Crise en Bolivie

Morales se réfugie au Mexique, une présidentielle avant le 22 janvier



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Le désormais ex-président bolivien Evo Morales a annoncé son départ pour le Mexique où il a obtenu l'asile politique, alors qu'un climat d'incertitude règne dans le pays où l'armée est intervenue aux côtés de la police pour y rétablir l'ordre.


Lâché par l'armée et la police qui l'ont contraint de démissionner dans la foulée d'une révolte populaire contre le résultat du scrutin présidentiel de fin octobre jugé "frauduleux", M. Morales, 60 ans, s'est dit menacé dans son pays qu'il vient de quitter pour le Mexique.


"Frères et soeurs, je pars pour le Mexique", a twitté lundi soir M. Morales, qui a démissionné dimanche. "Cela me fait mal d'abandonner le pays pour des raisons politiques, mais je serai toujours attentif. Je reviendrai bientôt avec plus de force et d'énergie", a-t-il assuré.


Des médias locaux ont annoncé de leur côté qu'un avion militaire mexicain avait atterri dans un aéroport de la région centrale de Cochabamba, le fief du leader socialiste, après une escale à Lima, comme l'avaient indiqué les autorités péruviennes.


"Evo Morales est déjà dans l'avion du gouvernement mexicain chargé d'assurer son transfert en toute sécurité vers notre pays", a ensuite confirmé le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard.


M.vait assuré plus tôt que son gouvernement avait été sollicité par M. Morales : "Il nous a demandé verbalement et de façon formelle de lui accorder l'asile politique dans notre pays". Mexico le lui avait déjà proposé la veille.


"Après avoir pillé et tenté de mettre le feu à ma maison à Villa Victoria, des groupes vandales des putschistes ïCarlosû Mesa et ïLuis Fernandoû Camacho ont fait irruption chez moi dans le quartier de Magisterio à Cochabamba. Je suis très reconnaissant à mes voisins qui ont arrêté ces raids", a twitté M. Morales (60 ans), en référence notamment au candidat d'opposition qui réclamait un second tour à l'élection présidentielle.


Chaos et incertitude, réunion de l'OEA sur la Bolivie


Le président socialiste a démissionné mais aussi les successeurs prévus par la Constitution dans l'hypothèse d'un départ du chef de l'Etat : le vice-président Alvaro Garcia, la présidente et le vice-président du Sénat ainsi que le président de la Chambre des députés, laissant le pays sans président.


C'est donc la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Aez, qui a revendiqué la présidence par intérim. "Nous allons convoquer des élections avec des personnalités qualifiées qui vont conduire le processus électoral afin de refléter ce que veulent tous les Boliviens", a-t-elle déclaré.


"Nous avons déjà un calendrier. Je crois que la population demande en criant que nous ayons un président élu le 22 janvier", a ajouté l'opposante de 52 ans, évoquant la date prévue, avant la crise, de la prise de ses fonctions par le prochain président de Bolivie.


Par ailleurs, le Parlement où les partisans d'Evo Morales sont majoritaires, doit siéger mardi pour entériner les démissions et nommer le remplaçant par intérim de celui qui présidait la Bolivie depuis 2006.


Et l'Organisation des Etats américains (OEA) a appelé lundi "à la paix et au respect de la loi" pour régler la crise politique en Bolivie et demandé "une réunion d'urgence" du Parlement bolivien "pour garantir le fonctionnement des institutions et nommer


de nouvelles autorités électorales pour garantir un nouveau processus électoral".


Elle a en outre annoncé qu'elle tiendrait mardi une réunion sur la situation en Bolivie.


Sur le terrain, la tension demeure vive entre les partisans et les adversaires de Morales : Pour y faire face, l'armée est intervenue afin d'aider la police à mettre un terme à ces troubles émaillés parfois de violences.


"Le commandement militaire a décidé que des opérations conjointes seront menées avec la police pour éviter le sang et le deuil dans la famille bolivienne", a annoncé le commandant en chef de l'armée, William Kaliman, dans une déclaration télévisée.


Depuis la mi-journée, les forces de l'ordre se redéployaient progressivement, faisant usage de gaz lacrymogène à El Alto, une localité proche de la capitale et bastion d'Evo Morales, pour disperser des groupes de manifestants encagoulés et armés de bâtons.


De petites casernes de la police ont été pillées et brûlées lundi dans plusieurs villes, tandis qu'une colonne de plusieurs centaines de partisans de M. Morales marchait vers La Paz depuis la ville voisine d'El Alto, un bastion du dirigeant socialiste.


Pour rappel, des milliers de Boliviens ont déferlé dans les rues dimanche soir pour célébrer le départ d'Evo Morales, après la violente vague de contestation au cours de laquelle trois personnes ont été tuées et 383 blessées.


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