Saïd Bouteflika, Mohamed Mediène et Louisa Hanoune devant le juge

«Il n’a jamais été question de limoger Gaïd Salah»



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Le procès en appel de Saïd Bouteflika, frère-conseiller du Président déchu, des deux anciens patrons des services de renseignement, le général de corps d’armée à la retraite, Mohamed Mediène dit Toufik, le général-major à la retraite, Bachir Tartag, et de Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT (Parti des travailleurs), s’est ouvert hier devant le tribunal militaire de Blida, en l’absence des professionnels des médias, interdits d’accès, y compris aux alentours de la juridiction.

Un procès qui revient après l’appel introduit par les accusés contre leur condamnation à une peine de 15 années de réclusion criminelle retenue contre eux en première instance, pour «complot contre l’autorité de l’Etat et de l’Armée». Trois autres accusés en situation de fuite, l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, son fils Lotfi, et le président de la SAP (Société algérienne de pharmacie), Farid Benhamdine, ont été condamnés par contumace à une peine de maximale de 20 ans de réclusion criminelle dans le cadre du même dossier. La décision de casser le premier verdict est tombée en début du mois d’octobre dernier, mais le nouveau procès n’a été fixé il n’y a que quelques semaines.

Selon les avocats, l’audience s’est ouverte un peu en retard, vers 10h30, en raison de la procédure devant entériner le refus du général-major Bachir Tartag de quitter sa cellule et de rejoindre le tribunal pour être jugé. Une position qu’il avait déjà adoptée lors du premier procès et que le président du tribunal, un magistrat civil, avait entérinée après avoir fait l’appel des accusés présents, Saïd Bouteflika, Mohamed Mediène et Louisa Hanoune, mais aussi de 9 témoins cités dans le dossier, dont Tayeb Belaïz, ex-président du Conseil constitutionnel, Haba Okbi, Mohamed Rougab, et Mohamed Boughazi, respectivement ex-secrétaire particulier, chef de cabinet et ex-conseiller du Président déchu, ainsi que le chauffeur de Mohamed Mediène et trois officiers du service d’écoute qui dépendaient la Présidence. Les avocats de Mohamed Mediène ont plaidé «l’incompétence» du tribunal militaire pour juger une telle affaire qui, selon eux, «relève du droit civil», arguant du fait qu’il n’y a aucun militaire en activité parmi les accusés.

Ils ont exprimé leur «regret» de voir les représentants des médias bloqués à l’extérieur du tribunal, mais le président a répondu : «Je suis responsable de la salle, mais pas de ce qui se passe dehors.» Un à un, les trois accusés, Saïd Bouteflika, Mohamed Mediene et Louisa Hanoune, ont rejeté les griefs retenus contre eux.

D’abord le général de corps d’armée à la retraite, Mohamed Mediène, ancien patron du défunt DRS (Département de renseignement et de sécurité), qui avait subi une intervention chirurgicale, à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja, il y a un mois, pour une fracture à l’épaule, provoquée par une chute accidentelle dans sa cellule à la prison militaire de Blida. Les questions du juge, nous dit-on, ont tourné principalement autour de cette «théorie du complot», aussi bien contre l’Etat que contre feu Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, à travers cette prétendue décision de limogeage qui aurait été prise lors de la réunion du 27 mars 2019 à la villa Dar El Affia, à Hydra, qui a regroupé Louisa Hanoune, Mohamed Mediène et Saïd Bouteflika.

Selon ses avocats, Mediene a expliqué : «J’ai été invité à cette réunion en tant que conseiller pour discuter de la situation du pays. Le 27 mars 2019, Saïd Bouteflika était toujours conseiller du Président encore en activité devant se tenir dans une villa appartenant à une institution de l’Etat. A ce moment-là, Saïd Bouteflika était le vrai détenteur du pouvoir, une personne incontournable. Comment pourrais-je comploter contre l’Etat, alors qu’il incarnait ce même Etat ? Lorsqu’il m’a parlé de l’article 102 de la Constitution que le chef d’état-major de l’Anp a évoqué, je lui ai dit de demander l’avis du Conseil constitutionnel. Rien de plus. A aucun moment je n’ai évoqué le limogeage de Gaïd Salah. Bien au contraire, j’ai dit que cette décision relève des prérogatives du Président, mais qu’elle n’était pas une priorité par rapport à la situation du pays.» Mediène, ajoutent les avocats, est revenu sur le travail du service qu’il dirigeait, particulièrement sur les enquêtes anticorruption qui lui auraient valu son isolement et son limogeage en 2015. «Il s’est bien défendu en répondant avec précision et sérénité aux nombreuses questions du juge», relèvent les avocats qui précisent que l’audition s’est achevée vers 12h30, avec la levée de l’audience pour une pause d’une heure.

Durant tout l’après-midi, le président a entendu d’abord Saïd Bouteflika qui, contrairement à son refus de répondre aux questions lors du premier procès, s’est montré coopératif avec le tribunal. Selon lui, nous dit-on, il n’a jamais été détenteur du pouvoir et il n’a jamais usurpé les fonctions du chef de l’Etat. Il n’était qu’un conseiller aux pouvoirs limités. Saïd Bouteflika a également affirmé qu’il «n’a jamais été question du limogeage de Gaïd Salah, lors de la réunion du 27 mars 2019, et qu’il n’a jamais été une cible et le décret de sa mise de fin de fonction n’a pas existé. Cette réunion était organisée pour échanger les points de vue sur la situation du pays». Lui succédant à la barre, Louisa Hanoune a cassé toute l’argumentation sur laquelle repose l’accusation.

Selon les avocats, elle a commencé par parler de son statut de femme politique à la tête d’un parti avant de préciser que la réunion du 27 mars était une occasion pour échanger les idées sur la situation du pays. Son rôle, a-t-elle souligné, est consulter et de se faire consulter sur les questions politiques, surtout en cette période où la rue grondait contre le régime, elle ne savait pas si le Président allait démissionner ou non. Interrogée sur la présence de Mohamed Mediène à la réunion, elle a répondu, affirment nos interlocuteurs, en disant que cet ancien responsable connaît très bien la situation du pays, il est donc normal que le conseiller du Président le sollicite et lui demande de l’inviter.

Après cette audition, le juge appelle les 9 témoins. Les fonctionnaires de la Présidence ont tous, à en croire les avocats, rejeté l’authenticité du décret portant mise de fin de fonction de Gaïd Salah, en tant que chef d’état-major de l’Anp et vice-ministre de la Défense, alors que les officiers du service d’écoute ont plutôt parlé des enregistrements des débats de la réunion du 27 mars. L’audience a été levée vers 18h et devra reprendre aujourd’hui avec le réquisitoire du représentant du ministère public, les plaidoiries de la défense, puis le verdict.

Salima Tlemçani


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