Pourquoi l’Algérie doit s’inspirer en urgence du système de santé cubain



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Des hôpitaux transformés en mouroirs, des infrastructures insalubres, sales, répugnantes dignes d’un pays ravagé par la guerre, un personnel médical dépassé et critiqué, des patients toujours en colère et exaspérés, bref, le système de santé algérien est à lui-seul un concentré de toutes les frustrations et déceptions qui mobilisent chaque vendredi les algériens dans le cadre du mouvement populaire, le Hirak, depuis le 22 février 2019. Que faire pour que l’Algérie puisse soigner ses malades en toute dignité ? De l’argent, encore des milliards qu’il faut dépenser ? Non, loin s’en faut. Il suffit juste d’une gestion rationnelle et d’une vision stratégique du secteur de la santé. L’Algérie devrait à ce  sujet s’inspirer très rapidement du Cuba. 

Oui, Cuba ! Ce petit pays des Caraïbes et de l’Amérique Latine est un véritable exemple à suivre. Il a construit un système de santé des plus efficaces dans le monde sans disposer de tous les milliards de dollars qui ont été dépensés par l’Algérie. Explications.

Le système de santé cubain, né de son idéologie socialiste révolutionnaire, considère l’accès aux soins de santé comme un droit fondamental de ses citoyens. Malgré l’embargo américain qui dure depuis plus de 60 ans, Cuba a réussi à dessiner une véritable stratégie visionnaire : mettre fortement l’accent sur une approche préventive de la médecine et offre gratuitement le check-up le plus simple à la chirurgie la plus complexe. Les soins dentaires, les médicaments et même les visites à domicile des médecins sont tous couverts par le système.

Cuba a les statistiques de santé pour soutenir ce système apparemment impeccable. Un taux de mortalité infantile de 4.2 par millier de naissances (par rapport à 3.5 par mille naissances au Royaume-Uni dans 2015), l’espérance de vie des années 77 pour les hommes et 81 pour les femmes (à égalité avec les l’espérance de vie des années 79 pour les hommes et 83 pour les femmes), et un ratio médecin / patient de un par 150, ce qui dépasse de nombreux pays développés (le rapport britannique des dernières données de la Banque mondiale est Médecins 2.8 par patient 1,000). Il n’est donc pas surprenant que le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, lors d’une visite à Cuba en  2014 ait qualifié son service de santé de « un modèle pour de nombreux pays « .

Pour atteindre de tels résultats, Cuba a développé depuis les années 60 une approche globale de la santé centrée sur la famille et la communauté (plutôt que sur l’individu) qui prennent en compte aussi bien les déterminants sociaux qu’environnementaux ; une médecine de proximité avec le déploiement sur le terrain de professionnels de santé accessibles ; une importance accordée à la prévention. La santé n’est pas perçue comme un ensemble de maladies que l’individu peut développer et qu’on doit traiter bon an, mal an mais comme un élément premier de la vie même et, à ce titre, une priorité publique et sociale.

Depuis les années 80, le régime a porté une attention forte aux soins primaires, devenus la colonne vertébrale du système de santé publique cubain, en instaurant un système de dispensaires de quartier (les consultorios) fonctionnant sur la collaboration étroite d’une équipe de médecine familiale (Programa del Médico y la Enfermera de la Familia, MEF) composée d’un médecin et d’une infirmière, vivant sur place, leur travail s’organisant entre les visites à domicile dans le quartier et les consultations au consultorio.

Ces consultorios (presque 11000 pour tout le pays) sont répartis selon un découpage territorial d’areas de salud (450), chacune regroupant une centaine de familles. En deuxième ligne, des cliniques (policlinicos) assurent le suivi des dossiers des familles de plusieurs consultorios par le biais d’une équipe multidisciplinaire (Equipo basico de salud) — le pays en compte 800 — qui se réunit chaque mois pour faire le point sur la communauté à sa charge. Les soins et services de ces polycliniques s’étendent sur un éventail très large, du soin de base à des soins beaucoup plus spécialisés et toujours dans une perspective de santé globale : on y trouve ainsi des services en santé mentale, d’obstétrique, de pédiatrie, d’optométrie, de traumatologie, d’urgences dentaires en plus de la prise en charge des maladie chroniques etc.

