Ali Bey Nasri

« le plus grand problème des exportateurs, c’est la Banque d’Algérie »



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Le président de l’Association algérienne des exportateurs, Ali Bey Nasri, appelle le gouvernement à changer ses lois, à libérer les terres agricoles et à signer des accords avec les espaces économiques de l’Afrique. Entretien.  On parle depuis des décennies de la diversification des exportations algériennes. Qu’en est-il réellement de cette ambition, aujourd’hui qu'une bonne partie du secteur  productif  est à l’arrêt ? Une ambition ! C’est beaucoup plus un vœu. Pour prétendre aller vers l’export, il faut q’on pose le postulat : que peut faire l’Algérie avec le monde ? On ne peut pas aller vers l’export sans avoir une vision. Une vision d’intégration, c’est de dire ce que nous pouvons faire. On doit poser la question fondamentale des métiers d’un pays. Quelles sont les potentialités et les capacités de ce pays là ?  Qu’est-ce qu’il a à offrir au monde ? Les pays qui nous entourent ont défini leurs métiers. Quels sont, selon vous, les métiers de l’Algérie ?  Les pouvoirs publics doivent poser la question de manière stratégique. Notre vision d’insertion et d’intégration doit se faire en fonction de nos potentialités. On a du gaz et du pétrole,  faudrait-il les transformer et les valoriser pour avoir une offre pétrochimique à l’export. Ça existe déjà avec les fertilisants, l’ammoniac et les nitrates qui sont actuellement exportés par Fertial et Sorfert à Arzew.   Dans le tourisme, nous avons les potentialités mais nous n’avons pas une offre exportable. Nous sommes à 180 000 lits. Pour avoir 2 millions de touristes il faut avoir 900 mille lits. Il faut aussi définir les zones touristiques et définir le concept du tourisme qu’il fallait faire. Il faut approcher les 5 grands tours-opérateurs qui ramènent les touristes. C’est comme ça qu’on doit faire. Il faut que tout le monde s’implique. L’acte touristique est un acte sociétal. Pour l’agriculture nous avons des potentialités mais pas de vision. Nous avons 48,5 millions d’hectares dont 8,5 millions de surfaces utiles. Et sur ces 8 millions d’hectares seuls 5 millions sont exploités. Nous avons un accord d’association avec l’UE qui importe beaucoup de produits agricoles. L’Algérie n’exporte rien. La moyenne régionale est de 1 milliards de dollars d’export. Nous sommes globalement à 80 millions de dollars. Il faudrait dégager des terres destinées à l’exportation. Donner des terres aux investisseurs avec un cahier des charges. Les gens qui veulent investir dans l’exportation des produits agricoles, trouveront des terres viabilisées et dotées en eau et en énergie. Des professionnels vont venir travailler sur des cultures et des produits demandés par l’Europe et par le monde. C’est comme ça et ce n’est pas autrement…  L’Afrique est souvent citée comme destination accessible pour les produis algériens...  Il faut deux conditions essentielles. C’est d’abord la signature des accords avec les espaces économiques de l’Afrique (Cedeao, CEMAC et SADC). Si on ne met pas en place avec ces espaces des accords commerciaux, de protection des investissements et de  non-double imposition, on ne pourra pas avancer. La deuxième condition, strictement nécessaires : il faut que les banques algériennes nous accompagnent, il faut qu’elles s’installent à l’étranger. Le Maroc a pratiquement donné instruction aux banques pour aller en Afrique. Sans les banques on ne fera que de petites opérations d’export, que ce soit pour les produits ou les services. Aller en Afrique, c’est nécessaire mais il faut aussi densifier les moyens de transport, aérien, maritimes…. Aujourd’hui, on n’arrive pas à exporter par fret aérien. Une cargaison peut mettre un mois pour arriver au Niger. Des exportateurs se plaignent d’obstacles d’ordre réglementaire…  Le plus grand problème, c’est la banque d’Algérie. En ce qui concerne l’investissement à l’étranger, la BA a confondu, dans le même règlement, l’investissement et la création d’un bureau de liaison. C'est-à-dire, ils sont soumis aux mêmes conditions en terme de rentabilité et d’obligation de résultats. Un bureau de liaison n’a pas un caractère commercial.  Nous suggérons que ce règlement soit divisé  en deux. Un règlement 14-02 sur l’investissement et de laisser la liberté totale pour la création de bureaux de liaison à l’étranger, sans aucune condition.  Un bureau de représentation ne coûte rien à l’Etat et l’exportateur peut créer son bureau de liaison à travers son compte devise. Actuellement, quels sont les principaux exportateurs, hors hydrocarbures, en Algérie ? Près de 85 % des exportations sont assurées par 5 entreprises. La première entreprise hors hydrocarbures, c’est Sonatrach. Il s’agit des solvants, sous-produits du pétrole exportés pour un 1 milliard de dollars par an. 2e exportateur c’est   Sorfert (société mixte) qui a exporté l’année dernière, des engrais pour 500 millions de dollars.  Le troisième c’est Fertial qui exporte aussi des fertilisants dont l’ammoniac et les nitrates. Ces produits précités sont issus du pétrole et du gaz. Le premier exportateur vraiment hors hydrocarbures c’est Cevital. C’est surtout le sucre et un peu de verre (278 millions de dollars ndlr). Après le sucre, c’est le phosphate. Malheureusement nous n’exportons que du phosphate brut. Nous avons 1.2 millions de tonnes de phosphate exportées en 2014 pour une valeur de 95 millions de dollars. Et à côté, on achète de l’acide  phosphorique de Tunisie, à 500 ou 600 dollars la tonne. On a besoin de valoriser notre phosphate. Nous exportons aussi des gaz industriels tels l’hélium et l’argon. Ensuite les dattes avec environ 39 millions de dollars par an.  Puis les pattes et d’autres produits. On exporte aussi du vin pour environ 2 millions de dollars. C’est insignifiant. En sommes, 50 exportateurs dont 12 de dattes, réalisent 97 % des exportations. Sur 522 exportateurs enregistrés, seuls 10 % exportent réellement. Le reste c’est zéro.  


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