Construire l’Algérie

Ou consolider le régime ?



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«Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas une victime, il est leur complice.»
George Orwell

Être au service de la nation est une expression-ritournelle qui revient souvent dans la bouche des dirigeants algériens et pourtant, hélas, elle n’est pas uniquement galvaudée ; elle est emblématique d’une vieille imposture, imposture des mots et de méthodes sournoises.

Les Algériens voient, en effet, comment le service public est assez bureaucratique et clanique, le service public est devenu une peau de banane dont les pots de vins sont une monnaie de secours. La nation est un mot vidé de son sens et dont on a violé la conscience jusqu’à nier son existence historique et son devenir que d’aucuns voyaient jadis mirifique.

Le mal, qui érode l’Algérie jusqu’à la mettre à genoux, est assez profond, et ancien, et ce ne sont point des élections à la va-comme-je-te-pousse qui changeront quoi que ce soit. C’est que ce théâtre de godillots n’a pas servi à améliorer le sort du citoyen qui constate, jour après jour, que, en un clin d’œil, les promesses se transforment en désillusions non par magie mais tout simplement sous l’effet de la mauvaise foi et cette forfaiture algérienne qui consiste en l’emprise du militaire sur le destin de la nation jusqu’à vouloir astreindre l’individu à la pensée unique.

Le fleuve détourné en 1962 rugit et cherche son lit naturel afin de mieux caresser un destin douillet et construire un avenir au diapason des exigences de la modernité. Cumul des injustices et des frustrations subies depuis longtemps, le Mouvement populaire vient de confirmer son long souffle et un désir ardent pour en finir avec une citoyenneté au rabais que résume son slogan phare : Etat civil et non militaire, revivification et continuité de l’auguste principe de la Soummam.

Il est désormais inutile pour le régime de se voiler la face ; son vœu grinçant de phagocyter la rue est un échec cuisant ; les élections qu’il défend désespérément bec et ongles ne servent qu’à lui donner cette devanture politique qui lui manque tant depuis l’abdication de son jockey Bouteflika.

Qu’à donc fait le régime pour qu’on arrive à ce point ?

Le tsunami humain qui déferle vers les grandes villes pour réclamer à cor et à cri une vraie indépendance montre que l’intérêt général est battu en brèche depuis les aurores de 1962 quand le pays est tombé dans l’escarcelle d’esprits maléfiques. Le mur de la peur enfin démoli, le régime se découvre nu et ses subterfuges ne font plus recette.

En tournant le dos au bon sens : mépris des droits de l’homme, étouffement des libertés, absence de la justice sociale et le gel de l’alternance au pouvoir, le régime récolte un rejet viscéral, synonyme d’un divorce acté et ressassé, semaine après semaine, aux quatre coins du pays. Dépourvu de ressources, le régime se confine dans l’hystérie, flirtant avec le stalinisme, en allant jusqu’à jeter dans ses geôles des hommes et des femmes de valeur, qui sont à la fois piliers et espoirs de l’Algérie de demain.

Sans volonté de revanche mais mu par le devoir de sauver l’Algérie, le Mouvement populaire se moque des candidats et de leurs discours insanes, trop démagogiques pour susciter un quelconque intérêt, assez populiste pour être pris au sérieux et résolument au service de l’agenda de l’état-major. La position des candidats est claire : ils sont aux antipodes des promoteurs de l’Algérie démocratique et plurielle. Cette franche adhésion au processus de la remise en selle d’un régime aux abois, confère à ces élections un caractère immoral, qui n’est pas sans rappeler les élections de 1995 dont nous mesurons, de nos jours, la gravité du désastre entre les dénis démocratiques et les dérives maffieuses et claniques.

A l’écoute de ses espoirs et de son courage, le Mouvement populaire résiste et avance, la tête haute, le verbe tonitruant et la conviction chevillée à l’âme. Il a l’espoir de retrouver ses valeurs, s’abriter sous le toit de la solidarité et reconstruire l’Algérie nouvelle à l’aune d’un monde en mouvement, dont la souveraineté confisquée depuis des lustres représente le sésame du changement, une cure d’hygiène politique, un coup de pied symbolique pour une honteuse fiction des élections.

Les faussaires sont là, l’urne en place d’attrape-nigauds. Et cependant, Dieu merci, le Mouvement populaire garde son énergie fondatrice, en décidant d’accomplir sa mission en beauté et honneur ; c’est-à-dire dans l’unité et avec le sourire !

 

Par Tarik Djerroud

Auteur et éditeur


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