Documents exclusifs. Scandale du matériel israélien introduit en Algérie

comment les Belkecir ont accordé la remise en liberté à deux hommes d’affaires jordaniens en échange d’un pot-de-vin de 20 milliards de centimes



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Le général Ghali Belkecir, l’ancien commandant de la gendarmerie nationale, et son épouse, Fatiha Boukhers, l’ex-présidente de la Cour de Tipaza, sont à l’origine d’un dossier explosif qui s’apprête à ébranler la justice algérienne et le peu de crédibilité qui lui reste. Il s’agit d’un dossier judiciaire qui a été étouffé lorsque le général Belkecir et son épouse étaient au plus fort de leur pouvoir. Ce dossier explosif se retrouve depuis plusieurs semaines au niveau de la deuxième chambre d’instruction près le tribunal de Koléa. Il s’agit d’un méga-scandale qui concerne l’importation frauduleuse et illicite de matériel de télécommunication made in Israel.  Algérie Part a obtenu des documents exclusifs qui relatent les dessous de ce scandale judiciaire inédit démontrant une inquiétante atteinte à la sécurité nationale. 

Tout a commencé lorsuq’un matériel de provenance israélienne qui concerne les antennes-relais a  été déployé à partir de novembre 2017 dans la région de Douéra, à 35 Km de la capitale Alger. Ce matériel de télécommunication était introduit en Algérie par une société jordanienne qui avait obtenu un important marché public estimé à plus de 200 milliards Da pour développer le WiFi Outdoor, à savoir développer une connexion Internet optimale à l’extérieur, et surtout, sur une distance considérable dans les régions rurales autour de la capitale Alger. La société jordanienne qui a introduit le matériel de télécommunication nécessaire à ce projet appartient, comme l’indiquent nos documents, aux frères SAKHATIANE MOUNJID MOUNIR et SAKHATIANE MOURITH RAYAT. Des ingénieurs algériens ont découvert du matériel suspect dans les chantiers confiés à cette mystérieuse société jordanienne. Ils sonnent très rapidement l’alerte.

Les premières investigations ont été menées par la brigade de recherches de la Gendarmerie Nationale lorsqu’elle était dirigée par le colonel Mourad Zaghdoudi, l’officier qui croupit en ce moment à la prison militaire de Blida pour son implication dans des manoeuvres dangereuses visant à protéger des personnalités impliquées dans des grosses affaires de corruption. L’enquête est transmise ensuite au parquet général du tribunal de Koléa qui relève de la Cour de Tipaza, dirigée par la magistrate Fatiha Boukhers, l’épouse du général Ghali Belkecir, l’actuel commandant de la gendarmerie nationale.

Cette dernière place le dossier entre les mains d’une magistrate, l’une de ses plus intimes protégées, la juge d’instruction Bakir Saïda, responsable de la 2e chambre d’instruction du tribunal de Koléa. Cette dernière suscite rapidement l’étonnement des autres magistrats de la wilaya de Tipaza à cause de sa passivité et immobilisme dans ce dossier très délicat qui engage des enjeux sécuritaires de la plus haute importance pour l’Algérie.

A la surprise générale, le procès de cette affaire fut bâclé et après avoir été placé brièvement sous détention provisoire, les deux gérants jordaniens ont été relâchés par la juge Bakir Saïda, le 17 avril 2019. Selon plusieurs magistrats interrogés par nos soins, la juge Bakir Saïda a agi sous l’influence et ordres de la Présidente de la Cour de Tipaza, madame Fathia Boukhers. Cette dernière est soupçonnée d’avoir déployé un fort lobbying auprès de sa subalterne pour noyer cette affaire afin de protéger le colonel Mourad Zaghoudi dont les investigations ont été effectuées de manière très expéditive et sans grand professionnalisme. Mais c’est les révélations croustillantes faites par le gérant d’une société algérienne impliquée dans ce projet de développement de Wifi Outdoor qui va jeter définitivement le trouble. Ce gérant s’appelle GOUASMIA Mohamed FADI.  Originaire de Souk Ahras, il a été placé sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’instruction sur cette affaire. Selon nos sources,  monsieur Gouasmia a assuré à ses interlocuteurs au sein des services de sécurité que madame Fatiha Boukhers, l’épouse du général Ghali Belkecir, a obtenu un pot-de-vin de plus 20 milliards de centimes au détriment de la sûreté de l’Etat algérien pour relâcher les deux entrepreneurs jordaniens. Ces derniers ont rapidement fui l’Algérie à la suite de leur remise en liberté.

Au mois de mai 2019, « l’oiseau » s’est donc envolé et les Belkecir tentent d’étouffer cette affaire dans la plus grande discrétion alors que le pays est bouleversé par un fervent mouvement populaire de contestation politique. Pour étouffer les voix divergentes dans ce dossier, Fatiha Boukhers recourt à ses relations privilégiées avec l’ex-ministre Tayeb Louh qui avait instruit son bras-droit, l’ancien inspecteur général du ministère de la Justice, Tayeb Benhachem, a exercé de fortes pressions sur le procureur général prés la Cour de Tipaza, M. Kharrabi ainsi que le procureur principal près le tribunal de Koléa, Sid Ahmed Rekkab, ainsi que la juge d’instruction en charge de ce dossier Bakir Saida de la 2ème chambre d’instruction près le tribunal de Koléa pour les obliger à accepter les instructions fermes de Fatiha Boukhers qui favorisent clairement les intérêts des entrepreneurs jordaniens ayant introduit en Algérie un matériel made in IsraËl suspect.

Fort heureusement, les révélations d’Algérie Part ont cassé ce plan machiavélique et le scandale est revenu sur le devant de la scène. Nos articles ont contraint la magistrate Nora Mokrane, l’ancienne présidente de la chambre d’accusation de la Cour de Tipaza, a rouvrir ce dossier en recommandant une nouvelle instruction pour rétablir la vérité sur les faits troublants impliquant une société jordanienne dans l’utilisation d’un matériel de télécommunication israélien suspect sur le territoire algérien.

Rappelons enfin que Fatiha Boukhers a été limogé de son poste au début du mois de juin 2019. Quant au général Ghali Belkecir, il a été limogé lui-aussi le 24 juillet 2019. Mais en dépit de toutes les accusations gravissimes qui pèsent contre les Belkecir, le couple a réussi à s’enfuir à l’étranger pour s’installer en Espagne jouissant ainsi d’une totale impunité. Jusqu’à aujourd’hui, la justice algérienne n’a lancé aucun mandat d’arrêt international ni voulu ouvrir une procédure judiciaire pour inculper officiellement les Belkecir.

 


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