Visite d’Erdogan à Alger

une source libyenne explique le dessous des cartes



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Par Nabil D. – «La conférence internationale sur la paix en Libye s’est achevée en laissant bien plus de questions que de réponses. Bien que des intermédiaires étrangers influents aient à nouveau appelé à une solution politique à la crise de près de neuf ans, tout indique que la paix n’est pas beaucoup plus proche qu’elle ne l’était avant le rendez-vous allemand», a indiqué une source libyenne à Algeriepatriotique.

«Pour rendre certaines choses plus claires, il n’est pas nécessaire de procéder à une analyse détaillée des négociations et de leurs résultats présentés dans le communiqué final de Berlin, mais il convient de prêter attention uniquement au fait que la Turquie, l’un des pays les plus impliqués dans la guerre civile libyenne, s’y était engagée. Alors que tous les efforts de la diplomatie allemande étaient axés sur la recherche d’un terrain d’entente et le développement de bases pour un cessez-le-feu à long terme entre les parties belligérantes, Ankara continuait de recruter des combattants syriens à envoyer en Libye pour soutenir les troupes du gouvernement d’accord national», explique cette source.

La Turquie, qui appuie Tripoli, et les Emirats arabes unis, soutiens inconditionnels de Khalifa Haftar, continuent d’alimenter la guerre en Libye, pendant que l’Algérie s’emploie à y rétablir la paix. La visite de Recep Tayyip Erdogan dans notre pays ce dimanche ne devrait pas aboutir à un fléchissement de la position d’Ankara dans le dossier libyen sur lequel la Turquie veut avoir la haute main.

Notre source se réfère à une information révélée par l’agence de presse Asia Times dont le correspondant local aurait «visité un des trois centres de recrutement dans les régions du nord-ouest de la Syrie, contrôlé par la Turquie» où  «l’enrôlement de combattants pour leur envoi en Libye ne s’est arrêté ni avant ni après la conférence de Berlin». «Environ 800 personnes seront déployées en Libye», indique encore notre source, en se basant sur la déclaration d’un responsable du gouvernement d’opposition syrien. Selon lui, «500 d’entre elles sont des membres de factions ethniques turkmènes, les brigades Sultan Murad et Sultan Shah, et la division Muatasim qui rejoindront des centaines d’autres combattants syriens déjà déployés en Libye».

«Les actions d’Ankara visent davantage à préparer à la guerre qu’à la trêve récemment obtenue, sapent les efforts internationaux sur la voie de la recherche d’une solution au conflit de longue durée et anéantissent les progrès réalisés au sein de la conférence de Berlin. Dans le même temps, ce serait une erreur de croire qu’un autre sommet aiderait à faire que des acteurs étrangers changent leur approche de longue date en ce qui concerne le dossier libyen», souligne notre source libyenne.

«C’est notamment le cas de la Turquie d’Erdogan qui, pendant ces dernières années, tentait d’étendre son influence en Afrique et en Méditerranée orientale», explique notre source, selon laquelle «Ankara n’est pas intéressé par le retour à la paix en Libye car une future réforme du pouvoir dans ce pays, sur laquelle insiste l’Europe, serait défavorable aux intérêts turcs dans cette région où Erdogan cherche à instaurer une sorte de nouveau califat ottoman».

«La perte de contrôle sur les autorités libyennes et le processus décisionnel entraîneront la fin d’accords importants pour Ankara tels que la délimitation des frontières maritimes en Méditerranée orientale et l’accord de coopération militaire légitimant les velléités expansionnistes  d’Erdogan dans la région», note notre source, en faisant remarquer que «la conférence de Berlin ne pourra pas inciter les belligérants à cesser les hostilités». «La trêve temporaire, compliquée par la méfiance entre les parties internes et l’intervention militaire à grande échelle de la Turquie et des Emirats arabes unis, entraînera inévitablement un nouveau cycle d’affrontements, d’autant que les nombreux intervenants étrangers dans le conflit libyen voient la guerre comme un moyen de préserver ou d’étendre leur influence», conclut notre source.

N. D.


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