QUELQUES CONSEILS PRATIQUES AU GOUVERNEMENT ALGERIEN

Sortie de crise: revoir le fonctionnement du Conseil Economique et Social



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Privilégiant uniquement les intérêts supérieurs de l’Algérie, en fonction de ma modeste expérience, passée pendant plus de 40 ans dans le secteur économique, donc loin de toute théorie abstraite, cette contribution se veut une participation au débat. Personne n’a le monopole du nationalisme qui peut se définir comme la capacité des Algériens à contribuer à la création de la valeur interne, ni le monopole de la vérité, d’où l’importance d’un débat productif, sans exclusive, condition d’une bonne gouvernance locale et centrale. 1.-Il s’agit ni d’être pour un ultra libéralisme  qui n’existe nulle part  dans le monde , l’Erat régulateur  jouant un rôle stratégique même aux Etats unis d’Amérique,  ni de verser dans l’étatisme  largement dépassé  devant éviter également le jacobisme centralisateur   qui subit  une mutation même en France devant aller vers la régionalisation économique à ne pas confondre avec le régionalisme. Il s‘agit d’être réaliste et pragmatique privilégiant les  intérêts du pays, l’objectif central  étant accroître la valeur ajoutée interne, condition d’une croissance forte, passant par une mutation des fonctions de l’Etat  et une autre organisation  de l’économie. Ayant  été expert indépendant de 1996 à 2008 ayant démissionné fin 2008, à ce titre il s’agit impérativement de revoir le fonctionnellement du conseil économique et social CNES, hiberné actuellement, devant être  un lieu de concertation économique et social, se réunissant avec le  gouvernement au moins deux fois par, an regroupant toutes les  forces sociales et économiques représentatives y compris, d'autres organisations patronales et le FCE ,  les syndicats autonomes, car la composante économique et sociale  a profondément changé depuis sa création qui ne saurait être  un bureau d’études, se réunissant sporadiquement Or, malheureusement, la composante pour les membres n’a pas profondément changé depuis plus de 20 ans, certains membres ayant  quitté le secteur public  entre temps,  sont au niveau du secteur privé mais représentant paradoxalement toujours le secteur public dont ils ne sont plus les représentants, cacophonie et décréditant  cette institution stratégique. C’est important pour en  faire une force de propositions crédible  pour la société et le gouvernement, comme dans tous le pays du monde  et toute  déclaration engageant  cette institution devant  avoir eu au préalable l’accord  des membres. Comme il s’agira de réhabiliter  la Cour des Comptes,  évitant   comme par  le passé son instrumentalisation pour des  règlements de comptes inutiles, comme contrôle des deniers publics mais surtout d’en faire une force de propositions pour une gestion efficace  des deniers publics, rapport qui en principe doit être publié annuellement dans le journal officiel. Je rappelle  qu’ayant été  haut magistrat-premier conseiller-  et  DG du département des études économiques, j’ai  démissionné  fin 1983, le feu président de l’époque me demandant  après quatre mois de réunion avec les 31 walis de l’époque pour le dossier de l’habitat   de noter  les Walis, ayant refusé cette injonction.  
