Recrudescence des cas de Covid-19

De nouveau l’alerte dans les hôpitaux



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En une semaine, soit depuis jeudi 8 octobre, 1111 nouveaux cas ont été confirmés positifs à la Covid-19 et 51 décès supplémentaires ont été enregistrés.

Un rebond de nouvelles hospitalisations pour Covid-19 ainsi que dans les services de réanimation et aux urgences laisse comprendre que l’épidémie redémarre.

Après avoir noté une décrue progressive du nombre de cas de Covid-19 le mois dernier, les services des urgences enregistrent une moyenne de quatre à cinq nouveaux cas supplémentaires par jour. Le constat est fait à travers plusieurs structures hospitalières de la capitale et dans la wilaya de Blida, l’épicentre de l’épidémie.

Le relâchement face aux mesures barrières, la reprise des activités économiques et sociales ont favorisé l’apparition de nouveaux clusters dans des entreprises et aux sein des familles. Ainsi, le bilan officiel fait état, jeudi dernier, de 193 nouveaux cas en 24 heures et 9 décès.

En une semaine, soit depuis jeudi 8 octobre, 75 nouveaux cas ont été confirmés positifs à la Covid-19 et 51 décès supplémentaires ont été enregistrés.

A l’hôpital de Boufarik, spécialisé des maladies infectieuses et où 2600 patients Covid-19 confirmés à la PCR ont été hospitalisés depuis le début de l’épidémie, commence à connaître une nouvelle cadence du nombre de cas. «Il y a une semaine, nous avions enregistré un taux de 30% d’occupation des lits sur l’ensemble des services, à savoir la médecine interne, la chirurgie et les services des maladies infectieuses.

Aujourd’hui, ce taux passe à 90% d’occupation.» «On commence à sentir une légère augmentation du nombre de cas. Il y a une semaine, quatre à cinq malades étaient hospitalisés et depuis deux jours nous accueillons entre 15 à 20 cas», affirme le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l’EPH Boufarik.

Il précise que ces cas, souvent modérés ou sévères,  nécessitent des soins dans les 24 heures suivant leur hospitalisation. «Nous sommes un des rares centres à utiliser de manière systématique la PCR pour le diagnostic et le contrôle à la fin de l’infection.»

Relâchement

Dr Yousfi, explique ce rebond suite au relâchement constaté depuis quelques semaines. «Parmi ces nouveaux cas, il y a de nombreuses familles contaminées.

Certains sont tous des membres d’une même famille qui sont infectés suite à une fête de mariage», a-t-il souligné. La crainte d’une recrudescence du nombre de cas dans les prochains jours est exprimée par les professionnels de la santé avec la rentrée sociale et universitaire qui risque de se compliquer avec l’arrivée de la grippe saisonnière.

«Ce qui est sûr, est que de nouveaux cas arrivent plus nombreux à l’hôpital ces derniers jours, mais on attend encore, tout en sachant que l’environnement actuel s’y prête pour enregistrer une recrudescence de l’épidémie avec l’hiver qui approche. Elle ne sera pas la même que celle que nous avons connue au printemps dernier», a-t-il averti.

D’où l’intérêt de réfléchir à renforcer les équipes médicales et à ouvrir plus de lits d’hospitalisation. «Notre équipe est actuellement au bout du rouleau. Nous avons hospitalisé 2600 patients et effectués 12 prélèvement PCR dans des conditions très difficiles. Tous nos appels lancés aux autorités et aux pouvoirs publics pour renforcer notre structures en moyens matériels et humains sont restés lettre morte.

Il est vrai que nous avons eu une accalmie ces dernières semaines, mais nous avons continué à travailler et à recevoir des malades avec les mêmes effectifs, médical ou paramédical, dont la majorité ont été testés positifs à la Covid-19 et la dernière en date est une assistante en infectiologie. Elle est en confinement», déplore le Dr Yousfi.

Et de regretter que «le ministère de la Santé ainsi que le Conseil scientifique du suivi de la pandémie ne se soient jamais manifestés pour un échange d’informations et de concertation, sachant que notre hôpital est le plus important au niveau du Centre et nous rencontrons de nombreuses difficultés pour la prise en charge des malades, vu la vétusté de la structure et le manque de moyens humains et matériels.

Nos malades sont encore accueillis et hospitalisés dans des salles communes dans des conditions très précaires», a-t-il souligné, tout en déplorant que l’hôpital de Boufarik est en attente d’acquisition d’un automate PCR depuis des années : «Nous sommes toujours tributaires de l’Institut Pasteur d’Algérie et le laboratoire de l’Institut du rein à Blida n’est pas toujours fonctionnel pour manque de consommables.

Tout cela a des conséquences sur la gestion du flux de malades.» Le service de réanimation au CHU de Blida commence lui aussi à accueillir des malades graves.

«Nous étions sur un rythme plus ou moins bas avec un ou deux malades par 24 heures en réanimation, mais depuis quelques jours, nous enregistrons une moyenne de 5 à 6 patients par 24 heures qui sont pour le moment des cas familiaux. Les hospitalisations en réanimation reflètent bien l’évolution de l’épidémie», affirme le Dr Adel Boudahdir, médecin réanimateur du service de réanimation au CHU de Blida.

Et de lancer : «Après sept mois de travail sans repos, les équipes sont épuisées. Nous avons eu des congés de maladie suite aux contaminations.

Nous n’avons pas eu le temps de reprendre notre souffle, que l’épidémie semble se redéployer.» Il rappelle que le virus est toujours actif : «Nous sommes obligés de vivre avec ce virus tout en respectant toutes les mesures barrières pour casser la chaîne de contamination. Les Chinois s’en sortent bien …» 


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