LE 5 OCTOBRE 1988

Une tragédie nationale pour les uns, un espoir pour les autres



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‘’ Avant que de nous battre, messieurs, il est un point qu'il est bon de débattre.’’ Collin d'Harleville Parler du 5 octobre, c’est remuer le couteau dans les plaies et évoquer des souvenirs très douloureux qui n’honorent pas les évènements qui auraient pu causer une fracture dans la même nation musulmane algérienne composée d’un peuple solidaire qui a su prouvé par le passé, son combat pour la liberté face à un colonialisme commun puissant. Le 05 octobre 1988, c’est tout le contraire d’une lutte contre un oppresseur étranger, mais un fait marquant qui concerne tous les algériens sans exception. Le 5 octobre 1988. Une date qui marquera éternellement l’histoire contemporaine de l’Algérie, une date funeste des émeutes sanglantes qui ont fait 144 victimes selon les chiffres officiels, plus de 500 morts et des milliers de blessés selon des sources officieuses. Ce jour-là, des milliers de jeunes ont bravé l’interdit en sortant à la rue pour crier leur mal-vie. C’était le premier pas vers une démocratie qu’on continue à espérer. Au début des années quatre-vingt, le pays commençait à régner dans une atmosphère morose qui compliquait l'existence des différentes couches de la société. Un paroxysme que le simple citoyen ne put supporter : un champ médiatique  verrouillé, pénuries en série,   passe-droits, détérioration du niveau de vie, crise aiguë du logement...   la situation sociale se détériorait progressivement à tel point qu’elle avait atteint le seuil de l'intolérable. La population, grugée à satiété par tant de promesses non tenues, par tant de slogans à la fois  pompeux et populiste, comprit hélas que la fracture sociale avait bel et bien contaminé les forces vives du pays, y compris l'intelligentsia algérienne. Les prémices d'un événement inhabituel et redoutable apparurent quelques mois à l’avance par de nombreuses grèves à Oran, à Constantine, à Alger… Le jour du  5 octobre 1988, le pays a été marqué par des manifestations sporadiques et non contrôlées, à travers plusieurs villes. Des manifestants en colère ont détruit plusieurs infrastructures de l'Etat et des biens privés. L'armée algérienne sort de sa réserve pour contrôler la situation. La crise a duré plusieurs jours, plusieurs villes sont touchées par la furie et  fièvre des évènements dont  Alger, Annaba, Oran, Constantine, Tizi Ouzou , Mostaganem… On s'attaqua à tout ce qui représentait et symbolisait l'exploitation, les brimades, l'injustice, l'oppression. La répression qui suivra et dont  les blessures restent indélébiles fut lourde de conséquences. Aujourd’hui, cette révolte  apparaît, comme un événement à la fois proche et lointain mais la plaie est toujours ouverte.  Soulèvement populaire, mouvement spontané d’essence démocratique, chahut de gamins, complot dressé par un clan du pouvoir pour renverser un autre, et récemment un « printemps arabe » prématuré, telles sont, entre autres, les interprétations données aux événements du 5 Octobre 1988. Au-delà des appellations et des interprétations, des causes et des hommes qui ont mis le feu aux poudres,   c’est plutôt la sève démocratique libérée par ces évènements qui est d’une importance capitale pour la société algérienne. C’est à ce «chahut de gamins», faut-il le souligner, que la société algérienne doit ce qu’on appellera après, le printemps démocratique. Le 5 Octobre a marqué la naissance de l’espoir démocratique, du multipartisme, de la presse indépendante et des libertés individuelles. Malheureusement, vingt-sept ans après ces événements tragiques, le pays offre l’image d’une Algérie encore malade.   Sous l’emprise des problèmes objectifs et/ou  subjectifs, Le pays demeure   toujours en manque terrible  d’un réel projet de société qui cristallise le rêve démocratique en un mode effectif de bonne gouvernance, profitable à chaque citoyen et fondé sur les paramètres objectifs de la compétition saine et productive plutôt que de la prébende, du népotisme, de la rapine et de la corruption. Le pari démocratique s’est transformé dramatiquement en une grande supercherie dans la mesure où après chaque joute électorale on reparle de fraude et de dépassements. Par la force des choses, les partis politiques sont domestiqués  ou se sont réduits à un rôle de figurants dans un paysage politique morose et verrouillé.  Les jeunes d’aujourd’hui, censés être la force vive de la nation, n’ont  de  tête que pour un exil périlleux au nom duquel on les baptise les «harraga», eux qui préfèrent un sort cruel et souvent  mortel  ailleurs plutôt que le non-être dans leur pays. Paradoxalement, le malheur d’autrefois est soudain devenu le remède du présent. Face à la phobie du « printemps arabe », le 5 octobre 88 est enfin reconnu comme le printemps algérien qui a eu lieu il y a plus de vingt ans. C’est la bénédiction inespérée pour un pouvoir qui fait à tant de pressions à la fois endogènes et exogènes ; sous-entend des complots ourdis secrètement par les ennemis ; pour déstabiliser le pays.               


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