Ali Laskri. Coordinateur de l’instance présidentielle du FFS

«Le régime a joué plusieurs cartes pour ne pas transférer le pouvoir au peuple»



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Le coordinateur de l’instance présidentielle du FFS et membre des forces du Pacte de l’alternative démocratique (PAD), Ali Laskri, revient, dans cet entretien, sur l’objectif des assises, prévues pour aujourd’hui.

Il s’exprime aussi sur la situation politique actuelle et dénonce «le grenouillage politique du régime» qui joue toutes «les cartes afin d’éviter tout transfert du pouvoir au peuple». Pour Ali Laskri, le FFS, qui «a toujours subi les représailles du pouvoir en place», refuse de se soumettre. «La priorité pour le FFS, c’est d’accompagner la révolution populaire, pacifique et unitaire, qui revendique un changement radical du régime», souligne-t-il.

 

Entretien réalisé par  Madjid Makedhi

 

-Les forces du Pacte de l’alternative démocratique (PAD) tiendront leurs assises nationales aujourd’hui à Alger. Quel est l’objectif de cette rencontre ?

Les assises nationales pour l’alternative démocratique et pour la souveraineté populaire se tiendront aujourd’hui, samedi 25 janvier 2020. Elles sont ouvertes à toutes celles et tous ceux qui adhèrent au projet de la transition démocratique auquel le FFS n’a pas cessé d’appeler et qui permettra de passer d’un système autoritaire vers un système démocratique, et à l’impératif historique d’un processus constituant souverain et qui rejettent également la mascarade de la dernière présidentielle et l’opération politique en cours, marquée par la volonté de régénérescence du régime, qui, en mal de légitimité, multiplie les rencontres et les opérations de charme tant au niveau national qu’international, sans résultat concordant avec les aspirations populaires, mais dans le seul et unique but de s’offrir une crédibilité et une confiance que le peuple lui dénie.

-Depuis sa création en juin dernier, le PAD a organisé plusieurs rencontres qui ne se sont pas traduites, selon certains observateurs, par des actions concrètes. Êtes-vous d’accord avec cette critique ?

Pour un observateur initié, l’initiative du PAD constitue en elle-même une action concrète qui va en harmonie avec la révolution populaire pacifique, dans la mesure où le Pacte de l’alternative démocratique a permis la convergence des forces qui partagent un objectif politique commun, à savoir la transition démocratique et un processus constituant souverain. Et les rencontres organisées jusque-là, notamment la rencontre de concertation du 26 juin sanctionnée par un pacte politique pour une véritable transition démocratique et la convention nationale du 9 septembre 2019 qui a consacré l’élargissement du PAD à d’autres acteurs politiques et de la société civile, ont permis de mieux définir la démarche. Plusieurs actions ont été menées, en direction des acteurs politiques, associatifs, syndicalistes et militants des droits de l’homme.

Cela constitue un message clair de l’existence de partis et des personnalités qui s’inscrivent en cohérence avec les aspirations populaires et en totale discordance avec la démarche du pouvoir et de ses supplétifs. N’oublions pas le rôle joué par le PAD dans différentes régions du pays, notamment là où la répression s’est abattue sur les manifestants pacifiques, ainsi que notre présence et solidarité avec les détenus politiques et d’opinion. Mais, force est de constater que dans un climat de violence terrible à l’égard des militants de la démocratie, et face à un champ politique et médiatique fermé, il est plus facile de rendre visible ceux qui répondent au chant des sirènes que ceux qui leur résistent.

-Après onze mois de manifestation du mouvement populaire, le pouvoir refuse toujours de céder. Après l’élection du 12 décembre, il entre dans une nouvelle phase de mise en œuvre de sa feuille de route. Le régime a-t-il réussi à contourner, une nouvelle fois, la volonté populaire ?

