Amara Zitouni

« La concurrence : un moyen efficace de lutte contre la corruption »



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La concurrence est un des moyens efficaces de prévention et de lutte contre la corruption, principalement dans l'attribution de marchés publics. C'est ce qu'a affirmé,ce lundi à Alger, le président du Conseil de la concurrence Amara Zitouni, en marge d'une journée d'étude sur la mise en œuvre du programme de conformité aux règles de la concurrence, organisée avec le support du programme d'appui à la mise en œuvre de l'accord d'association Algérie-Union européenne (P3A).

Selon lui, les règles de la concurrence et la lutte contre la corruption sont intimement liées. Comme pour démontrer ce lien et cette proximité, il a indiqué que « la concurrence et la corruption sont deux faces d'une même médaille ». La présence et le respect des règles de la concurrence sur le marché font donc nettement reculer les pratiques de corruption. Indiquant ne pas être influencé par la conjoncture que traverse le pays, à savoir la campagne judiciaire lancée contre des hommes d'affaires et de hauts responsables impliqués principalement dans des affaires de corruption, M. Zitouni affirme que cette règle n'est pas propre uniquement à l'Algérie, mais c'est l'avis des experts internationaux qui assurent que la présence de la concurrence sur le marché signifie un net recul de la corruption. Toutefois, il a signalé que cette règle n'éradique pas à elle seule ce phénomène de corruption. « Cela n'est qu'un levier parmi d'autres, mais elle contribue dans la prévention et la lutte contre la corruption », a-t-il précisé. Pour ce qui est de ce programme de conformité aux règles de la concurrence, Zitouni a expliqué que l'objectif est de convaincre les entreprises à y adhérer volontairement et à respecter les règles de la concurrence et ses valeurs, donc de les appliquer d'une manière spontanée. Car, dit-il, les entreprises qui appliquent ces règles gagnent en image, en compétitivité et garantissent leur pérennité sur le marché. Ce programme, explique-t-il, a été proposé par le Conseil à 71 entreprises représentant l'ensemble des secteurs d'activité (hydrocarbures, téléphonie mobile et fixe, transport aérien, assurances, médicament…). Des entreprises publiques et privées d'envergure nationale ainsi que des associations professionnelles ont ainsi réagi positivement à cette initiative du Conseil de la concurrence. Il s'agit, entre autres, de Sonatrach, Sonelgaz, Condor, Asmidal, Algérie Poste, Naftal, APAB et Saidal.

Par ailleurs, le président du Conseil de la concurrence est revenu sur les contraintes auxquelles fait face cette autorité qui, souligne-t-il, entravent l'accomplissement de ses missions. Il s'agit notamment de celle liée au cadre juridique relatif à la concurrence actuellement en vigueur, qui est « dépassé », voire caduc. En effet, et selon les explications de Zitouni, le droit de la concurrence évolue pour s'adapter au marché, or le marché évolue constamment, donc les lois sur la concurrence doivent évoluer parallèlement. Se fiant à un audit législatif réalisé par le Conseil, 50 articles de loi sur 114, régissant la concurrence, doivent être revus ou abrogés. Le statut juridique du Conseil constitue également une autre contrainte. La loi garantit à l'autorité une autonomie, mais « dans les faits ce n'est pas le cas », soulignant des interférences avec l'Exécutif.


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