Le lac de Tichy Haf attire de plus en plus de touristes

Nouvelles terres d’aventures



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Piquer une tête dans des eaux couleur vert émeraude et faire quelques brasses dans une immense piscine de 80 millions de mètres cubes. Une piscine enserrée dans un écrin de montagnes verdoyantes et qui n’a de toit qu’un ciel d’un bleu insolent. Seul au monde ou presque.

Avec juste quelques rapaces qui déploient leurs ailes au-dessus de votre tête, témoins muets de votre bonheur. Et puis il y a surtout le calme et le silence. Pas de camions qui vrombissent à vous perforer les tympans, pas de bruits de moteurs ni de klaxons rageurs. Juste le silence et les bruits feutrés de la nature.

Là, un oiseau qui chante l’amour ou les fruits trop mûrs. Un peu plus loin, le clapotis d’un gros poisson qui remonte à la surface pour gober un insecte ou une quelconque proie.

La félicité ! Par-delà ces plaisirs bucoliques et contemplatifs, on peut passer sans transition aux sensations fortes lorsque les décharges d’adrénaline vous catapultent dans un autre monde. Comment ? Par exemple, une tyrolienne qui vous permet de traverser un canyon noyé sous les yeux et vous donne, l’espace d’une précieuse poignée de secondes, l’impression d’être un oiseau.

Sur ces eaux aux couleurs sans cesse changeantes, on peut aussi pagayer tranquillement sur un canoë kayak, seul ou en binôme, et se croire quelque part dans l’ouest sauvage des Etats-Unis d’Amérique comme les Rocky Mountains ou le Colorado.

En fait, il suffit de lever les yeux pour apercevoir des villages accrochés à leurs flancs de montagne pour se rappeler qu’on est en Kabylie des Bibans. Précisément sur le lac artificiel de Tichy Haf qui s’est formé suite à l’érection d’un barrage haut de 90 mètres sur le cours de l’oued Bousselam à Ath Aidhel, entre les villages de Tamokra, Tizi Aidhel, Mahfoudha et Bouhamza. Bienvenue dans les nouvelles terres de nature et d’aventures.

Sensations fortes et besoin d’évasion

Ce sont toutes ces sensations fortes, ce besoin d’évasion et de dépaysement que sont venus chercher Chahine, 24 ans, doctorant en électronique, et Mohamed, 26 ans, ingénieur également en électronique, qui ont fui leur étouffante ville d’Alger pour une escapade d’une journée. Eux et une vingtaine de jeunes garçons et filles sont venus à bord d’un bus affrété par un club de loisirs dénommé «The Best Adventure in Algeria» et qui active essentiellement sur les réseaux sociaux.

Le pack proposé par le club pour Tichy Haf est le suivant : randonnée, kayak, tyrolienne, chute libre dans l’eau, baignade, transport et assurance, le tout à 4000 DA. Avouez que c’est plutôt tentant. Les photos postées sur Facebook par les derniers clients qui ont goûté à ces joies achèveront certainement les réticences de tous ceux qui hésitent à dire oui.

Mehdi et Rachda, les deux responsables du club, chapeautent le groupe pour cette sortie au lac. Chaque week-end, des sorties sont organisées un peu partout en Algérie pour des groupes qui varient entre 30 et 40 personnes. «Nous organisons des sorties culturelles et touristiques pour les particuliers et les familles comme les randonnées au Lac Noir, dans la forêt de l’Akfadou, Tikjda, Azrou n T’hor, dans le Djurdjura, Tiderfoud, El Kala, Collo, les balcons de Ghoufi sur la route de Biskra, Batna, Timgad et plusieurs autres destinations à travers le territoire national», informe Rachda Messaoudene.

Pour Tichy Haf, le club travaille en collaboration avec Bilel Lahneche qui anime la page Facebook «Seddouk nature et aventure», qu’il a créée avec son ami Kamel Khimouz. Originaire de Seddouk, Bilel est un jeune bourlingueur qui adore l’aventure sous toutes ses formes : escalade, parapente, randonnée pédestre, plongée sous-marine, tyrolienne, plongeons à partir de la tyrolienne, canoë kayak et tout ce qui donne des frissons et fait oublier le quotidien. «Je suis moniteur d’escalade et de parapente. Le parapente est un sport dans lequel je me suis lancé en autodidacte avec des risques énormes, ce que je déconseille vivement à tout le monde», dit-il avec le sourire. Rien ne lui fait peur. Il vit à cent à l’heure.

Des photos et des vidéos qui font le buzz

Toujours en quête de nouvelles aventures et sensations fortes, Bilel part souvent en exploration pour trouver des endroits restés encore à l’état sauvage, vierges et inaccessibles. C’est ainsi que les photos qu’il poste sur les réseaux sociaux lui attirent de plus en plus de fans séduits par la beauté des lieux visités, les défis que se sont lancés les aventuriers ou bien encore les activités qui sortent de l’ordinaire auxquelles ils s’adonnent. «Waow ! C’est où ça ? Ne me dites pas qu’on a ça en Algérie !», s’exclament la plupart de ceux qui voient ces endroits pour la première fois.

«Comme on était sans travail, on s’est dit qu’il y avait peut-être là un créneau à prendre et un peu d’argent à se faire. C’est comme cela qu’on a commencé à proposer des sorties encadrées à des sommes très modiques. La suite, c’est le bouche à oreille qui a fonctionné pour créer l’effet boule de neige», raconte Bilel.

