Libye

Le troublant jeu de la Turquie



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La tension en Libye s'est exacerbée, ces deniers jours, suite aux violations récentes du cessez-le-feu en dépit des inlassables efforts de la communauté internationale en vue d'amener les belligérants à faire taire les armes et entamer un processus politiques qui mettrait fin à un conflit fratricide vieux de neuf ans.

Les violations de cessez-le-feu dans les périphéries de la capitale Tripoli suite aux offensives menées par les « combattants du wifak » (milices du gouvernement d'union nationale de Faiz Al-Sarraj) se poursuivent depuis la réunion de Berlin en janvier dernier, censée consacrer la fin des hostilités.
Constituées principalement de mercenaires ayant combattu en Syrie, les milices du « wifak » ont lancé plusieurs contre-offensive depuis le 29 janvier dernier pour desserrer l'étau imposé par les troupes du maréchal Khalifah Haftar commandant de l'armée nationale libyenne (ANL) qui s'est lancé à l'assaut de la capitale le 4 avril 2019. Cette reprise des combats est alimentée par une course effrénée de la Turquie visant à conforter la position d'Al-Sarraj en hommes et en armes, en prévision des pourparlers de Genève. C'est ce que rapportent plusieurs personnalités et médias libyens dont Al wasat, un quotidien proche des sphères de décision à Tripoli.
Le président de l'Alliance républicaine libyenne Azzedine Aguileh a accusé le président turc Reccep Tayeb Erdogan de tirer profit de la trêve entre le gouvernement de AL-Serraj et l'ANL pour inonder la Libye en mercenaires et en armes.
« La trêve en Libye est un piège tendu par Erdogan pour apporter d'avantage renforts en mercenaires aux troupes de Al-Serraj, en armes en moyens logistiques tandis que que l'Europe s'est empressée d'organiser une conférence à Berlin afin de couper l'herbe sous les pieds des russes et des turcs et reprendre le dossier sous son contrôle », a-t-il dit.
« Au lendemain de la réunion de Berlin, le chef de la diplomatie française, Jean Yves Le Drian, s'est dit satisfait de constater que l'Union Européenne a repris la main en Libye, ce qui donne à penser que la trêve a servi d'alibi pour les puissances européennes », a-t-il ajouté.

Or, sur le terrain la trêve semble s'effilocher face aux coups de boutoir des belligérants, qui sont vraisemblablement conscients que le règlement de la crise ne pourrait passer que par l'option militaire.

Des combattants de l'ASL en Libye
S'agissant de la présence de combattants étrangers en Libye, Aguilleh a affirmé qu'environ 6 000 mercenaires ont été acheminés par la Turquie pour la défense de Tripoli dont 4600 ont combattu en Syrie selon l'observatoire syrien des droits de l'homme basé à Londres. Beaucoup de sources font état de la présence de 7 000 mercenaires depuis janvier transportés via l'aéroport militaire de Mitigua près de Tripoli et équipés en armements acheminés successivement par quatre frégates depuis le bombardement du dit aéroport.


