«La réintroduction de la culture du seigle serait avantageuse»



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Mohand Saïd Cherfaoui, universitaire, exerce à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il propose l’intensification de la culture du seigle avec, en filigrane, la réduction de la facture des importations du blé. - Vous proposez la culture du seigle à la place du blé. Quels en sont les avantages ? La culture du seigle est répandue sur tous les continents. Les grands producteurs sont la Russie, la Pologne et l’Allemagne avec plus de 2 millions d’hectares. Le seigle est connu en Algérie depuis longtemps. Néanmoins, comme d’autres espèces tels le triticale, le cotonnier, le sorgho, le tournesol, la betterave sucrière, il a disparu des systèmes de cultures algériens pour plusieurs raisons. Sa réintroduction peut se faire graduellement pour remplacer le blé dans les zones qui lui sont défavorables, il ne s’agit pas de remplacer le blé par le seigle partout. Le seigle sera une culture complémentaire du blé. Il s’accommode de terres pauvres, de sols légers, il peut être cultivé dans les régions montagneuses. Il est moins exigeant en eau, en éléments minéraux et plus résistant à la verse et aux différentes maladies que le blé. C’est une plante qui valorise mieux le milieu et vu ses exigences pédoclimatiques, elle peut concourir à réduire la pratique de la jachère qui occupe encore environ 3 millions d’hectares. Dans des conditions défavorables au blé, le seigle peut produire jusqu’à 60 q/ha avec une quantité de paille plus importante à cause de sa taille qui peut atteindre 1,8 à 2 m. Il peut être cultivé en association avec le blé (le méteil) et récolté ensemble. Le seigle, comme le triticale, présente une grande gamme de variétés ; de la plus précoce à la plus tardive, ce qui représente un autre atout pour sa mise en place, car il offre une latitude importante pour ses dates de semis (de septembre à mars). Autres avantages écologiques, il ne faut pas oublier que ces deux espèces offrent plusieurs débouchés , farines pour pains, biscuiterie, pains d’épices, aliments de bétail, fabrication d’alcools, et maintiendront la diversité biologique. Etant rustiques, elles requièrent moins d’engrais et de pesticides. - Le consommateur réagira-t-il de la même manière ? La baguette de pain blanc que nous consommons est un héritage colonial, elle ne faisait pas partie de nos habitudes alimentaires. Elle est issue de farine de blé tendre extraite du grain à hauteur de 70% et est moins nourrissante que la farine de seigle qui a des vertus que le blé tendre ne possède pas ; la qualité nutritionnelle du pain de seigle est supérieure au pain blanc issu du blé tendre. Il est plus riche en fibres — teneur pour 100 g : 5,5 g contre 3,5, potassium, calcium, fer et fluor —. Il ne contient pas les mêmes protéines que le blé, il est conseillé aux malades cœliaques (intolérance au gluten) et il est pauvre en graisses. Il est moins calorique : 242 Kcalories contre 285 pour le pain blanc. Le pain de seigle a un goût parfumé et se conserve plus longtemps frais jusqu’à 3 à 4 jours, ce qui réduit considérablement le gaspillage. Les populations du nord de l’Europe en majorité ne consomment que du pain complet de cette espèce. Il faut préciser qu’en Europe, la réglementation définit le pain au seigle qui doit contenir 10 à 35% de seigle et le pain de seigle avec au moins 65% de seigle. Il existe 4 types de farines de seigle classés selon leur teneur en matières minérales, exprimé en pourcentage après cuisson : la T85, la T110 (farine complète), la T130 et la T170. Après une période de sensibilisation assurée par des nutritionnistes sur les bienfaits de ce pain, on peut l’introduire progressivement dans les lieux de grande consommation, comme les restaurants universitaires, les casernes, les cantines et les ménages. - Quelles chances ont vos propositions d’être retenues ? Pour diminuer les importations de blé tendre, il faut trouver des farines de substitution produites en Algérie. Les farines de triticale et de seigle sont en vogue en Europe, nous n’allons pas réinventer la roue. Il faut penser à l’avenir, c’est-à-dire assurer la sécurité alimentaire de la population. ) Le pain étant l’aliment de base de l’Algérien, il convient de lui accorder une dimension  préférentielle. Pour cela, les efforts doivent être conjugués par les différents opérateurs de la filière céréales tels que l’ITGC, les CCLS, l’OAIC et les industries meunières. Le seigle et le triticale sont des céréales comme toutes autres graminées. Elles sont faciles à cultiver, permettent de diversifier les rotations et n’exigent aucun matériel spécifique.  


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