Alger disposée à abriter une réunion entre libyens



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L'Algérie est disposée à accueillir dans les prochains jours une réunion de dialogue entre les libyens afin de faire taire le langage des armes et favoriser un règlement pacifique de la crise qui dure depuis 2011 dans ce pays. C'est qu'a affirmé ce jeudi à Alger le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, lors de la réunion des ministres des affaires étrangères des pays voisins de la Libye. La rencontre qui s'est déroulée dans la foulée de la réunion de Berlin sur la Libye a regroupé les chefs des diplomaties de la Tunisie, le Tchad, le Niger, le Soudan, l'Egypte, le Mali et le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Il s'agit d'une démarche politique privilégiant principalement le dialogue et la réconciliation nationale entre les frères libyens, loin de toute ingérence étrangère, selon M. Boukadoum.
Initiée par l'Algérie, cette réunion s'inscrit dans le cadre de efforts diplomatiques consentis par Alger et la communauté internationale en vue d'aboutir à un règlement pacifique de la crise libyenne, a indiqué M. Boukadoum.
Elle intervient après quelques jours du sommet de Berlin qui a conduit « à des résultats non négligeables notamment la cessation des hostilités en Libye qui représentaient une vraie menace pour la sécurité des pays alors que pointait à l'horizon une exacerbation de la tension avec l'implication des forces turques en Libye » a estimé M. Boukadoum qui a insisté sur l'importance du respect des parties concernées d'un cessez-le-feu durable et le renforcement de l'embargo, signé en 2011, visant à interdire l'introduction des armes en Libye.
« La participation d'Alger au congrès de Berlin le 18 janvier a consolidé sa position quant au soutien à toute solution politique basé sur le langage de la raison », a-t-il affirmé, invitant, au demeurant, les parties libyennes à s'impliquer sérieusement dans le processus politique.
Partant de cette approche, l'Algérie se dit, par ailleurs, « prête à abriter, dans les prochains jours un dialogue entre les libyens loin des injonctions et interventions étrangères », a fait savoir M. Boukadoum. Cette initiative, insiste le chef de la diplomatie algérienne, n'a pas pour objectif de concurrencer les autres efforts et propositions allant dans le sens du règlement du conflit libyen, précisant que le cercle de concertation pourrait être élargi à tous les pays voulant contribuer à trouver une solution pacifiques et définitive au conflit. S'agissant de l'annonce faite par le ministre libyen des affaires étrangères, dans le gouvernement d'union nationale, Mohamed Tahar Siyala, de ne pas participer à cette réunion, M. Boukadoum a précisé qu'aucune invitation n'a été adressée aux parties libyennes ajoutant qu'il s'agit d'une réunion entre voisins de la Libye.
Intervenant lors de cette rencontre, le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Choukri, a dénoncé l'ingérence turque et le déploiement de ses forces militaires sur le territoire libyen, estimant qu'il n'est permis à aucune force de mettre en péril la sécurité de la Libye dont la stabilité est étroitement liée à celles des pays voisins. Le ministre égyptien a estimé que le respect par la communauté internationale de la feuille de route de Berlin permettra énormément d'éviter la complication de la situation en Libye, mettant l'accent sur cinq points essentiels pour sortir de la crise qui perdure depuis 2011. Le Caire voit donc primordiale la réforme du d'un Conseil présidentiel, la formation d'un gouvernement consensuel, l'interdiction des armes aux milices ainsi que l'unification de l ‘armée libyenne.
Quant au ministre tchadien des AE, Mohamed Cherif Zine, il a tenu à attirer l'attention sur la gravité de l'instabilité sécuritaire dans la région au vu de la proximité géographique, accentuée par le flux incontrôlé des armes via la Libye, faisant de l'ensemble de la zone du Sahel un fief des groupes terroristes. Un constat qui nécessite, de son avis, l'intensification des efforts de part et autre pour dégager un consensus où convergent toutes les parties prenantes libyennes dans l'espoir d'un apaisement durable à ce conflit persistant.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a quant à lui, réitéré la portée des résultats ayant sanctionné la réunion de Berlin, saluant par la même occasion le rôle de l'Algérie dans sa démarche à rassembler les différentes visions et de rendre ces rounds de consultations un espace de la promotion de la paix et de la stabilité dans la région africaine. Il a fait observer que le soutien allemand consiste à donner un « coup de pouce diplomatique » pour la dynamisation du processus de paix engagé par les Nations unies en Libye.
Suite aux menaces d'exacerbation de la tension en Libye qui pouvaient avoir des répercussions sur les pays voisins, la diplomatie algérienne a repris en main le dossier libyen multipliant les rounds de concertations avec les partis impliquées ou concernées par le conflit. Selon des sources diplomatiques algériennes, l'Algérie s'apprête à recevoir prochainement le ministre turc des affaires étrangères ainsi que d'autres rencontres qui regrouperaient les parties belligérantes libyennes dans l'espoir de réduire le fossé entre le gouvernement de Tripoli et celui de Tobrouk.


Les MAE voisins de la Libye en conclave à Alger (Photo : Riad Abada-JI)


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