 2.- On doit éviter  d’induire en erreur l’opinion publique  comme ces arguments qui ne tiennent pas la route, voulant nous isoler des nouvelles mutations mondiales et freiner les réformes pourtant nécessaires, afin de préserver des intérêts de rente,    que les accords  avec l’Europe  ou l’éventualité d’une adhésion à l’OMC représentant 97% du commerce mondial   et 85% de la population mondiale, nuisent aux intérêts supérieurs de l’Algérie.  Certes,  l’Europe doit se garder de considérer l’Algérie  et d’une manière générale l’Afrique comme un marché , contraire aux accords de Barcelone, et contribuer  à la densification du tissu productif dont les  services qui ont  un caractère de plus en plus marchands, si elle veut éviter cette migration massive  et la déstabilisation de toute la région euro-méditerranéenne et africaine, le terrorisme se nourrissant de la misère , également imputable à certains dirigeants faute d’une bonne gouvernance, supposant une nouvelle architecture des relations internationales .   Si le montant d’importation de l’Algérie en provenance de l’Europe  et c’est identique pour l’ensemble des pays du Maghreb à un degré moindre, c’est que la  valeur des importations a été multiplié par plus  de quatre depuis 2005 alors que nous exportons toujours ave celles des  dérivées 98% d’hydrocarbures dont une grande fraction est absorbé par  l’ Europe  devant l’inclure dans les  calculs. Que pourrait – exporter l’Algérie en dehors des hydrocarbures bruts ? , le secteur touristique étant  en hibernation, le secteur agricole bien qu’en amélioration étant en souffrance( voyez la facture alimentaire ) , et le secteur industriel  représentant moins de 5% du PIB et sur  ces % 95% sont des PMI-PME peu concurrentielles, voulant bénéficier d’une rente Qu’a fait l’Algérie pour mener à bien les  réformes structurelles afin de dynamiser des entreprises productives  concurrentielles depuis plus de 30 ans ?
 3.- On doit éviter cette mentalité rentière  de croire qu’une loi peut résoudre les  problèmes ,  (combien de codes d’investissement et d’organisations a connu l’Algérie depuis l’indépendance),  mentalité  bureaucratique rentière, n’étant qu’un moyen, les pays qui attirent le plus  l’investissement étant ceux  qui n’ont  pas de code d’investissement , mais débureaucratise leur  société par l’Etat de Droit et la démocratisation  des décisions. L’Algérie étant un pays souverain, un conseil des ministres seul  peut dire  si un  apport étranger  est bénéfique au pays ou pas. Lorsque les  USA ont interdit  à certains pays du golfe d’investir dans les ports, ils n’ont pas  fait de lois  mais ont agit en toute souveraineté.   Dans ce cadre, pour éviter de fausses solutions à des problèmes mal posées, le gouvernement doit éviter de se focaliser  uniquement sur  la baisse de la  rente des hydrocarbures et se demander pourquoi après des recettes de plusieurs milliers de milliards de dollars (à prix constants  de 2015 et il est temps de faire un bilan de 1963 à 2015, pas imputable seulement à la période actuelle),  l’Algérie est toujours une économie rentière. Qu’a fait l’Algérie pour mener à bien les  réformes structurelles afin de dynamiser des entreprises productives  concurrentielles depuis plus de 50 ans ? On continue à privilégier les emplois rentes,  les institutions au lieu d‘être au service de l’économie se bureaucratise en tant que pouvoir bureaucratique, le secteur touristique est   en hibernation, le secteur agricole bien qu’en amélioration étant en souffrance (voyez la facture alimentaire), et le secteur industriel  représentant moins de 5% du PIB et sur  ces % 95% sont des PMI-PME peu concurrentielles, voulant bénéficier d’une rente. Ne s’agit –il pas, d’autonomiser la section exportatrice des hydrocarbures de l’ensemble du reste de l’économie pour tracer la  stratégie afin pour dynamiser les sections hors hydrocarbures dans le  cadre des valeurs internationales. L’Algérie ne souffre t- elle pas  avant  tout de leadership pour tracer cette vision stratégique ?  Il faut éviter l’illusion  de l’ère de la matérialité des années 1970 ( bon nombre de responsables ont besoin d’une mise à niveau)  comme cette notion « d ‘industries industrialisantes », que « lorsque le bâtiment  va tout va »  , les industries vieillissantes  fermant à travers le monde alors qu’en  Algérie on continue d’assainir sur fonds publics,  , la crise des prêts hypothécaires    dans le monde  et l’Espagne est là pour nous le rappeler  étant une vision du passé , ce qui ne saurait signifier le nécessaire renouveau de l’appareil productif  et que le  BTPH ( devant revoir les modes de construction)  ne contribue pas à la valeur ajoutée. Mais  nous sommes à l’ère de profondes mutations technologiques et managériales, de l’économie  de la connaissance,   l’immatériel  contribuant  directement et indirectement à cette croissance, et devant revoir notre modèle de consommation énergétique afin de   nous projeter  sur l’avenir horizon 2030/2040 grâce à une planification stratégique, loin d’un pilotage conjoncturel, pour s’adapter aux nouvelles mutations tant internes qu’économiques et géostratégiques mondiales.
