De l’impunité totale au châtiment sommaire

Le procès du régime de Bouteflika



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Résilients, les Algériens en marche depuis le 22 février poursuivent leur chemin vers la libération du pays avec la même vigueur. A chaque vendredi qui passe, ils montrent des signes de force. Les avis de faiblesse sont émis en face.

D’une inébranlable détermination, le «peuple du vendredi» n’est pas près d’abandonner. Il accomplit les tâches sans perdre de vue le but final de la grande bataille engagée. Impossible de le détourner du sujet central. Dans une intelligence collective, il ne se laisse pas non plus distraire par les coups de grâce spectaculairement donnés aux figures de premier plan du régime Bouteflika. Les Algériens prennent acte.

Cependant, les poursuites judiciaires lancées contre deux Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que d’ex-ministres placés en détention et d’autres qui font l’objet d’instruction en cours pour des faits de corruption sont des faits majeurs. Ils sont tout sauf marginaux. Un cas inédit dans les annales politiques et judiciaires du pays. Leur impact est certain. Une prise de guerre non négligeable du mouvement du 22 février.

Avant ces visages politiques rattrapés par l’histoire, la justice a placé dans son viseur les emblématiques hommes d’affaires dont la richesse a été acquise grâce à leur proximité – allégeance – avec le pouvoir de Abdelaziz Bouteflika. L’épisode judiciaire en cours, et qui se déroule à l’ombre de la révolution démocratique, signe le début de la fin d’une époque. Il témoigne si besoin est de l’interpénétration entre la gouvernance politique et les milieux d’affaires durant ces 15 dernières années.

Le jugement des responsables gouvernementaux, qui ont eu à contrôler directement l’appareil économique du pays, est directement lié aux poursuites contre les Haddad, Tahkout, Kouninef et consorts. Manifestation de deux mondes ultra connectés. Ce n’est pas une révélation. Cette union sacrée est connue de tous. Elle s’exerçait au grand jour. Ces méfaits palpables que certains – faussement étonnés – semblent découvrir aujourd’hui. Alertée sans cesse par les opposants, les acteurs de la société civile et les médias au moment opportun, la justice n’a pas osé agir à temps.

Impossible, car c’était l’un des instruments de la gouvernance politique en vigueur.

Un choix assumé avec arrogance et au mépris des lois, malgré les prévisibles périlleuses conséquences sur le pays de ce mariage douteux entre l’Exécutif et les milieux d’affaires créés de toutes pièces. Siphonage des capitaux publics, anéantissement des institutions de l’Etat, perversion des rapports sociaux et émergence d’une classe d’hommes d’affaires sans projet économique, n’est-ce celui de la captation boulimique de l’argent public via des marchés publics aux budgets faramineux.

Paradoxe de l’histoire, c’est la raison d’existence du régime politique depuis 20 ans qui est la cause-même de sa désintégration. L’infra-système que Bouteflika a bâti à l’intérieur du supra-système s’écroule en entraînant ses propres acteurs dans une chute fatale. A l’impunité totale que leur a procuré la puissance du pouvoir, succédera le châtiment violent et sommaire infligé aux bannis. Délogés par les Algériens révoltés et condamnés par l’histoire.

Il va sans dire que les poursuites judiciaires bruissantes vont pleuvoir encore sur la galaxie bouteflikienne. Rares sont ceux qui ne passeront pas à la trappe. La saison de chasse aux «Bouteflika boy’s» est désormais ouverte. Mêlant règlements de comptes et «volonté» de faire justice, c’est tout le régime du raïs déchu qui sera mis au box des accusés après s’être placé au ban de la nation. Le procès d’une époque politique et de ses hommes forts, rendu possible par la révolution démocratique en cours, a eu comme conséquence immédiate l’inversion des rapports de forces à l’intérieur du sérail. Les maîtres humiliants d’hier deviennent des parias.

Si en effet dans ce contexte insurrectionnel, le jugement de ces symboles politiques emblématiques et les têtes d’affiche de la corruption est difficile à éviter, parce que c’est une demande populaire «légitime» et surtout politiquement rentable, il ne peut cependant constituer à lui seul l’unique réponse à la crise algérienne. L’exigence des Algériens va au-delà du procès du pouvoir. Aussi utile soit-elle, la pénitence infligée aux dirigeants responsables de la catastrophe nationale serait une supercherie si elle n’est pas accompagnée d’une véritable transition politique. Laquelle transition devra débaucher sur la mise en place d’un nouvel ordre politique et social où il ne sera plus possible de reconstituer les tares dégénératives du régime quasi monarchique de Bouteflika.


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