Sonatrach

l’ombre de Chakib Khelil et les calculs pour 2019



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La nomination de Abdelmoumen Ould Kaddour à la tête de la Sonatrach ressemble à une réhabilitation qui ne trouve toujours pas d’explication. Dès son installation, le nouveau PDG du groupe pétrolier a « pris » la parole à la 7e Conférence sur l’industrie pétrolière et gazière dans l’Afrique du Nord (Napec 2017) mais sans se déplacer à Oran. Sa communication a été lue en son nom par le vice-président de Sonatrach, Ahmed Fettouhi, selon l’agence APS.

L’ombre du général Toufik

Abdelmoumen Ould Kaddour a-t-il voulu éviter d’éventuelles questions gênantes des journalistes sur son brusque retour sur scène ?  Cet ex-PDG de Brown & Root Condor (BRC), entreprise d’engineering algéro-américaine, a été condamné en 2007 à deux ans et demi d’emprisonnement pour avoir « divulgué des secrets défense » par le tribunal militaire de Blida. Deux autres personnes ont écopé de peines de prison dans la même affaire.

Au lendemain de la nomination d’Ould Kaddour à la tête Sonatrach, Ennahar TV affirmait que l’affaire d’espionnage impliquant l’ex-patron de BRC avait été « montée de toutes pièces » par le général de corps d’armées Mohamed Mediène, chef du DRS, afin de « se venger de Chakib Khelil », ex-ministre de l’Énergie et des Mines, « pour des considérations politiques ».

Libéré en mai 2010, Abdelmoumen Ould Kaddour, diplômé du prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology), s’est installé aux Émirats arabes unis. Le nouveau PDG de Sonatrach avait quitté la prison sans que l’on sache réellement dans quelles circonstances. A-t-il bénéficié d’une libération conditionnée ? A-t-il été gracié ? A-t-il été blanchi des poursuites l’ayant conduit à la mise en détention ? La justice militaire s’est-elle trompée sur son compte ? L’a-t-elle jugé sans preuves ? Dans le cas contraire, a-t-on pensé à la crédibilité de cette même justice ? Des questions qui restent sans réponse.

Nourreddine Bouterfa, ministre de l’Énergie, a tracé la feuille de route au nouveau patron de Sonatrach sans souffler un mot sur les raisons de la réhabilitation d’Abdelmoumen Ould Kaddour.

Le précédent Messaoud Chettih

Mais Ould Kaddour n’est pas un cas unique en Algérie. En octobre 1996, Messaoud Chettih, PDG du groupe Sider, a été condamné à dix ans de prison dans une affaire de « corruption » et de « mauvaise gestion ». D’autres cadres du groupe public ont été mis en prison. Quarante mois plus tard, Messaoud Chettih a été innocenté par la justice. À l’époque, le gouvernement a été soupçonné de vouloir accélérer la privatisation de Sider, fleuron de l’industrie sidérurgique, en écartant les cadres qui pouvaient s’opposer à l’opération.

Réhabilité, Messaoud Chettih a été nommé PDG d’Algérie Télécom. Le cas Chettih diffère de Ould Kaddour puisque la justice a reconnu implicitement son erreur pour le cadre de Sider. Et la défense de Ould Kaddour n’a pas fait appel contre la décision du tribunal de Blida. BRC a, selon des écrits de presse de l’époque, usé et abusé des contrats de gré à gré pour la construction d’infrastructures hospitalières militaires et des bâtisses relevant du ministère de l’Énergie. L’IGF a enquêté et constaté l’existence de nombreuses surfacturations. Le dossier a été classé sans suite.

Retour de Chakib Khelil ?

Aujourd’hui, une seule chose est sûre : le nouveau PDG de Sonatrach a de bons rapports avec Chakib Khelil qui, depuis octobre 2016, marque sa présence sur tous les réseaux sociaux et supports internet (Twitter, Facebook, Youtube, etc.). L’ancien ministre vient de lancer son propre site internet.

Cette stratégie de communication a commencé depuis une année avec la tournée nationale dans les zaouia. Chakib Khelil publie ces derniers jours sur sa page Facebook des textes et des vidéos sur les expériences économiques du Vietnam, de la Malaisie, du Chili et de la Corée du Sud. Il a également publié une vidéo d’une conférence présentée en langue arabe, fin décembre 2016 à Oran, sur la méthode que l’Algérie doit suivre pour « sortir de la dépendance aux hydrocarbures ». Il a présenté un plan d’action précis en quinze points pour atteindre cet objectif stratégique.

À quelle logique obéissent toutes ces activités publiques ? Un simple passe-temps pour un retraité de la Banque mondiale et du ministère de l’Énergie ?

La nomination de Abdelmoumen Ould Kaddour à la Sonatrach peut signifier un retour graduel de Chakib Khelil, 78 ans,  aux affaires sous un titre ou un autre. Celui que Amar Saâdani, ex-secrétaire général du FLN, a qualifié du meilleur ministre de l’Histoire de l’Algérie peut avoir une des clefs de commande à distance de la Sonatrach.

Le contrôle politique du groupe pétrolier à moins de deux ans de l’élection présidentielle est stratégique pour la préparation des plans de l’après-Bouteflika 4. Dans le cas où l’actuel président décide de se présenter pour un cinquième mandat, malgré ses ennuis de santé, ou dans celui où le clan présidentiel se choisirait un autre candidat, le contrôle de la Sonatrach, comme instrument de pouvoir et d’argent, est vital.

D’où l’arrivée de Abdelmoumen Ould Kaddour aux commandes de la compagnie pétrolière. Ces dix-sept dernières années, les changements au sein de la Sonatrach annoncent toujours des déplacements de dés sur l’échiquier politique algérien.


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