  4. L’objectif central pour avoir un taux de croissance élevé, c’est d’avoir avec tout partenaire  une balance devises, technologique et managériale positive pour l’Algérie.  A ce titre, je  conseille au gouvernement  d’être réaliste et pragmatique  de faire le bilan  tant du passage du Remdoc au Crédoc ( crédit documentaire)  et  que  de la  règle 49-51% qui n’existe même pas  en Chine. Et aberration, l’Algérie seul pays du monde voudrait généraliser cette règle même au commerce de détail comme si cette mesure allait  réduire les importations alors que le problème est ailleurs. L’on devra distinguer les segments stratégiques, où cette règle peut  s’appliquer,  qu’il s’agit de définir avec précision, car historiquement datés. Ce qui était  stratégique hier peut ne pas  l’être aujourd’hui et demain (exemple les  télécommunications). Pour les segments non stratégiques  mais à valeur ajoutée importante,  où il ya lieu d’appliquer la minorité de blocage de 30% afin d‘éviter les délocalisations sauvages. Actuellement c’est le trésor algérien qui supporte  tous les  surcouts d’où  l’autosatisfaction de certains partenaires étrangers  liés à la rente,  car ne supportant aucun risque étant sur d’être payés grâce aux réserves de change. Et si demain  les réserves s’épuisent  il ne faut pas  être un grand économiste pour prédire   que ces étrangers nous abandonneront  à notre propre sort avec le risque de faillites notamment  des unités à grandes capacités. L’observation des grands espaces mondiaux montrent clairement   que seules quelques grandes firmes  contrôlent les circuits du commerce  mondial, étant impossible  aux opérateurs algériens de pénétrer  le marché  sans un partenariat gagnant/gagnant. Il existe une exception pour  les hydrocarbures à l’état brut ou semi brut déjà internationalisés, étant  tous les services énergétiques  et les  dérivés d’hydrocarbures et d’une manière générale tout l’aval  étant soumis aux règles  de l’organisation  mondiale du commerce où cette règle ne peut s’appliquer pouvant bénéficier pour une   période transitoire de mise à niveau des Accords de Doha. C’est une erreur d’appréciation d’un ancien ministre du commerce de croire, dans une interview récente  à une télévision privée  qu’il y a stratégie divergente  entre l’Europe  et les membres de l’OMC, car nous sommes à l’ère de la mondialisation.
En résumé, il ne s‘agit ni de verser dans la sinistrose, ni dans l’autosatisfaction source de névrose collective. L’Algérie peut surmonter cette situation difficile mais il n’y a pas de recettes miracles et ce ne sont pas  les discours qui permettront les changements. Les solutions sont connues et il faut passer  à l’action. A si l’hôtel Aurassi et le Club des Pins d’Alger pouvaient parler, combien de réunions et de conférences sans résultats probants?  Contrairement à certaines déclarations récentes de certains soi – disant experts, qui reproduisent  les mêmes discours et les mêmes  solutions utopiques depuis des années, (que la presse relate  leurs interviews  entre 2008/2014), la situation  est grave et nécessaire. Aucun patriote algérien ne veut  revivre les impacts dramatiques de la crise de 1986, ni retourner au FMI qui cette fois imposera des conditionnalités draconiennes. La solution n’est pas de se refermer sur soi  et de pondre des règles juridiques correspondant à une aisance financière  et qui accroissent la méfiance internationale ce qui, avec le temps  accroîtra la crise. D’où l’urgence d’une réorientation de toute la politique socio-économique passant par  de profonds ajustements économiques et sociaux donc par de profondes réformes structurelles. Le retour à la confiance, passant par une vision stratégique clairement définie  et par  un discours de vérité  est déterminant comme facteur de mobilisation. Il y va de la sécurité nationale.

 


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