Décryptage – Les Manœuvres Éventées du Maroc et de l’Espagne Contre l’Algérie



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Fadel Breika, l’activiste Sahraoui opposé au Polisario, a dénoncé ce vendredi 6 Mars 2020 lors de la 43ème session du Conseil des droits de l’homme (CDH) à Genève, ce qu’il a qualifié de  »répression et d’exactions » contre la population sahraouie dans les camps de Tindouf en Algérie. Ces violences seraient, selon lui, perpétrées par les services de sécurité algériens et les dirigeants de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD).

Fadel Breika, qui est âgé de 51 ans et qui détient la nationalité espagnole, a été récemment libéré, avec deux autres blogueurs et après presque cinq mois de détention, de la prison «Dhaibia» qui se situe à 15 km de la ville de Rabouni, siège de la RASD dans la région de Tindouf.

Fadel Breika - Activiste espagnol

Il avait été interpellé le 18 juin 2019 pour plusieurs délits allant de la diffamation à la calomnie, en passant par l’incitation à la rébellion et a des actes de violence.

Notons que Breika est membre de l’« Initiative sahraouie pour le changement », organisation basée en Espagne et membre fondateur de la Coordination El Khalil Ahmed Braih pour la défense des droits de l’homme au Sahara Occidental.

« Mon corps porte encore les traces des blessures et les marques de la torture que j’ai subie au cours des cinq derniers mois de l’année 2019 dans les prisons secrètes gérées par le polisario, avec la bénédiction du gouvernement algérien », a déclaré Breika devant les membres du Conseil des droits de l’homme.

Beaucoup d’observateurs se sont demandés pourquoi aucun constat médical n’avait pu être produit, et pourquoi Breika n’avait pu mettre en avant des preuves précises et détaillées, attestant que ses éventuelles marques étaient bien dues à des actes de tortures…

D’autres, ont eu encore plus de mal à comprendre pourquoi l’intéressé n’avait pas porté plainte auprès des autorités judiciaires compétentes ou des institutions concernées, après sa libération ?

Après la virulence de ton de Breika en direction des autorités algériennes, lui qui avait préalablement montré sa grande hostilité lors de sa participation à une manifestation devant le consulat d’Algérie à Madrid en mars 2019, pour dénoncer  »la disparition » d’un membre du Front Polisario en 2009, a appelé le CDH et la communauté internationale à  »faire pression sur l’Algérie pour qu’elle assume sa responsabilité légale en tant que pays accueillant la population sahraouie de Tindouf « , condamnant « le mutisme des défenseurs du peuple sahraoui sur les sévices et les violations commises ».

Le timing de la déclaration de Breika, qui s’assimile d’ailleurs à un bloc d’assertions à charge contre l’Algérie, est tout de même surprenant, tant il s’aligne avec le froid diplomatique qui s’est installé entre Alger et Madrid, suite à la récente cacophonie du gouvernement espagnol à propos du statut de la RASD, mais également avec le Maroc, suite aux provocations du Ministre des affaires étrangère marocain Mr Nasser Bourita à propos de l’ouverture illégale de représentations diplomatiques de quelques pays africains dans les territoires occupés.

En Novembre de 2019, le Maroc avait été confronté aux mêmes accusations de la part de Walid El Batal, défenseur des droits de l’Homme et journaliste sahraoui basé au Sahara occidental. Il avait été violenté et torturé lors de son arrestation filmée et diffusée sur les réseaux sociaux en Juin 2019, avant d’être condamné par Rabat à 6 ans de prison.

 

La réponse de la mission permanente du Royaume de Maroc était pourtant claire et se concluait ainsi : « Mr El Batal estime, à l’évidence, qu’il lui suffit de prétendre être un défenseur des droits de l’Homme, ou journaliste, pour se prévaloir d’une certaine immunité que même le droit International des Droits de l’Homme ne saurait lui octroyer dès lors qu’il aura commis des actes de violences »

Deux poids deux mesures…

Concernant le cas de la stupéfiante histoire de Fadel Breika, certains observateurs se risqueraient aisément à emprunter le raccourci menant vers l’idée d’une action coordonnée et manipulée par les deux Royaumes du Maroc et d’Espagne, hostiles à l’idée d’un référendum d’autodétermination du Sahara Occidental selon le plan Baker II, idée qui ferait actuellement son chemin dans les coulisses du Conseil de Sécurité de l’ONU, selon des sources diplomatiques.