Fidèle à lui-même, le système refuse de faire sa mue, il persiste dans ses pratiques et ses sombres manœuvres. La dernière en date, le coup de force du 12 décembre 2019 est un autre acte de mépris à l’égard du peuple algérien. Le pouvoir n’a fait que confirmer sa nature autoritaire et despotique. Le FFS réitère son hommage au peuple algérien qui exprime chaque vendredi, chaque mardi dans le pays, et chaque dimanche à travers son immigration, son rejet d’un pouvoir en uniforme dans une couverture civile, qui vient à travers la mascarade électorale ternir encore une fois l’image de l’Algérie dans le monde. Le coup de force du 12 décembre n’a pas fait évoluer la situation. A défaut d’une légitimité nationale, le régime recherche une légitimité internationale à travers une campagne de séduction en direction des puissances étrangères.

-Nous avons assisté, durant ces derniers mois, à une division des partis de l’opposition. Ne pensez-vous pas que cette situation a aidé le pouvoir de fait ?

L’engagement du FFS à travers le PAD vise à créer des ponts entre tous ceux qui croient en le peuple algérien et en l’alternative démocratique, en opposition à l’alternance clanique, par laquelle le pouvoir s’est maintenu depuis l’indépendance. Cette même alternance clanique pratiquée par le régime et applaudie par une certaine classe politique connue, que certains relais médiatiques ont qualifiée, à tort, d’opposition. Ceci n’a pas été, évidemment, du goût du pouvoir, qui comme à ses habitudes torpille les partis qui se sont farouchement opposés à sa démarche antinationale. A cet effet, notre parti paye le prix fort de ses positions, en totale cohérence avec les aspirations populaires, en droite ligne avec ses fondements depuis 1963 à ce jour, et en fidélité au parcours et combat de notre Président, feu Hocine Aït Ahmed. Le pouvoir a mené une campagne de dénigrement, de mensonge et de sape par ses relais médiatiques à l’égard du parti, et de ses dirigeants en semant les germes de la division à l’intérieur des structures pour le neutraliser et l’éloigner du terrain des luttes démocratiques et sociales

-Le président Tebboune entame des consultations avec des personnalités et des chefs de partis. Quel est l’objectif de cette démarche, selon vous ?

La feuille de route du nouveau locataire d’El Mouradia désigné est loin de rompre avec les pratiques archaïques du régime. Habitué au grenouillage politique, le régime a joué plusieurs cartes pour ne pas transférer la souveraineté au peuple. De l’application de l’article 102 d’une Constitution antidémocratique au coup de force du 12 décembre 2019, le pouvoir reste sourd aux revendications légitimes du mouvement populaire. Dans les conditions actuelles de manque de légitimité, le pouvoir ne peut être à même de répondre aux aspirations des citoyens, qui souhaitent la rupture avec le régime. La réforme de la Constitution sera semblable aux précédentes.

Est-il utile de rappeler que lors de l’adoption de la première Constitution de l’Algérie indépendante en septembre 1963, après la préparation du texte fondamental par l’Assemblée nationale constituante, le pouvoir exécutif, incarné à ce moment-là par le duo Ben Bella-Boumediène, a chargé un groupe d’experts en vue de rédiger la première Constitution de l’Algérie indépendante sans le peuple, voire contre le peuple. Depuis, les différentes Constitutions ont été marquées par l’exclusion du peuple dans son aspiration à consacrer son autodétermination. La Constitution est d’abord une question politique à travers un projet de société, la mise en place d’une commission technique nous édifie sur les objectifs de ses initiateurs, la nouvelle Constitution sera encore une fois un moyen de sauver le système, ses symboles et ses pratiques qui ont ruiné le pays.

-Le FFS répondra-t-il à une éventuelle invitation de la part de la Présidence ?

La priorité pour le FFS, c’est d’accompagner la révolution populaire, pacifique et unitaire, qui revendique un changement radical du régime. Le FFS reste mobilisé et déterminé à poursuivre son combat aux côtés des Algériennes et des Algériens pour imposer une véritable transition démocratique à travers un processus constituant souverain et l’avènement de la IIe république. Notre camp est dans la société, dans son avenir et dans son devenir. M. M.


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