Exclusif. L’inquiétante emprise de l’ex Beau-fils du général Smail Lamari sur le ministre de l’Energie



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L’actuel ministre de l’énergie, Mohamed Arkab, entretient des fréquentations très troublantes. Algérie Part a appris effectivement au cours de ses investigations que Mohamed Arkab s’appuie depuis plusieurs semaines sur un conseiller et lobbyiste secret, véritable « homme de l’ombre », qui lui insuffle toutes les décisions prises en ce moment pour présider aux destinées du secteur de l’énergie, le secteur le plus névralgique de l’Etat algérien. 

Cet homme qui exerce une inquiétante emprise sur l’actuel ministre de l’énergie s’appelle, Kheir  Allab, l’ex beau-fils du défunt général Smail Lamari, l’ancien patron emblématique de la Direction du contre-espionnage décédé en août 2007. Méconnu de l’opinion publique, Kheir Allab est un influent homme d’affaires algérien qui joue le rôle d’intermédiaire entre les sociétés pétrolières internationales et le gouvernement algérien dans des négociations pour obtenir des contrats pétroliers ou gaziers en Algérie.

Mohamed Arkab est un ministre qui ne maîtrise aucun enjeu dans le secteur des hydrocarbures. Il n’est pas pétrolier de formation et ne s’est jamais formé à la gestion des questions sensibles des hydrocarbures. Mohamed Arkab, l’actuel ministre de l’Energie, est un « électricien » qui a toujours travaillé dans le secteur de la production et distribution de l’électricité.

Jusqu’à la date de sa nomination comme ministre de l’Energie, le 31 mars 2019, Mohamed Arkab était le président-directeur général de la Société algérienne de l’électricité et du gaz (Sonelgaz). Il avait été nommé à ces fonctions en août 2017. Avant d’être PDG de Sonelgaz, Mohamed Arkab (photo) avait dirigé, de 2010 à 2017, toujours en qualité de PDG, la Compagnie de l’engineering de l’électricité et du gaz (CEEG), filiale de Sonelgaz, chargée de la réalisation du programme de développement des filiales métiers du Groupe.

Ingénieur d’Etat en Mécanique, option Science énergétique, M. Arkab a débuté sa carrière au sein de la société Etterkib – filiale du Groupe Sonelgaz en charge du montage et de la maintenance des ouvrages industriels – où il a assuré diverses responsabilités avant d’en être le PDG: responsable d’ouvrage mécanique (septembre 1990 – mars 1992); directeur de chantier (avril 1992 – janvier 1997); directeur de site (février 1997 – octobre 2003); directeur des travaux (novembre 2003 – juin 2006); PDG (juin 2006 – septembre 2010).

C’est dire donc que l’homme ne connaît absolument rien au secteur des hydrocarbures. Et pourtant, en pleine crise sanitaire provoquée par la pandémie du COVID-19 qui paralyse le monde entier et provoque la chute la plus brutale des prix du pétrole de l’histoire contemporaine, c’est cet homme inexpérimenté qui décide pour l’avenir du pétrole et gaz algérien. Une véritable absurdité. Mais en réalité, Mohamed Arkab ne décide de rien. Du moins officieusement, il est « gouroutisé », à savoir managé et orienté, par Kheir Allab qui lui dicte les axes majeurs de la feuille de route nécessaire au secteur de l’énergie. Une feuille de route qui va, naturellement et malheureusement, dans le sens des intérêts des compagnies pétrolières et clans politiques auxquels est affilié l’ex beau-fils du général Smail Lamari. Nous y reviendrons.

En attendant, il faut savoir que c’est Kheir Allab qui est à l’origine de l’ascension fulgurante de Mohamed Arkab, un simple fonctionnaire méconnu de tous qui deviendra par enchantement ministre de l’Energie. C’est, effectivement, Kheir Allab qui présentera en été 2017 Mohamed Arkab à un certain… Noah Kouninef, l’un des trois frères Kouninef, la puissante famille affairiste qui avait toutes ses entrées au Palais Présidentiel d’El-Mouradia en raison de sa vieille amitié avec les Bouteflika. 

