Massa Bouchafa fête ses 30 ans de carrière

«Je suis née avec l’amour de la chanson en moi»



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«Massa Bouchafa est la dame qui brûle les planches des salles de spectacles.»  (Tahar Djaout – Algérie-actualité 1989). Dans cet entretien accordé  à El Watan, l’artiste native de la région de Aïn El Hammam revient sur ses  30 ans de carrière, son amour pour la musique, ses projets et le mouvement de contestation en Algérie. «On a lutté, souffert, et beaucoup espéré pour en arriver là», nous dit-elle.

 

-Après le Zénith de Paris en compagnie de Zedek Mouloud, le 12 janvier dernier, vous chanterez le 8 mars prochain au Cabaret sauvage. Un mot sur ces deux galas…

Pour le concert de Zedek Mouloud, j’ai été non pas pour chanter mais pour le soutenir, comme je le fais souvent avec tous nos artistes. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour inviter tous les artistes pour fêter ensemble mes trente ans de chanson au Cabaret sauvage le 8 mars, je voudrais les voir avec moi comme j’ai toujours été présente à leurs côtés.

-Vous venez de produire un remix de Inebgawen. Pourquoi le choix de cette chanson ?

Je voulais faire un remix de mes anciens tubes qui ont été enregistrés avec les moyens techniques de l’époque pour leur redonner vie avec une nouvelle touche et arrangements permis par les techniques actuelles donc dans chaque album, depuis mes débuts jusqu’à celui de 2000, j’ai pris deux à trois chansons et je les ai refaites, ce qui donne un album florilège qui sortira prochainement. Effectivement, Inebgawen fera partie du remix ainsi que Abahri siwlas, Matufidh et d’autres titres très connus et appréciés du public, j’espère que ce travail plaira à mes fans.

-Trente ans de chanson. Comment est né l’amour de Massa Bouchafa pour la musique ?

Je suis née avec l’amour de la chanson en moi : depuis l’âge de quatre ou cinq ans je dormais et me réveillais sur les ondes de la Chaîne 2 – seul média kabyle à l’époque- le soir, c’est théâtre radiophonique et tous les matins ma mère me réveillait en me faisant écouter la chanson de Cherif Kheddam Sbah lxir ayudem n-rbah. Quelque temps après, les événements artistiques au village comme ourar n lxalat, zzerdat, lemqamat ont beaucoup contribué à mon éveil artistique et ma formation. Je chantais avec les femmes et je tenais le rythme avec le bendir.

Et quand j’étais à l’école, ma voix déjà forgée, je chantais plus facilement que les autres et durant les fêtes au collège mon maître, qui n’est autre que Rezig Kaci, que je salue au passage, m’accompagnait en mandole et moi je chantais que ce soit des chants patriotiques ou louange ou folklore. Au collège j’écoutais beaucoup les disques de Slimane Azem que mon père ramenait d’ici, en France, malgré son interdiction en Algérie, Taleb Tabah aussi, Aït Menguellet, Hnifa, Cherifa, Bahya Farah, Matoub Lounes, Idir. C’est là que j’ai nourri ma passion pour la musique avec laquelle je frissonne aujourd’hui. Je me souviens bien du jour où j’ai chanté au collège de Larbaâ Nath Irathen où je suivais mes études, devant Taleb Rabah, c’était la chanson de Nora Adrar n Djerdjer aalayen et quand il m’a écoutée, il m’a beaucoup encouragée. Il m’avait dit : «Zaïna, tu peux devenir une grande chanteuse.»

-Vous avez pris part à de nombreux galas à l’étranger. Comment avez-vous ressenti la réaction du public ?

Avant de parler du public à l’étranger, je voudrais d’abord remercier mon public en Algérie avec qui j’ai vu mes débuts et c’est grâce à son soutien et ses encouragements que j’ai pu avancer dans ma carrière et sillonner toutes les régions du pays. Pour revenir à l’étranger, mon premier contact c’est en France avec la radio Beur. Le producteur Dadouche, qui a pris contact avec mon mari, comme ils avaient organisé un gala à la mutualité, ils m’ont mis en tête d’affiche avec Cherifa, que Dieu ait son âme, le gala était une réussite. Je me souviens que je n’avais même pas le temps de bien me préparer, car je n’avais pas mes musiciens, heureusement qu’il y avait le grand Allaoua Bahlouli qui m’avait accompagnée brillamment. Je me souviens qu’on avait fait les répétitions dans la loge juste avant que je monte sur scène. J’ai été acclamée par le public, et depuis grâce à Dieu et mon public, c’était succès sur succès. J’ai fait bien évidemment d’autres pays, les quatre coins du monde, Canada, USA, Belgique, Hollande, Angleterre, Maroc, Australie, etc.

-Quels sont les chanteurs qui vous inspirent ?

Slimane Azem, Zerrouki Allaoua, Chérifa, Hnifa, Bahia Farah, Nora, Lounis Aït Menguellet, Matoub Lounès et beaucoup d’autres dont je ne peux pas citer tous les noms.

-Une tournée nationale en vue ?

Après ce Cabaret sauvage, si la situation en Algérie s’améliore et que les revendications du peuple algérien sont exaucées, j’espère bien faire des galas sur tout le territoire national pour fêter mes 30 ans de carrière et l’Algérie de demain.

-Avez-vous un autre projet artistique sur lequel vous travaillez ?

En ce moment je travaille beaucoup plus sur moi-même en améliorant ma voix sur de bonnes bases pour être prête à faire une tournée en France, en Algérie et à travers le monde pour la promotion de ce florilège nostalgique que j’ai concocté pour mes fans à travers ce CD. Cela dit, je pense évidemment au prochain album que je prépare dès maintenant en retravaillant des chansons inédites que j’avais mises de côté. C’est maintenant que mes enfants sont devenus grands que je suis encore plus prête à donner encore et encore.

-L’Algérie vient de boucler une année de mobilisation démocratique sans précédent. Que peuvent apporter les artistes à ce mouvement ?

Les artistes algériens en général et kabyles en particulier ont chanté et chantent encore la liberté, l’union des Algériens. Aujourd’hui, c’est un peu le fruit des artistes qui ont joué un grand rôle dans la conscientisation de la société qui s’est concrétisé le 22 Février. Moi-même j’ai toujours chanté et prôné l’union en Algérie ça a toujours été notre souhait.

C’est le fruit d’un grand et long travail, car je n’ai pas attendu ce jour pour chanter la liberté, l’union et la fraternité entre le peuple algérien. On a lutté, souffert, et beaucoup espéré pour en arriver là. Le vrai engagement pour moi est de semer la paix, la fraternité et l’union pas de propager la division et la haine.

Aujourd’hui, on assiste à un peuple uni qui crie de la même voix, avec cette force ils ont pu annuler le 5e mandat de Bouteflika et j’espère que toutes les revendications seront écoutées, toutes sans exception et que les détenus d’opinion soient tous libérés et que l’Algérie retrouve sa place dans le concert des nations. C’est tout ce que je souhaite pour notre chère Algérie.

 

Propos reccuillis par  Ahcène Tahraoui


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