Al-Sarraj - Erdogan, une inquiétante alliance

Ces mercenaires ont été répartis sur les villes de Tripoli, l'aéroport de Mitigua, la localité de Bassis près de Syrte et Misrata.
Le responsable libyen a assimilé l'implication turque à une intervention directe dans le conflit libyen en faveur d'un pouvoir minoritaire à travers lequel elle espère imposer son diktat et défendre ses intérêts aux dépens de la volonté de la majorité des libyens. Ce constat est corroboré par le président Erdogan qui a avoué pour la première fois, vendredi dernier, la présence de combattants syriens supplétifs d'Ankara en Libye pour soutenir le gouvernement de Tripoli face aux forces du Marechal Haftar. « Il y a des éléments de l'Armée syrienne Libre (ASL) sur place. Ils (Haftar et ses soutiens) veulent qu'ils partent. La compagnie de sécurité russe Wagner dispose de 2500 hommes (en Libye), pourquoi on n'en parle pas ? », a indiqué M. Erdogan à la presse à Istanbul. La présence des éléments de cette société n'a pas été confirmée par l'ONU qui a mis en garde contre la présence de terroristes étrangers.
L'ASL est une coalition de groupe armés syriens entraînés et financés par Ankara. C'est sous la bannière de l'ANS que des combattants syriens ont participé à la dernière offensive menée en octobre 2019 par la Turquie pour déloger les milices kurdes des YPG d'une vaste bande de territoire dans le nord-est de la Syrie. Plusieurs responsables étrangers ont affirmé que la Turquie avait envoyé des combattants syriens pour soutenir le Conseil du gouvernement national (GNA de Faiz al-Sarraj) reconnu par l'ONU, après avoir signé avec lui un accord de coopération militaire en novembre, mais Ankara n'avait à ce jour jamais confirmé ces informations. En visite à Moscou, Haftar a assuré vendredi qu'il s'opposerait militairement « aux envahisseurs turcs » si les pourparlers inter-libyens visant à établir un cessez-le-feu durable échouent.
« Si les négociations à Genève ne débouchent pas sur la paix et la sécurité dans notre pays, que les mercenaires ne repartent pas d'où ils viennent, alors les forces armées (de l'armée nationale libyenne) accompliront leur devoir constitutionnel […] de défense face aux envahisseurs turco-ottomans », a souligné le maréchal Haftar dont les propos ont été rapportés par l'agence de presse russe Ria Novosti.
M. Haftar a accusé MM. Erdogan et Sarraj, qui se sont rencontrés jeudi à Istanbul, de ne pas respecter les engagements issus de la conférence de Berlin, lors de laquelle la communauté internationale s'est engagée à ne pas s'ingérer dans le conflit libyen.


7 000 combattants étrangers en renfort pour Al-Sarraj

Pour lui, les pourparlers de Genève, prévus sous peu, ne pourront aboutir qu'en cas de « retrait des mercenaires syriens et turcs, la fin des livraisons d'armes de la Turquie à Tripoli, et la liquidation des groupes terroristes ».

4 milliards dollars déposés en Turquie
La présence des mercenaires étrangers en Libye a suscité des inquiétudes chez des responsables militaires au sein de l'ANL qui ont mis en garde le gouvernement Sarraj contre des velléités d'octroyer la nationalité libyenne à ces mercenaires.
Cité par Al-Arabiya.net, le président de la commission financière à El Baydha, Ramzi Rajab Agha a révélé que la banque centrale libyenne a effectué un dépôt 4 milliards de dollars dans la banque centrale turque.
Dans une déclaration à ce site, samedi dernier, il précise que ce dépôt va conforter la stabilité de la lire turque et servirait de garantie aux paiements des livraisons d'armes au profit du gouvernement de Al-Sarraj.
Il a aussi indiqué que ces montants assureront le paiement des frais de soins des blessés des miliciens de Al-Sarraj évacués vers les hôpitaux privés d'Istanbul notamment les hôpitaux « mémorial » et « Acebedem » ainsi que l'indemnisation des sociétés turques ayant perdu leurs contrats signés au temps de Mouammar Khadafi. Le président Erdogan a exigé à ce qu'elles soient indemnisées.
Pour sa part, un responsable militaire a affirmé au quotidien, « Al Ain Alikhbariya », que le cabinet Al-Sarraj projette d'accorder la nationalité libyenne aux mercenaires suite à la demande du groupe des 5+5 et la réunion de Berlin d'expulser ces terroristes.
C'est ainsi que le politologue et juriste libyen Abdellah Al khafifi a estimé que la crise en Libye est le cœur des conflits dans la région et devenue par le terrain par excellence des affrontements entre les puissances. Selon lui, la Turquie a fait de ce conflit une question de vie ou de mort même si les conséquences du désastre engloutiraient les voisins Algérie et Tunisie voire toute l'Afrique du Nord.

Ce scenario constitue la hantise des autorités algériennes préoccupées depuis 2011 par la sécurité aux frontières et par les incursions terroristes à l'image de la sanglante attaque de Tiguentourine en janvier en 2013 et tout récemment par l'attaque de Timiaouine.
Pendant qu'Ankara est perçue comme un facteur de déstabilisation en Syrie et en Libye, Alger tente tant bien que mal à concilier les libyens pour les amener à la table des négociations mais les interventions étrangères contrarient ses efforts, prolongent le conflit et l'insécurité dans la région.


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