Au secours, Bouteflika revient !



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La marche – officiellement de dénonciation de la résolution du Parlement de l’Union européenne sur l’Algérie, qui s’est transformée en manifestation de soutien à l’élection présidentielle et au chef d’état-major Gaïd Salah – à laquelle a appelé samedi l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a poussé l’ensemble des satellites traditionnels du pouvoir à interrompre leur retraite anticipée forcée, intervenue à la suite de la chute de Bouteflika et l’émergence du mouvement populaire du 22 février, pour reprendre du service au premier coup de clairon.

Dans les premiers rangs de la marche d’Alger, on pouvait distinguer en effet, aux côtés des cadres syndicalistes de la centrale syndicale, sponsor officiel, à leur tête son nouveau secrétaire général, des responsables d’organisations dites de masse affiliées au Fln, parmi eux des «personnalités» dont le parcours militant est intimement associé au règne de Bouteflika et dont ils ont cautionné, avec un zèle et un asservissement frisant l’indignité, tous ses mandats successifs, y compris le 5e mandat avorté.

On a même eu droit, pour la circonstance, au retour d’une des figures qui incarne le plus l’allégeance et la flagornerie de Bouteflika, en l’occurrence le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), M. Aloui. Emmitouflé dans sa kachabiya, seul lien qu’on lui connaît avec la paysannerie, ce paysan en col blanc, qui avait surenchéri lors de la campagne de soutien au 5e mandat de Bouteflika en s’engageant à collecter la bagatelle de 5 millions de signatures de souscriptions, avait été appelé à la rescousse pour cette messe de dénonciation de l’ingérence étrangère en présidant une réunion d’urgence de son conseil national et en mobilisant ce qu’il pouvait pour la marche d’Alger.

Les images retransmises par la Télévision nationale donnaient froid dans le dos tant elles nous rappelaient une page sombre de la gouvernance du pays. On pensait que tout ce beau monde, qui a fait l’âge d’or du système Bouteflika réuni au grand complet lors du rassemblement de soutien au 5e mandat de la coupole du 5 Juillet, avait un peu de bon sens politique pour se retirer de la scène après le référendum populaire du 22 février en faveur du changement radical du système en place auquel ces appareils du pouvoir ont grandement contribué à sa légitimation politique et à sa longévité.

C’est méconnaître le système qui a fait plus d’une fois la démonstration depuis l’indépendance qu’il sait trouver les ressorts nécessaires pour se régénérer et revenir plus fort qu’avant à chaque fois qu’on le donne pour mort et enterré, comme c’est le cas cette fois-ci également. Sonnés par la foudre citoyenne du 22 février, les partis de l’alliance présidentielle de Bouteflika, particulièrement le Fln et le Rnd qui constituaient l’ossature du cartel, suivis par les clientèles du régime issues des organisations de masse et des associations rentières de la société civile totalement acquises à l’idée d’une présidence à vie qui se dessinait, ont tenté, sans succès, de surfer sur la vague du hirak au début du mouvement.

Copieusement conspuées à travers les slogans des marches du hirak qui se recoupent dans ce mot d’ordre générique d’appel pour le départ de tout le système, ébranlées par l’étêtement du régime de Bouteflika, ces béquilles du pouvoir ont essayé désespérément de survivre à la bourrasque en cherchant à enfourcher la vague du hirak avant de s’effacer physiquement de la scène politique mais tout en demeurant en mode veille guettant le moment propice pour rebondir. C’est ce qu’ils firent à la première opportunité qui s’est présentée à eux.

En sauveurs autoproclamés de la patrie en danger, dont on sait, au demeurant, ce qu’ils en ont fait, vu l’état désastreux dans lequel ils ont laissé le pays – un fonds de commerce récurrent qui se décline comme la marque de fabrique du système –, ils sortent du bois à un moment où on ne les attendait plus. Cela, pour un objectif clair : parasiter le hirak, entretenir le doute et la confusion en son sein, faire basculer le corps électoral en faveur de l’élection présidentielle du 12 décembre.

La mobilisation populaire grandiose de la marche du 41e vendredi a apporté une nouvelle preuve cinglante que le mouvement est vacciné et immunisé contre toutes les attaques. Avec cette tentative de résurrection du système, le nouveau pouvoir qui a succédé à Bouteflika aura beaucoup de peine à convaincre que le recyclage du régime de Bouteflika dénoncé par le hirak est une accusation sans fondement.


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