Tebboune veut proscrire le discours de la haine



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La lutte contre le discours de la haine est devenue de nos jours impérative au vu de la gravité des conséquences de ce genre d'agression à la cohésion sociale de manière générale. Notre société n'est pas en reste de ce phénomène, qui prend de plus en plus d'ampleur et menace le tissu social.
Un phénomène qui a atteint son paroxysme durant le hirak avec moult dérapages sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux.
C'est dans cette logique que s'inscrit l'instruction du président la République, Abdelmadjid Tebboune, ce lundi 13 janvier 2020 au Premier ministre Abdelaziz Djerad, d'élaborer un projet de loi criminalisant toutes le formes de racisme, de régionalisme et discours de la haine dans le pays, selon un communiqué de la présidence de la République.
On explique que cette mesure intervient après constat d'une recrudescence du discours de la haine et de l'incitation à la discorde, notamment à travers les médias dits alternatifs. Le texte de loi en question, indique-t-on, aura pour objectif aussi de faire face à toute personne exploitant la liberté et le caractère pacifique du mouvement populaire pour brandir des slogans portant atteinte à la cohésion nationale.
« Tout un chacun est appelé à se conformer à la Constitution et aux lois de la République, notamment le respect des constantes de la Nation et de ses valeurs, les principales composantes de l'identité et de l'unité nationales, ainsi que les symboles de l'Etat et du peuple », conclut le communiqué de la présidence de la République.
Il faut dire que les dérapages versant dans la haine et l'incitation à la discorde se sont multipliés ces derniers temps et que les propos tenus par le directeur de la Culture de la wilaya de M'sila Rabah Drif, dénigrant le chahid Abane Ramdane le traitant de « grand traître », ont été la goutte qui a fait déborder le vase. Une dérive qui lui a valu le limogeage quelques heures après la publication de ses invectives et de graves accusations sur son compte Facebook.
Ainsi, la loi sur la criminalisation de tout propos relevant de l'invective, de la haine et de la discorde, permettra de renforcer la protection des libertés individuelles et collectives, qui font souvent l'objet d'attaques horribles, injustifiées et d‘intolérance délibérée, malgré leur garantie par la Constitution.
Car ces pratiques odieuses s'exercent sous plusieurs formes, ciblent diverses catégories sociales tels les groupes religieux, certaines minorités, les femmes et tout ce que l'on qualifie de « l'autre ».
On réalise plus l'utilité publique de cette mesure quand on sait la nocivité et la dangerosité de ces discours dans d'autres contrées, et qui ont conduit à des guerres larvées, puis civiles et à des génocides.
Il va falloir donc prendre des dispositions coercitives contre tout acte relevant de l'incitation à la haine, accompagnées surtout d'un travail de prévention dans le souci de stopper ce phénomène à sa germination et jusqu'à son éradication totale de la société.
Il faut dire que plusieurs dérapages ont été enregistrés tout au long du hirak, qui en est à son onzième mois, allant jusqu'à créer un clivage au sein du mouvement de contestation populaire.
À ce sujet, le professeur politologue Driss Cherif a indiqué que « les médias audiovisuels et les réseaux sociaux ont produit et véhiculé un discours haineux et très dangereux, qui a été à l'origine d'actes de violence dans certaines wilayas par des groupes de « baltaguia » contre les manifestants lors de la 45e marche citoyenne.
Des dérapages qui n'ont pas suscité de réaction de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (l'ARAV), celle-ci n'ayant pas jugé utile de mettre un terme au torrent haineux diffusé en continu et en toute impunité par des chaînes de télévision. D'où le limogeage récent de son président et son remplacement par Mohamed Louber, un expert en droit et en audiovisuel. Les parquets, étant aussi aux abonnés absents, n'ont pas réagi face aux dérapages verbaux. Durant ces dix mois, presque tout le monde a failli.


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