Manque de Masques de protection contre le covid-19

L’inquiétude des praticiens de santé



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Les personnels soignants ont déjà exprimé leur inquiétude. Ils se plaignent du manque de moyens de protection (lunettes, bavettes, blouses) et autres équipements.

Un avion cargo est arrivé hier à l’aéroport d’Alger en provenance de la capitale chinoise, transportant les premières commandes de masques chirurgicaux.

Cette livraison de 8,5 millions de masques chirurgicaux, dont 100 000 FFP2, répond à une commande passée par la PCH au début de mars dernier pour une enveloppe de 6 millions de dollars. Une quantité qui semble insuffisante vu le nombre des personnels médical et paramédical (environ 400 000 au niveau national) qui nécessistent particulièrement des équipements de protection pour soigner les patients atteints du Covid-19.

Les personnels soignants ont déjà exprimé leur inquiétude ; ils se plaignent du manque de moyens de protection (lunettes, bavettes, blouses) et autres équipements. «Une quantité qui ne suffira pas plus d’une semaine si l’on réserve ces 100 000 masques FFP2 aux personnels médical et paramédical des régions de Blida et d’Alger, où l’on compte un peu plus de 12 000 soignants. Les deux wilayas qui enregistrent le plus de cas de Covid-19 hospitalisés», fait remarquer un spécialiste.

Par ailleurs, le besoin se fait aussi sentir de manière accrue pour les médecins, les cabinets médicaux, les cliniques privées, les laboratoires d’analyses ainsi que les personnels d’officine.

La majorité des cabinets ont décidé de fermer et se contenter de renouveler les ordonnances pour leurs patients par téléphone en raison de l’insuffisance des moyens de protection, notamment les masques FFP2/n95 qui filtrent à 95% l’air et empêchent le virus de s’infiltrer. «Nous continuons à travailler avec les moyens du bord. Le petit stock que nous avons constitué pour mon assistante et moi ne suffit pas. Nous réutilisons le même masque, sachant que le temps de travail est actuellement réduit : soit un masque tous les deux jours pour les deux.

Le recours à des astuces telles que le repassage avec un fer chaud et l’exposition au soleil pendant quelques heures nous permet de réutiliser le même masque pendant trois jours, mais ce n’est pas conforme aux recommandations de l’OMS. Cependant, on ne peut pas continuer à travailler dans ces conditions. D’ailleurs, certains collègues ont préféré fermer leurs cabinets.

Il faut dire aussi que les masques ne suffisent pas pour se protéger du Covid-19. D’autres équipements doivent être mis à la disposition des médecins, tels que les lunettes, les charlottes… Bien entendu les médecins libéraux sont prêts à acheter ces équipements», souligne le docteur Moualek Lounes, président de l’Association des médecins libéraux internistes. Et de recommander aux praticiens d’éviter d’examiner le malade de face.

L’exposition au risque est également dénoncée par les pharmaciens d’officine, qui réclament leur quota de masques. Les réunions de représentants de la corporation du secteur privé se multiplient avec les autorités pour justement trouver des solutions face à une quantité insuffisante de masques libérés par la Pharmacie centrale.

140 000 masques chirurgicaux ont été mis à la disposition d’une dizaine de grossistes pour approvisionner les cabinets médicaux, les laboratoires d’analyses, les cliniques privées et les pharmaciens d’officine. Lesquels seraient vraisemblablement privés de cet équipement de protection en privilégiant «les praticiens qui seraient en première ligne.

Cette quantité sera destinée seulement aux wilayas d’Alger et de Blida, alors que le ministère de la Santé avait prévu des quantités plus importantes pour le secteur privé dans les 17 wilayas touchées par le Covid-19 », avons-nous appris. Ce qui a suscité de vives inquiétudes au sein de la corporation, qui lance des appels à ses représentants, sachant que de nombreux pharmaciens ont été infectés par le Covid-19 ainsi que de nombreux médecins du secteur public et privé.

Interrogé à ce propos, le président du conseil national de l’Ordre des médecins, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, et membre de la commission de suivi et d’évolution du Covid-19, signale qu’il a été décidé de procéder à «la mise à disposition de masques chez des pharmaciens référents de quartier pour approvisionner les médecins exercant dans cette localité selon une liste établie par la DSP. Des quantités qui seront renouvelées à chaque arrivage». Et d’ajouter :  «Je recommande à tous les médecins du secteur libéral de prendre toutes les dispositions nécessaires afin de garantir leur sécurité et celle de leurs malades.»

En attendant l’arrivée d’autres commandes, dont une deuxième tranche estimée à 10 millions de masques, le gouvernement algérien table sur l’aide que peut lui apporter l’Etat chinois en plaçant l’Algérie comme le pays prioritaire pour faire les livraisons face à une tension mondiale sur les masques, nous confie-t-on.


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