Exportations de céréales vers l’Algérie

La Russie tente à nouveau de se placer



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Alors que l’Algérie vient de lancer un nouvel appel d’offres d’importation de céréales, pour chargement en mars, dont la provenance sera en principe française, la Russie ne désespère pas de bousculer ce fournisseur «traditionnel» en se plaçant sur le créneau – plutôt porteur – des achats algériens, en blé, même si le gouvernement a décidé, en 2019, de ralentir la cadence des importations.

La Russie se prépare ainsi à envoyer «de nouveaux échantillons à l’Algérie, dans l’espoir de pouvoir exporter vers cette destination dans un avenir proche», indique le cabinet spécialisé français Agritel. La Russie revient donc à la charge après avoir envoyé, en mars 2019, un lot test de 21 tonnes de céréales, pour des analyses, sans que la réponse ait été favorable en raison de la non-conformité des caractéristiques du blé russe avec le cahier des charges établi par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Une délégation algérienne a effectué, en outre, un déplacement en Russie en vue d’étudier non seulement «la qualité du blé, mais aussi les conditions de stockage, de chargement et de transport, qui sont des facteurs déterminants», selon le ministère de l’Agriculture, pour apprécier le rapport qualité/prix.

Depuis quelques jours, la presse spécialisée française s’inquiète, de nouveau, de l’offensive russe, d’autant, que «l’Algérie, notre plus gros client, essaie de réduire ses importations, depuis la forte chute du prix du baril en 2014», indique le site Paysan Breton, qui se demande dans un article publié sur son site internet «si la France pourra atteindre, cette année, les objectifs d’exportation de blé».

Le site rappelle que «l’Algérie a décidé  une restriction de ses achats de 2 millions de tonnes –en majorité du blé tendre – par rapport à l’an dernier, pour préserver des réserves de dollars». Le gouvernement avait décidé, lors d’un Conseil interministériel tenu en juin dernier, «la mise en place, d’un comité de veille, de régulation, de contrôle et d’évaluation de la céréaliculture, auprès du ministre des Finances et associant les ministres du Commerce, de l’Industrie et de l’Agriculture. Chargé de concevoir une approche, claire et à court et moyen termes, en matière de rationalisation de la gestion et de l’importation des céréales».

La mission dévolue au comité est celle d’effectuer «un audit global concernant le respect des obligations juridiques par l’ensemble des opérateurs» activant officiellement dans le domaine. Par ailleurs, les pouvoirs publics se sont penchés sur «l’examen des voies et moyens du développement de la filière blé et des mesures à prendre dans les domaines de production, stockage, importation et de distribution».

Il est à savoir que durant les huit premiers mois de 2019, les importations des céréales de l’Algérie ont reculé de plus de 14% pour atteindre 1,84 milliard de dollars, selon les chiffres répercutés par la direction générale des Douanes (DGD). De janvier à août derniers, les importations des céréales, qui ont représenté près de 34% de la facture globale des importations, ont atteint 1,841 milliard de dollars, contre 2,151 milliards de dollars durant la même période de l’année dernière, enregistrant ainsi une baisse de 14,42%, selon les données statistiques de la direction des études et de la prospective des Douanes (DEPD).

Une tendance baissière des importations des céréales, qui pourrait être appelée à se poursuivre durant les prochains mois, encouragée par une importante production nationale enregistrée durant la campagne 2018-2019, notamment pour l’orge et le blé dur, selon les objectifs tracés par les pouvoirs publics. Une option qui a été réaffirmée par le président Tebboune lors de sa première sortie publique à l’occasion de l’inauguration de la Foire de la production nationale. Le recul des chiffres de l’importation, lors de la seconde partie de l’année 2019, a été notamment dû à la suspension, en juin 2019, des importations de blé dur notamment.

L’organisme business France a rappelé récemment que «le gouvernement algérien (…) a annoncé une réduction de 35,55% des importations de blé tendre pour l’année 2020». Ainsi, 4 millions de tonnes devaient être importées contre 6,5 millions de tonnes en 2019, dont 4,6 millions de tonnes/an de blé importés de France durant la campagne 2018/2019. Les importations de blé tendre sont restées cependant assez soutenues. 


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