42 détenus du hirak devant le juge

Inquiétudes et espoirs



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Jamais le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, n’a vécu un procès aussi particulier que celui des 42 manifestants du hirak, dont 32 en détention depuis plus de quatre mois, poursuivis pour port de l’emblème amazigh. Fraîchement installé à la faveur du dernier mouvement dans les rangs des magistrats, le président a eu du mal à faire régner le calme dans cette salle d’audience trop exiguë pour contenir l’imposante assistance.

Chacun des dix dossiers à examiner concerne un groupe de prévenus. Vers 11h, les sept premiers inculpés ont fait leur apparition dans le box des accusés, sous les applaudissements de la salle et les cris «Algérie, libre et indépendante !»

C’est la surprise pour les mis en cause, tous des jeunes respirant la vie et qui comparaissent pour la première fois devant la justice, pour «atteinte à l’unité nationale» en hissant l’emblème amazigh, lors de la marche du 21 juin dernier à Alger. D’un signe de la main, ils saluent leurs familles et proches sous les cris d’encouragement suscitant la réaction du président. «S’il vous plaît, ne m’obligez pas à évacuer la salle. Nous avons besoin de calme pour entendre les prévenus», lance-t-il. Mais le silence de marbre qui s’ensuit est vite brisé par ces cris de «Libérez nos enfants !» lancés haut et fort par une foule nombreuse, qui assiégeait le tribunal.

Très émus, balayant du regard la salle à la recherche de leurs proches, les prévenus semblent emportés par la joie et la confiance. Amine, Mouloud, Makhlouf, Khaled, Abderrahmane, Yacine et Ftissi ont tous été arrêtés par la police, soit au début de la marche, soit à la fin. Ils viennent de villes différentes, Tizi Ouzou, Béjaïa, Batna et Alger, mais les sept récusent les faits qui leur sont reprochés et tiennent à préciser qu’ils portaient aussi le drapeau national qui, pour eux, incarne «l’amour de la patrie». Les déclarations sont aussi poignantes les unes que les autres. Elles montrent que chaque prévenu cache une histoire dramatique.

Amine, ce jeune frêle au visage enfantin, a bouclé ses 20 printemps le 1er novembre dernier, à la prison d’El Harrach, loin de sa famille. Un peu plus âgé, Makhlouf a du mal à contenir ses larmes et ses sanglots en apercevant ses deux bébés, qu’il n’a pas vus depuis plus de quatre mois. Yacine se montre très éprouvé par les 140 jours passés à la prison, «juste» pour avoir hissé l’emblème amazigh et le drapeau national, mais est aussi affecté par «les insultes et les violences» dont il «a fait l’objet» au commissariat.

Applaudissements

Les témoignages suscitent les applaudissements de la salle, sous le regard médusé du président, et le sourire narquois du procureur. Visiblement très gêné, ce dernier d’une voix inaudible et sans lever la tête demande une peine de 2 ans de prison assortie d’une amende de 100 000 DA et la confiscation de l’emblème amazigh.

Composé de plus d’une quarantaine d’avocats venus des barreaux de Béjaïa, Tizi Ouzou, Boumerdès, Blida, Alger et Bouira, le collectif de la défense plaide la relaxe. Tout en démontant l’inculpation, il estime que celle-ci «ne repose sur aucun article de loi». «Sans crime et sans texte, il ne peut y avoir de sanction», notent les avocats, dont l’un d’eux a lancé : «Dans le cas où le tribunal condamne ces jeunes, je poursuivrai l’Etat algérien pour violation de la loi.»

Après les plaidoiries, le président lève l’audience et, plus d’une heure après, il appelle un autre groupe de sept prévenus, tous en détention et poursuivis pour avoir hissé l’emblème amazigh. Il les interroge sur les faits qui leur sont reprochés et leur demande s’ils n’ont pas été maltraités par les policiers. Ils expriment tous leur attachement à la patrie et à leur identité, et avouent n’avoir pas été malmenés par les policiers.

En une dizaine de minutes, leur audition se termine et, encore une fois, le procureur, avec un large sourire et d’une voix étouffée, requiert une peine de 2 ans de prison assortie d’une amende de 100 000 DA et la confiscation de l’emblème amazigh.

Avec le même ton et les mêmes arguments, les avocats plaident la relaxe. Jusqu’en début de soirée, le procès des détenus se poursuivait toujours. Nous y reviendrons en détail dans notre prochaine édition.


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