Gaïd-Salah veut instaurer un climat de pré-violence qui met le pays en danger



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Par Rabah A. – Depuis le début du soulèvement populaire qui n’a pas cessé de se renforcer en dépit des différents contretemps (vacances scolaires, Ramadhan, canicule, etc.), nous avons revendiqué un changement de cap qui permettrait au pays de retrouver son destin confisqué depuis 1962. Puis, nous avons pensé naïvement qu’avec la chute d’un des derniers symboles vivants de ce clan, en l’occurrence Bouteflika, l’Algérien allait enfin goûter aux bienfaits de son indépendance reconquise. Mais, hélas, la délivrance n’était pas au rendez-vous, et il faudra encore continuer à nous battre et à crier encore plus fort notre dépit et notre rejet de ce système pourri.

Ce énième report est cette fois dû à l’obstruction d’un caporal nourri aux mamelles de l’immoralité et de la prédation. Ainsi donc, la mise en garde inscrite dans les gares ferroviaires, «faites attention, un train peut en cacher un autre !» se confirme car, pour notre malheur, un dictateur succède à un tyran. Le peuple a chassé un dangereux psychopathe pour permettre à un de ses clones de lui succéder.

Celui-ci, au lieu de répondre aux revendications légitimes du peuple, lui a tourné le dos et veut lui imposer des élections jouées d’avance, avec des candidats non crédibles qui ne feront que perpétuer le système prédateur déjà en place et dont un clan s’est débarrassé de son autre moitié en s’appuyant sur le soulèvement populaire.

Cependant, ce serait enfoncer des portes ouvertes que de s’en prendre à Gaïd-Salah, qui cherche à sauver sa tête et celle de ses enfants et de tous ses protégés en imposant un scrutin-mascarade qui va lui permettre de désigner son poulain le plus docile afin de protéger ses arrières. Tout le reste, à commencer par ses inepties concernant sa participation à la Guerre de libération (qu’il a suivie à partir du territoire tunisien), la protection du Hirak (en bloquant les accès à la capitale), les échos positifs qu’il recevrait du peuple algérien (qu’il n’a jamais rencontré, ni connu) ne trompent plus personne et prêteraient à rire si ce n’était le dramatique de la situation.

Ce qui est grave, par contre, c’est de voir cinq candidats participer à cette comédie électorale et cautionner, ce faisant, la démarche suicidaire d’un général complètement obtus et aux abois. Ne vivent-ils pas avec nous pour savoir que le peuple dans sa très grande majorité rejette ce scrutin ? Leurs relais dans la société, leurs enfants, leurs amis ne leur disent-ils pas que cette élection, si elle se tenait, mettrait le feu aux poudres et qu’ils seront désignés du doigt parce qu’ils auront été les artisans de cette folie ? Comment comptent-ils animer une soi-disant campagne électorale alors que leur simple apparition dans la rue entraîne automatiquement leur rejet par la population ? Comment pensent-ils procéder dans certaines régions qui rejettent catégoriquement ce vote ? Iront-ils jusqu’à boycotter une partie de l’Algérie, accentuant ainsi les fractures et la division du pays ?

Gaïd-Salah et ses compères ont instauré un climat de pré-violence qui expose le pays à tous les dérapages et à toutes les déchirures, et ce depuis le 9 juillet, date à laquelle un Conseil constitutionnel, prétendument gardien de la légalité et de la conformité des lois à la Constitution, a accouché d’une fatwa inique, prolongeant indéfiniment la survie du régime en place. Aucun de ces candidats n’aurait dû cautionner cette aventure qui va aggraver la crise et attiser le feu au lieu de le circonscrire et l’éteindre.

Il n’est pas trop tard pour le faire, à moins qu’ils aient peur de se déjuger auprès de leur mentor ou, pis encore, qu’il rende publics des dossiers les concernant et les jette en prison à leur tour.

On ne peut être impunément complice d’une trahison à l’égard d’un peuple qui a revendiqué jusqu’à aujourd’hui pacifiquement et d’une manière civilisée son droit à la parole. En outre, et même si ces élections devaient se tenir, quel serait le poids face à l’armée d’un Président choisi par celle-ci ? La réponse est bien sûr aucun, surtout que ce Président aura contre lui le peuple aussi.

R. A.


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