Le Mawlid ennabaoui à Ghardaïa

Entre fête et crise économique



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Le Mawlid Ennabaoui approche à grands pas. Toutes les mosquées à travers les treize communes de la wilaya de Ghardaïa sont déjà richement illuminées pour la circonstance. A leur tour, les imams ont commencé à évoquer la commémoration de la fête du Mawlid annabaoui marquant l'anniversaire de la naissance du Prophète « Grand salut d'Allah sur lui », avec des prières, des madihs et des bénédictions sur Lui, affirmant que l'avènement de sa mission prophétique est intervenu au moment opportun de l'histoire de l'humanité pour redresser l'ordre des choses, réhabiliter et valoriser les justes valeurs du droit, de la justice et du bien.

Pour la circonstance de cette fête religieuse, en dépit de l'insignifiante présence des pétards cette année, par rapport aux années précédentes, la fièvre acheteuse gagne tout de même du terrain. A en croire les boutiques qui ne désemplissent pas à travers les quartiers de la capitale du M'Zab. Certains compatriotes n'ont pas le cœur à se plaindre de la crise économique. Pourtant, et vous l'aurez tous entendu, voire appris, une phrase est sur toutes les lèvres : « La crise économique se fait sentir de plus en plus ». Evidemment, passée la période des spéculations et estimations, le temps est bel est bien aux plaintes. D'un côté, acheter des vêtements pour ses chérubins serait devenu un luxe pour beaucoup de familles à revenus limités. De l'autre, il n'est pas question de priver ses enfants de ce plaisir irremplaçable. Fort heureusement, les soldes sont parfois d'actualité.
En effet, la crise se fait déjà sentir et ses répercussions se sont emparées des petites ainsi que des grandes bourses. Et puisqu'il faut un peu de tout pour faire un monde, il y a également ceux qui ne sont point rebutés par les ravages de cette crise économique qui ne ressemble en rien aux précédentes, exigences de la vie moderne oblige. Pour certaines familles, l'usage de tirelires serait de mise, car pour serrer la ceinture il faudra désormais tout essayer. Cela sert également à esquiver un scénario pour le moins macabre. « Je ne sais plus où donner de la tête. Entre bouches à nourrir et dépenses à équilibrer mon cœur balance et ma poche aussi. J'ai l'impression, voire la certitude que cette crise continuera de faire des siennes. Chez les commerçants de Ghardaïa, Il ne se passe pas un jour sans qu'il y ait augmentation sur le prix d'une quelconque denrée alimentaire. Toutefois, je pense qu'à la longue les ménages doivent s'habituer à ces augmentations, quitte à commencer à en prendre plaisir », s'écrie Brahim, un enseignant du cycle primaire et père de cinq enfants. Il parle de tout, sauf des vêtements pour les fêtes. A l'instar de ce citoyen, grand nombre de Ghardaouis, tour à tour, s'insurgent, s'alarment ou ne s'étonnent plus.

Des hausses insensées
Quoi qu'il en soit, cette crise ne laisse personne indifférent. Les plus lésés sont, certes, les milieux défavorisés. Ceux-ci ne lésinent pas sur les qualificatifs pour condamner un tel supplice, quitte à maudire cette année qui s'est annoncée sur fond d'atrocités. Malgré tout, la fête du Mawlid exige moins de dépenses que les autres fêtes religieuses. Sauf que personne ne peut renoncer aux saveurs et autres pâtisseries inhérentes à cette fête religieuse si chère. Et qui dit délices du Mawlid dit aussi poulet rôti ou viande d'agneau qui coûtent en ce moment les yeux de la tête. Quant aux autres denrées alimentaires, Noureddine, un épicier Béni-Isguénois, remarque que les plus aisés de ses clients hésitent longuement avant de remplir leur panier. D'autres ont la piètre idée de faire le plein de produits alimentaires tels que l'huile végétale, le sucre et la semoule. Et ce, par crainte d'une pénurie inopinée, selon les dires de ce commerçant : « Avant cette crise économique, j'étais servi par l'endroit stratégique de mon magasin, car je travaille à proximité d'un quartier habité par des citoyens jouissant d'une bonne situation financière. Aujourd'hui, même ces derniers réfléchissent longuement avant d'acheter quoi que ce soit. Tandis que d'autres n'hésitent pas à faire des stocks de tous les produits. Parce que certains citoyens "sans gêne" ne tardent pas à lancer des rumeurs sur des augmentations de prix de certains produits de grande consommation. » Du côté des professions libérales, l'on trouve de tout. Il y en a qui sont hostiles quant aux foudroyantes augmentations, mais il y en a aussi des stoïques. Ceux qui ne sont aucunement gênés par les caprices de la richesse. Comme le prétend un entrepreneur, la crise économique n'est qu'un mirage : Dès lors que tout le monde commence à parler d'un "syndrome" quelconque, tout le monde y croit. Personnellement, je ne vois pas de quelle crise économique tous les Algériens parlent ces derniers temps. Ce ne sont pas quelques dinars de plus sur un produit ou sur un autre qui vont ruiner les portefeuilles". Et d'ajouter : « Par contre, j'admets que beaucoup de foyers défavorisés souffrent. Ceux-ci n'ont qu'à serrer la ceinture. » Somme toute, seul l'avenir nous dira ce qu'il adviendra de cette néfaste augmentation tous azimuts des prix. Cependant, plutôt que de s'apitoyer sur son sort si une éventuelle accélération des prix venait à prendre d'assaut certaines denrées alimentaires indispensables, le plus salutaire à présent serait donc d'éviter les fausses dépenses, tel que l'achat des pétards et de se contenter de bougies qui commencent à envahir les artères à travers certaines communes de la wilaya de Ghardaïa.
Ce qui a d'ailleurs obligé les services de la police nationale locale à mener une lutte acharnée contre les éventuels trabendistes de pétards, soutenue par une importante sensibilisation des citoyens à travers les ondes de la radio locale contre toute forme de gaspillage ou d'éventuels accidents par l'utilisation des feux d'artifices ou des fumigènes.


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