48e vendredi de mobilisation à Béjaïa

Maintenir le cap



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Image d’un 48e vendredi de hirak à Béjaïa : sur de grands portraits brandis par un carré de marcheurs, Boudiaf et Aït Ahmed encadrent Massinissa et Jugurtha. Sans légende et sans slogan.

Juste les portraits de ces quatre figures appartenant à deux générations que séparent 2000 ans d’existence et que réunit une histoire commune. Sans doute faut-il voir dans le message subliminal délivré par ses concepteurs, la volonté de réconcilier l’Algérie, terre de résistance, avec son histoire, son identité millénaire et ses valeurs ancestrales.

Même si la principale revendication de ce mouvement national qui bouclera bientôt sa première année d’existence est d’abord d’instaurer un Etat de droit aux mains des civils, il va de soi que, laissés en suspens depuis l’indépendance, tous les problèmes d’une nation en devenir sont venus se greffer dessus. Comme en témoignent les pancartes et les calicots des marcheurs chaque vendredi que le hirak fait.

Des images fortes ou des slogans choc, il y en a eu beaucoup dans la capitale hammadite en ce vendredi carrément printanier, tellement le soleil était radieux. Seul l’assourdissant hélicoptère de la police nationale vrombissant au-dessus des foules lui disputait quelque peu la vedette. Il suffisait de parcourir les carrés de la marche pour se remplir les yeux et les oreilles, Béjaïa faisant un point d’honneur à être à la hauteur de la réputation qu’elle s’est forgée au fil des vendredis de la Révolution du sourire.

A propos de la police, justement, tout le monde aura noté son retour en force sur le terrain. Des policiers en uniforme veillaient au grain un peu partout et des fourgons ainsi que des voitures appartenant à ce corps des services de sécurité étaient ostensiblement stationnés à tous les carrefours de l’itinéraire de la marche. Depuis le début du hirak, des consignes avaient été données pour un retrait général des troupes bleues à l’heure de la marche.

Pendant des mois, les marches se sont faites sans un seul policier en vue, mis à part, bien évidemment, les éléments des Renseignements généraux, habitués à évoluer en sous-marins immergés dans les mouvements de foule. C’est chose désormais entendue : la police est là et bien là, quoique sans intention de sévir ou d’intervenir si ce n’est dans les conditions de trouble de l’ordre public.

L’apparition d’un premier slogan dédié au nouveau chef de l’état-major, le général Saïd Chengriha, est sans doute anecdotique, mais il est révélateur d’un mouvement hirakien qui tente tant bien que mal de s’adapter à la nouvelle donne politique et aux bouleversements que connaît la scène nationale. «Essem3i ya dhoubaba, Chengriha f debaba, rah yahmi fel 3issaba, yatnahaw gaâ !» Ce que l’on pourrait grossièrement traduire comme étant un message envoyé aux mouches électroniques que Chengriha remplit les mêmes fonctions de protection de la «bande» au pouvoir que son prédécesseur Ahmed Gaïd Salah.

Toutefois, depuis la mort surprise de ce dernier, le hirak, qui en avait fait sa principale cible, a du mal à se trouver un ennemi intime consensuel, car ni Tebboune, nouvellement élu et donnant l’impression de lâcher du lest, ni le très effacé Chengriha, en retrait par rapport à l’actualité politique, ne remplissent le vide laissé par Gaïd Salah.   

A cela, il faut ajouter le fait que beaucoup de prisonniers d’opinion ont été élargis ces derniers jours. C’est ce qui fait, sans doute, qu’un petit flottement est perceptible au niveau des slogans qui ont du mal à s’ajuster à la nouvelle réalité.

Ce qui a caractérisé ce 48e vendredi à Béjaïa, c’est encore et toujours la forte mobilisation qui semble loin de marquer le pas même si au niveau de l’organisation, de légers dysfonctionnements ont fait leur apparition. Problème de leadership entre les grands courants protagonistes qui composent le hirak sur le plan local, certains carrés essaient de démarrer plus tôt pour prendre la tête de la marche ou le meilleur emplacement, sans attendre que tout le monde soit prêt ou que l’affluence ait atteint son taux le plus élevé. Les espaces se sont également mis à s’élargir entre les carrés sans compter que les carrés de certains quartiers, comme celui d’Ihaddaden, font cavalier seul.

Interrogé sur ce point, Ghilas, un jeune militant qui n’a pratiquement raté aucune marche à ce jour, a bien voulu nous faire part de son opinion : «La dynamique populaire demeure intacte, mais on ne peut pas se mentir que, depuis l’élection présidentielle, elle baisse un peu.»

Les prochains vendredis seront certainement décisifs, d’autant plus que le hirak s’apprête à fêter son premier anniversaire.


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