier de bar à Alger.

Comme il le disait si bien : «Dieu n’avait fait que l’eau, mais l’homme a fait le vin». In vino veritas !


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