Oued El ma sous le choc



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La commune de Oued El Ma (40 km au nord-ouest de la ville de Batna) n’oubliera pas de sitôt le cauchemar qu’elle a vécu mercredi dernier. D’aucuns parlent de la répression qui s’est abattue sur les villageois sortis cette semaine pour dénoncer énergiquement l’annulation d’un projet d’usine promis il y a cinq ans. La population est depuis sous le choc, surtout à cause de la tournure qu’ont pris les événements. Des témoins évoquent la violence dont auraient fait usage les forces d’intervention de la Gendarmerie nationale. La ville, qui garde les stigmates des affrontements, semble toujours sous le choc des dépassements des forces de sécurité. Dans les ruelles de Oued El Ma, on nous interpelle pour nous montrer les dégâts. Le chef du groupement de gendarmerie a affirmé que les forces de l’ordre sont intervenues dans le cadre de la loi et qu’elles avaient des mandats de perquisition dûment signés par le procureur de la République.  Mais l’énigme est totale. Slimani Khemissi, doctorant en droit constitutionnel, reste ferme : «Nous devons faire la différence entre perquisition et assaut. Les maisons qui ont fait l’objet de perquisition portent encore les stigmates d’une intervention musclée, telles les traces de rangers sur les meubles et les portes.» Menzer Boudjemaâ, l’avocat qui s’est saisi du dossier des détenus, nous a confié qu’un mandat de perquisition obéit à des règles : «On ne défonce pas la porte de la maison d’un citoyen sans établir un PV !» Et d’ajouter : «Une fois à l’intérieur de la maison, les gendarmes n’ont à aucun moment demandé aux habitants de décliner leur identité, puisque le mandat de perquisition est nominatif.» Il déclare qu’il a même fait l’objet de menaces. Deux autres personnes racontent qu’elles ont subi des exactions. La première, Hammou Messaâdia, 49 ans, handicapé moteur, sur une chaise roulante : «Les gendarmes ont enjambé le mur et ont fait irruption chez moi, cassant les vitres de la fenêtre de ma chambre. Ma mère, âgée de 78 ans, les suppliait de craindre Dieu.» La deuxième, un berger, a été prise alors qu’elle revenait du pâturage et est toujours en garde à vue. Approché par nos soins, le député FLN Nouas Aziz, qui se trouvait sur les lieux, a déclaré avec beaucoup d’hésitation que «cette intervention est entachée de dépassements». Fayçal Azzouz, 34 ans, conducteur d’engin, est très en colère : «Ils ont cassé la porte, ont giflé ma femme, lui ont arraché la chaîne qu’elle portait au cou, lui ont pris ses bijoux et une somme d’argent que j’avais empruntée à mon employeur.» Et d’ajouter : «Ils ont aussi pris 40 cartouches du fusil à pompe que je possède de manière légale.» Un PV dressé par un huissier de justice, dont nous détenons une copie, relate toutes ces déclarations. Il est important de noter que les portes ont été défoncées à coups de pied et de troncs d’arbre en guise de bélier. Les portes, parfois même des meubles, portent encore les traces de rangers. Un autre avocat, Lamouri Ahmed, explose : «C’est une honte ! 30 fois une honte ! Ils ont fracassé la porte du hammam, défoncé une porte intérieure qui donne sur le kiosque tenu par mon neveu et ils ont tout pris.» Les témoignages que nous avons recueillis ne sont pas exhaustifs, il en reste beaucoup d’autres sur lesquels nous reviendrons mardi, alors que cinq des détenus seront jugés au tribunal de Oued El Ma ; trois autres le seront au tribunal de Batna mercredi. La ville a retrouvé son calme et les habitants ont renoué avec leurs habitudes. Les citoyens vaquent à leurs occupations et tous les commerces sont ouverts. Les enfants surexcités par la présence de journalistes approchent de manière furtive pour satisfaire leur curiosité. Dire que mercredi passé, ils étaient tous armés de frondes et s’entraînaient au tir sur des cibles. Les citoyens ont pris les choses en main, ont retroussé les manches et ont tous participé au nettoyage. Les engagements du wali Cette opération a commencé dès que la délégation — composée d’une vingtaine de personnes parmi les notables, les universitaires, les représentants de la société civile et des élus locaux  — dépêchée aux discussions avec le wali était de retour et a rendu compte de la réunion. Le wali a pris acte des principales revendications des citoyens de Oued El Ma : maintenir le projet de station d’énergie solaire, ouvrir la route de Chlaâlaâ et libérer les détenus. Rassurés par les réponses du premier responsable de la wilaya, les citoyens ont fait preuve de sagesse et ont repris leurs activités après que leur ville ait été paralysée par une grève générale durant 48 heures. Ils nourrissent tous l’espoir que Aziz, l’un des blessés, hospitalisé au CHU de Batna, s’en sorte bien ; il a, selon les témoignages de son frère, sept côtes fêlées et le poumon perforé. A l’hôpital, il est sous surveillance de policiers et c’est grâce à l’intervention du responsable de la police que ses parents ont pu lui rendre visite. La commune de Oued El Ma, qui a compté de nombreux martyrs lors de la lutte pour l’indépendance, a aussi le mérite d’avoir résisté aux hordes terroristes durant la décennie noire. Un souvenir qui fait dire à un notable de la ville : «Les terroristes, nous les avions empêchés de pénétrer dans nos maisons…»


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