Depuis 2002, les polycliniques ont connu un virage avec l’abandon du modèle unique qui uniformisait leur champ d’action sur l’ensemble du pays. Afin de mieux répondre à la situation sanitaire spécifique de la communauté qu’elles accompagnent, la composition des équipes se fait dés lors en fonction des problèmes particuliers de celle-ci et de son territoire.

Le modèle de santé cubain s’appuie sur l’opérationnalisation à large échelle du droit à la santé pour tous. Cette politique s’est étendue à l’ensemble du territoire de l’île dans un quadrillage serré de services proches des communautés rurales et des quartiers ; le manque de ressources matérielles compensé par la formation et la répartition intensives de ressources humaines.

Il faut savoir que le sytème de santé cubain est très efficace alors que les médecins cubains sont très mal payés, parmi les plus mal-payés dans le monde. Les médecins cubains gagnent environ £ 52 par mois et Cuba exporte même des médecins dans le monde dans le cadre de contrats qu’elle signe pour la coopération internationale.

Le gouvernement cubain dépense environ US $ 300- $ 400 ($ 240- £ 320) par personne et par an pour les soins de santé, paie les médecins $ 64 (£ 52) par mois, mais gagne environ US $ 8 milliards (£ 6.4 milliards) annuellement en tant que résultat de ses missions médicales à l’étranger qu’il facture à de nombreux pays à travers le monde qui ont besoin cruellement de l’expertise des médecins cubains.

Cuba ne se contente pas de bien soigner ses habitants, mais elle développe également toute une industrie pharmaceutique qui part à la conquête aujourd’hui du monde.

En 2012, Cuba  a créé le groupe Biocubafarma, une puissante organisation économique constituée par 38 organisations qui gèrent 16 grandes entreprises comptant 78 centres de production, 8 entreprises de commercialisation, 14 entreprises à l’étranger, 3 entreprises de services et des établissements dans toutes le provinces de Cuba. En 2014, le plan des exportations de Biocubafarma est de 700 millions de dollars ; en 2015, le groupe Cuba a réalisé des ventes pour un milliard de dollars. Le groupe Biocubafarma rassemble 22 000 travailleurs dont 7 000 savants et ingénieurs.

En 2014, l’industrie pharmaceutique cubaine comptait 182 projets d’investissements et 2 336 brevets déposés ou demandés.  Ses produits sont vendus dans plus de 50 pays et sur 881 médicaments prescrits à Cuba, 560 sont élaborés dans le pays.  Huit vaccins sur 13 que les enfants cubains reçoivent gratuitement sont produits à Cuba et le pays envisage d’élaborer les 5 restants.

Le système de santé cubain dispose de 91 produits biotechnologiques, dont 33 vaccins contre des maladies infectieuses et le même nombre de produits oncologiques ; il y a aussi 18 médicaments cardiovasculaires et 7 pour combattre d’autres maladies. Des résultats totalement époustouflants alors qu’en Algérie, le fleuron de l’industrie pharmaceutique algérienne, Saidal est en péril et collectionne les pertes en enregistrant un résultat net de 1,8 milliard de dinars en 2017 et 953 millions en 2018.

Et pendant que les algériens cherchent désespérément un endroit où se soigner, les cubains développent un médicament pour combattre les effets du coronavirus chinois ! Les progrès biotechnologiques de Cuba ont permis le développement de l’Interferon Alfa 2b qui joue un rôle clé dans le traitement de l’épidémie.

Et oui, ‘lInterferon Alfa 2B – nommé également IFNrec – l’un des médicaments utilisés pour combattre le coronavirus chinois qui a déjà causé la mort de 1 524 personnes, n’est autre que le résultat d’une innovation cubaine. L’Algérie doit donc cesser de se lamenter et de retrousser ses manches en apprenant de sa petite cousine Cuba…

 


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