Tribunal de Sidi Bel Abbès

 18 mois de prison requis contre Abdellaoui Ahmed



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Le procès de Abdellaoui Bendida Ahmed (42 ans), poursuivi pour «outrage à corps constitué» et «diffusion via des réseaux sociaux de publications portant préjudice à l’intérêt national», s’est tenu hier au tribunal de Sidi Bel Abbès.

Près d’une demi-heure après le début des audiences au tribunal correctionnel de Sidi Bel Abbès, Abdellaoui est appelé à la barre par le juge. «Etes-vous l’auteur des statuts publiés sur Facebook et pour lesquels vous-êtes inculpé ?» lui demande le président de l’audience. Sereinement, l’inculpé explique avoir partagé les statuts de plusieurs pages Facebook au ton critique vis-à-vis du chef de l’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah.

«Je ne visais nullement l’institution militaire, mais la personne de Gaïd Salah. L’ANP est le pilier de l’Etat et elle appartient à tous les Algériens. En partageant des statuts sur ma page, je voulais exprimer (mon) opinion par rapport au rôle politique de Gaïd Salah dans le contexte actuel», lance Abdellaoui qui récuse l’accusation d’outrage. «Je n’ai fait que partager des opinions exprimées par des millions d’Algériens sortis dans la rue le 22 février pour dénoncer le système politique ; opinions auxquelles j’adhère entièrement», ajoute-t-il, affirmant avoir agi ainsi par conviction et par patriotisme.

«Connaissez-vous personnellement Gaïd Salah ?» interroge le juge. «Personnellement, non. Mais, j’ai fait le déplacement jusqu’à Annaba pour m’informer du mieux que j’ai pu auprès des citoyens de cette ville, et ce, à l’occasion d’une manifestation du hirak», réplique le prévenu.

Le juge lui fait remarquer qu’il s’agit du premier responsable de l’armée. «Il (Gaïd Salah) est chef d’état-major mais également vice-ministre de la Défense. Un vice-ministre est un homme politique», répond-il. Et de poursuivre : «En ma qualité de citoyen algérien, comme tous mes compatriotes, je me suis exprimé par rapport à son rôle politique (…). Entre autres, pourquoi Gaïd Salah ne s’est pas opposé à la îssaba (bande) avant le 22 février ?»

En détention depuis 29 jours, Abdellaoui a, avec le même ton et la même conviction, défendu son droit d’exprimer une opinion «au même titre que tous les Algériens». Face à lui, le président d’audience a rappelé que le procès ne prendra en considération que les faits contenus dans le dossier. Un dossier d’accusation comprenant des copies captures d’écran effectuées, à la mi-octobre, par la police judiciaire de la sûreté de la wilaya de Sidi Bel Abbès.

Un collectif de trois avocats, dont le bâtonnier du barreau de Sidi Bel Abbès, Me Othmani, se succèdent pour démonter les inculpations portées contre le prévenu. «Pourquoi a-t-on mis Abdellaoui en prison ? Pourquoi lui et pas un autre, alors que les statuts et leurs contenus sont largement partagés sur les réseaux sociaux ?» s’interroge Me Kerma. «Vous avez devant vous, aujourd’hui, un ingénieur en informatique embastillé pour avoir partagé un statut sur Facebook.

Il est inadmissible de jeter en prison un cadre algérien pour avoir exprimé une opinion. Dans ce cas là, on devrait mettre derrière les barreaux tous ceux qui manifestent chaque vendredi !» a-t-il poursuivi. Pour Me Othmani, le prévenu n’a fait qu’exprimer librement son point de vue par rapport à une actualité politique en pleine effervescence. «La liberté d’expression est un droit naturel.

S’y opposer est un acte contre-nature», a-t-il martelé, faisant remarquer que le prévenu s’est révolté, depuis le 22 février, contre l’injustice et les disparités sociales. «Père de trois enfants, Abdellaoui est un citoyen du peuple. Il habite un modeste logement d’une seule pièce (F1) dans un quartier populaire de la ville.

Sa place n’est pas derrière les barreaux mais auprès de ses enfants qui souffrent de voir leur père en prison à cause de ses opinions», s’exclame Me Othmani, en plaidant l’innocence du prévenu. Après les plaidoiries de la défense, le procureur a requis une peine de 18 mois de prison ferme assortie d’une amende de 50 000 DA.

A l’extérieur du tribunal, des activistes du hirak ont tenu un rassemblement en soutien à Abdellaoui et exigé la libération des détenus d’opinion. Le tribunal rendra son verdict dimanche prochain. 


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