Arrivé en janvier 1997, le Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan nomme James Baker, ancien Secrétaire d’État américain, comme envoyé personnel pour le Sahara occidental.

Après un premier plan de Paix (Baker I) rejeté par le Polisario, Baker propose une seconde version du plan envisageant l’autonomie saharienne sous l’autorité du Sahara occidental pour une période de cinq ans, avec un référendum sur l’indépendance à la clef qui verrait la participation de l’ensemble de la population du Sahara occidental, y compris les personnes qui ont émigré du Maroc ou qui ont été installées par le Maroc après la marche d’annexion de 1975.

Ce plan, qui avait été approuvé en juillet 2003 par le Conseil de sécurité de l’ONU, a finalement été rejeté par le Maroc, qui n’acceptait pas de référendum incluant l’indépendance comme option !

Car le Maroc a de tous temps revendiqué toujours plus de territoires. Tantôt une partie du Sahara algérien autour des régions de Tindouf et Bechar, une autre fois la totalité du territoire de la Mauritanie, allant d’ailleurs même jusqu’à s’opposer à son indépendance en 1960, puis à son admission à l’ONU en 1961, avant de finalement se résigner à la reconnaitre en 1969 !

Au royaume Alaouite il ne reste aujourd’hui plus que le Sahara espagnol comme principale revendication… Toutes les autres ont échouées.

Si certains titres de presse marocains et internationaux mènent long bruit de la diatribe de Breika, aux fins d’amplifier ses allégations, essayant à tout prix de donner une portée aussi exagérée qu’orientée à une banale affaire de droit commun, c’est en fait pour tenter de couvrir un autre scandale, bien plus compromettant pour le royaume chérifien.

En effet au tout début de ce mois de Mars 2020, Sidi Mohamed Omar, le Représentant du Front Polisario auprès des Nations Unies, s’est adressé au Conseil de Sécurité de l’ONU afin d’ »obliger le Maroc à assumer ses responsabilités à l’échelle régionale et internationale et à renoncer à ses actions déstabilisatrices qui menacent la sécurité et la stabilité de ses voisins et de toute la région ».

En effet, dimanche 1er mars 2020, une unité de l’armée sahraouie avait intercepté et saisi 725 kilogrammes de cannabis marocain dans la province d’Aousserd, se situant dans la région administrative d’Dakhla-Oued Ed Dahab. La drogue était transportée à travers le mur militaire marocain illégal au Sahara occidental !

En tant que Pays membre de l’Union Africaine, et conformément à ses obligations relatives à la lutte contre le trafic de drogue, l’Armée de la République Sahraouie mène de nombreuses opérations contre le flux illicite de drogues provenant du Maroc, alimentant les groupes terroristes de la région du Sahel et affectant la sécurité et la stabilité de plusieurs états frontaliers.

 »Le Maroc devrait donc expliquer aux Nations Unies et à la communauté internationale comment il est possible que des trafiquants de drogue et d’êtres humains puissent passer par le Sahara occidental, qui est entièrement encerclé par l’un des murs les plus gardés et militarisés du monde, qui est infesté de millions de mines terrestres et équipé de radars sophistiqués et de systèmes de surveillance », a demandé Sidi Omar.

Le Maroc est le plus grand producteur et exportateur de cannabis au monde, comme nous en l’avions expliqué dans une de nos précédentes éditions et comme le confirment de nombreux rapports internationaux de l’Office des Nations Unies et du Département d’Etat américain.

Poursuivant son explication, le représentant de Polisario a soulevé un point essentiel quand il a déclaré : « A cet égard, la brèche illégale ouverte par le Maroc à travers son mur militaire à Guerguerat dans le sud du Sahara occidental, sert de point de passage pour toutes sortes de marchandises illicites, y compris le cannabis produit au Maroc et d’autres drogues’’

C’est précisément cette bien mauvaise publicité diffusée à la tribune New Yorkaise des Nations Unies, pointant l’évidente complicité des autorités militaires marocaines avec les barons de la drogue, qui a vraisemblablement poussé les services de sécurité du Maroc et leurs alliés à créer une diversion nommée Fadel Breika !

Manœuvre une fois encore éventée !

Amir Youness


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