Kheir Allab et Noah Kouninef se connaissaient très bien et entretenaient ensemble de juteuses affaires à l’image du méga-projet de 6 milliards de dollars que des groupes chinois voulaient investir dés 2017 en Algérie pour développer l’exploitation et l’exportation du phosphate des régions de l’est algérien. Kheir Allab est l’homme de main discret du groupe Chinois CITIC, le principal acteur et investisseur dans ce méga-projet du phosphate algérien, et il est proche de plusieurs autres sociétés chinoises au profit desquelles il fait du lobbying dans l’optique de gagner des contrats juteux en Algérie. C’est, d’ailleurs, Kheir Allab qui va séduire Noah Kouninef pour le convaincre de plaider auprès de Said Bouteflika, l’ami intime de son frère Réda Kouninef, la cause des sociétés chinoises qui voulaient s’emparer du phosphate algérien. Grâce à Noah Kouninef, Kheir Allab introduit CITIC groupe et d’autres partenaires chinois pour empocher une mirobolante commission. Le projet sera, malheureusement pour Noah Kouninef et Kheir Allab, paralysé et gelé à la suite de l’enclenchement du Hirak et la chute des Bouteflika.

Mais avant cela, Kheir Allab avait convaincu Noah Kouninef de parrainer Mohamed Arkab afin qu’il puisse devenir le PDG de Sonelgaz. Noah Kouninef accepte la proposition à condition que Mohamed Arkab serve en priorité les intérêts de ses projets dans le secteur de l’électricité. Le deal est conclu et Mohamed Arkab deviendra PDG de Sonelgaz en août 2017. Grâce à Kheir Allab et Noah Kouninef, Mohamed Arkab bénéficie d’une promotion qu’il n’aurait jamais pu avoir. Deux années passent et en 2019, toujours grâce au parrainage des frères Kouninef, Mohamed Arkab se retrouve ministre de l’Energie dans une Algérie totalement bouleversée par le Hirak.

Les Kouninef sont tombés et Noah ainsi que ses frères sont emprisonnés le 25 avril 2019. Mais Kheir Allab est toujours là et continue de protéger les arrières de son poulain Mohamed Arkab. Mieux encore, l’anarchie et l’instabilité du pays va permettre à Arkab et Kheir Allab de tirer profit de la situation pour développer leurs affaires personnelles.

Lors des réunions de l’OPEP, Mohamed Arkab invite son « manager » Kheir Allab qui s’est frayé un chemin au sein de la délégation algérienne à la grande surprise générale de ses membres. Et lors des déplacements de l’actuel ministre de l’Energie à l’étranger, Kheir Allab est toujours présent. Mieux encore, c’est lui qui gère l’agenda du ministre et rencontre secrètement les intermédiaires qui veulent conclure des affaires en Algérie.

Pour preuve, le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab a supervisé le 27 septembre à Istanbul (Turquie), la cérémonie de signature du contrat de réalisation d’un complexe pétrochimique entre Sonatrach et l’entreprise turque « Ronesans », pour la transformation du « propane » en « polypropylène ». A la fin de la cérémonie, l’un des représentants des sociétés turques impliquées dans ce projet avait rendez-vous dans un hôtel à Istanbul avec un certain… Kheir Allab ! Et ce rendez-vous a été organisé par « l’émissaire turc » à la demande de Mohamed Arkab… Que s’est-il lors de cette réunion et pourquoi Kheir Allab s’entretient avec les partenaires énergétiques étrangers de l’Algérie qui traitent avec le ministère de l’Energie ? Algérie Part répondra à cette question dans ses investigations qui seront publiées dans nos prochaines publications. A suivre…

Soulignons en dernier lieu que Kheir Allab, l’ex beau-fils du général Smail Lamari, est cité dans plusieurs anciens scandales financiers ayant ébranlé l’Etat algérien. A titre d’exemple, en mars 2015, il figurait sur la liste des douze  mis en cause, poursuivis tout en étant libres, dans le scandale de l’autoroute est-ouest. A cette époque-là, Kheir Allab était lié  Mohamed Bouchama (secrétaire général du ministère des Travaux publics), Sid Ahmed Addou (homme d’affaires et cousin de Tadj Eddine), Naim et Madani Bouznacha (qui font dans les transactions de change de devises), Belkacem Ferrachi (directeur de cabinet de Amar Ghoul, ancien ministre des Travaux publics), Ahmed Rafik Ghazali (directeur de l’Agence de gestion des autoroutes), Widad Ghrieb épouse de Salim Hamdane (fille du sénateur et ancien ambassadeur d’Algérie au Mali), mais aussi ses deux sœurs Fella et Radia, Mohamed Ouezzane dit colonel Khaled (officier du DRS, conseiller de l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Belaïz).


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