«Cela a fait un buzz de tous les diables, car nous sommes les premiers à avoir proposé ces activités.» Du virtuel au réel, il n’y a qu’un pas que Bilel a franchi avec allégresse. Ces aventures au fil de l’eau ou dans les airs sont devenues le gagne-pain de cette bande de trois joyeux lascars qui travaillent pratiquement 7 jours sur 7. Après la prise de contact sur internet, les clients appellent pour réserver leur place. «Sur le site, par mesure de sécurité, nous encadrons toutes les activités que nous proposons. Il y a toujours un moniteur qui encadre, conseille et surveille.

De plus, nous veillons toujours à ce que les lieux soient aussi propres à notre départ qu’à notre arrivée. Nous reprenons tous nos déchets avec nous», explique Bilel. «Mon but n’est pas de gagner de l’argent. Non. Je fais les choses par passion. J’ai l’aventure dans le sang. Si j’ai des clients, c’est tant mieux, sinon je mène ma vie comme je le veux, je nage, plonge, vole, escalade ou pagaie partout où mes pas et ma petite R4 me mènent», dit-il, avec cette petite flamme de passion qui brille au fond de ses yeux que ses lunettes noires n’arrivent pas toujours à cacher. «Je me fiche que beaucoup de gens tentent de nous imiter.

Ce qui m’intéresse est de donner une nouvelle image de mon pays. Il est vrai que les touristes étrangers ne viennent plus dans notre pays, mais beaucoup de gens ramènent avec eux des amis étrangers et sont contents de leur montrer qu’on peut faire des choses en Algérie et qu’on a de magnifiques sites. Et puis vous savez avec internet et les réseaux sociaux, il n’y a plus de frontières», ajoute-t-il.

«Je veux changer l’image de l’Algérie»

Les clients de Bilel ne sont pas toujours d’anonymes cadres ou étudiants qui cherchent à un peu d’évasion. Dernièrement, c’est l’ambassadeur d’une puissance européenne, celui de l’Allemagne, pour ne pas le citer, qui est venu voler en parapente avec lui. L’ambassadeur de Grande-Bretagne a appelé pour réserver pour lui et sa petite famille. Un empêchement de dernière minute a fait qu’il a reporté sa visite, mais Bilel espère que ce n’est que partie remise.

Bilel n’est pas peu fier de nous présenter sa tyrolienne. Il a installé deux longs câbles d’acier de part et d’autre d’une lagune formée par les eaux du lac au creux d’un ravin. De vieux oliviers aux gros troncs noueux font office de piliers pour tendre les câbles longs de près de 120 mètres chacun.

«C’est la première et l’unique en Algérie, mais nous allons bientôt mettre en place la plus grande tyrolienne d’Afrique du Nord. Nous avons le matériel qu’il faut et nous faisons des démarches pour avoir les autorisations nécessaires, car nous voulons faire les choses dans les règles de l’art et de la sécurité», dit-il posément. «Nous voulons donner une nouvelle image de l’Algérie.»

Bilel est de ces jeunes Algériens en phase avec leur temps et qui sont dans l’action, pas le discours creux. Avec des moyens plus que modestes, il fait mieux que tout le ministère du Tourisme réuni pour promouvoir l’image de l’Algérie.

Au sommet d’une colline qui surplombe le lac, les jeunes Algérois attendent sagement leur tour pour s’envoler à l’aide de la tyrolienne comme des aiglons qui s’apprêtent à voler pour la première fois. La plupart ont les jambes un peu flageolantes, la peur au ventre et le cœur qui bat la chamade. Se suspendre à un câble au-dessus du vide n’est jamais rassurant, mais c’est un défi que tout le monde tient à relever, y compris votre serviteur.

Une montée d’adrénaline et 15 secondes de bonheur à se jouer de la gravité pour se prendre pour un oiseau qui fend les airs. Les joues enflammées, Narimane est encore sous le coup de l’émotion après sa traversée en aller retour. «Un pur bonheur», lance-t-elle. Chacun, évidemment, immortalise cet instant magique pour la postérité et les amis sur Facebook.

Après la tyrolienne traversée, c’est la tyrolienne plongeon. Au milieu de la traversée, on lâche prise pour un grand plongeon dans les eaux profondes de la lagune. Frissons garantis. Au même moment, des touristes s’offrent une baignade ou une escapade en kayak sur les eaux du lac. En fin d’après-midi, on se regroupe pour le départ au milieu d’un groupe de pêcheurs qui taquinent la carpe et le black bass. Les prises sont impressionnantes.

Les braises qui rougeoient promettent des grillades homériques. Pas pour le groupe des Algérois qui remontent dans leur bus en jetant un dernier coup d’œil sur les eaux du lac qui flamboient sous les ultimes rayons de soleil. Un regard qui dit : «C’est promis, on reviendra !»

A seulement deux heures d’autoroute d’Alger, le lac Tichy Haf possède de très grandes potentialités touristiques. Un magnifique plan d’eau et une nature faite de forêts et de vergers vierges de toute infrastructure. Actuellement, de plus en plus de citoyens viennent prendre du bon temps sur les berges du lac, même s’il n’y a que deux ou trois pistes cahoteuses qui y mènent. La plupart viennent pour des parties de pêche et des barbecues.

Calme, repos et dépaysement assurés. La région peut devenir un pôle touristique de premier ordre, si un effort est fait envers un tourisme écologique respectueux de la nature, de l’environnement et des traditions locales. De petites auberges peuvent accueillir des touristes friands de produits du terroir et de bivouacs au bord de l’eau, de balades en canoë, de parapente, de pêche de belles pièces à griller sur un feu de bois, de randonnées pédestres ou à dos de mulet, d’âne ou de cheval, pour ne citer que ces activités.

Avec un minimum d’efforts, un peu d’imagination et beaucoup de bonne volonté, le lac peut devenir le moteur de développement de toute la région des Ath Aidhel.


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