Justice – Tebboune nomme un proche de Tayeb Louh pour gracier les membres de la Issaba.



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Sid Ahmed Merrad, le Procureur général près la Cour d’Alger a été installé dans ses fonctions par le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati le 15 Aout 2019. Il avait rejoint le corps de la magistrature en 1995 et occupé plusieurs fonctions judiciaires et postes de responsabilité administratifs au niveau de l’administration centrale du ministère de la Justice.

Après avoir été juge au tribunal de Berrouaghia et juge d’instruction près les tribunaux de Médéa, El Harrach et Arzew, Sid Ahmed Merrad a occupé le poste de procureur de la République près le tribunal d’Arzew (Cour d’Oran) pour rejoindre ensuite les services centraux du ministère de la Justice où il a assumé le poste de sous-directeur de la justice pénale spécialisée. Il a été, par la suite, promu au poste de Directeur des affaires pénales et des grâces.

Ce haut responsable de la justice dirige les affaires juridiques de tout le secteur de la capitale Alger, orchestrant l’enfermement des détenus du Hirak, mais également les chefs d’entreprise et les ex-ministres suspectés de corruption durant l’ère Bouteflika.

Abdelmadjid Tebboune vient de démettre Sid Ahmed Merrad de sa mission de la Direction des affaires pénales et des grâces. Le Président algérien a nommé par décret présidentiel Mohamed Bouchiouane, nouveau Directeur des affaires pénales et des grâces du Ministère de la Justice.

Le Magistrat Mohamed Bouchiouane s’était fait connaître durant les années 2000 en pilotant le procès des meurtriers du militant et musicien Lounès Matoub, abattu le 25 juin 1998 au volant de son véhicule alors qu’il regagnait son domicile de Taourirt Moussa en Kabylie.

Pour rappel, les terroristes Mahieddine Chenoui et Malik Madjnoun, étaient les seuls membres d’un réseau du Groupe islamique armé (GIA), parmi dix autres, à être poursuivis dans cette affaire par le juge Mohammed Bouchiouane.

Mahieddine Chenoui, qui s’était rendu aux autorités, le 17 septembre 1999, dans le cadre de la concorde civile, a fait l’objet d’une mise au secret dès sa reddition avant d’affirmer avoir fait des aveux sous la torture.

Quant à Malik Madjnoun, il avait bénéficié par le magistrat instructeur d’un non-lieu le 2 décembre 2000, avant que la chambre d’accusation n’interjette l’appel…

Etrange certainement, mais moins que la date du premier déplacement de Bouchiouane sur les lieux du crime le 7 juin 2000… soit deux ans après l’assassinat de Matoub Lounès !

Qu’à cela ne tienne, Bouchiouane alors juge d’instruction au tribunal d’Alger, s’était distingué en s’opposant au Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) en 2002. Il avait alors épousé les revendications du Syndicat National des Magistrats de Tayeb Louh, alors président de cette instance, qui prônait une nouvelle composition du CSM, donnant plus de poids aux magistrats face aux cadres du Ministère de la Justice.

Plus récemment, Mohamed Bouchiouane avait été désigné le 23 décembre 2018, toujours par Tayeb Louh devenu depuis Ministre de la Justice, Président d’un bureau de vote à Bouira pour le renouvellement de la moitié des membres élus du Conseil de la Nation…

C’est donc à ce proche collaborateur de l’ancien Ministre de la Justice complotiste, aujourd’hui emprisonné, qu’incombera dorénavant la mission de négocier une future libération de certains oligarques emprisonnés contre le rapatriement de leurs fortunes et d’une relance de leurs entreprises… On a du mal à y croire !

Une fois encore, cette nomination vient démontrer la faillite du Ministre de la Justice Zeghmati et toute sa mauvaise gestion concernant la récupération des fonds détournés par les oligarques et hauts cadres de l’Etat, lui qui déclarait que :  »La lutte contre la corruption n’atteindra ses objectifs qu’après la récupération des fonds détournés ».

Cela jette un grave discrédit sur le programme du Président de la République Abdelmadjid Tebboune et du gouvernement algérien, surtout après les 3 correspondances officielles adressées par le parquet général de Bern, capitale administrative de la Suisse, au cabinet du Ministère de la Justice algérien, lui demandant de communiquer les dossiers judiciaires contenant les inculpations officielles des hommes d’affaires ou dirigeants politiques emprisonnés dans des affaires de corruption. En vain…

Amir Youness


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