Appelée à réduire sa production

 L’Opep+ veut un engagement des Etats-Unis



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Une réunion de l’OPEP+ se tiendra aujourd’hui, via visioconférence, tandis qu’une réunion du G20 des ministres de l’Energie suivra demain.

Les deux rencontres focalisent l’attention et nourrissent l’espoir de voir naître un compromis entre les principaux producteurs mondiaux autour d’une réduction de la production, afin d’endiguer la chute des cours de l’or noir, provoquée par la pandémie de coronavirus et amplifiée par la guerre des prix que mènent l’Arabie Saoudite et la Russie, depuis l’échec de la réunion de l’Opep+, le 6 mars dernier.

L’Arabie Saoudite et la Russie auraient d’ores et déjà trouvé le chemin vers un début de conciliation autour des termes d’un accord, pour réduire la production de brut. L’issue de la réunion virtuelle de l’OPEP+, qui se tiendra aujourd’hui, reste cependant incertaine, car les deux leaders de l’Opep+ ne veulent plus servir de bouclier, à l’ombre duquel prospèrent le schiste américain.

Ils tablent dorénavant sur une décision similaire de la part de certains gros producteurs. L’OPEP, la Russie et neuf autres alliés prévoient de se joindre au sommet virtuel pour finaliser un accord, et des invitations supplémentaires ont été envoyées aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil, à la Colombie, à l’Equateur, à l’Argentine, à Trinité-et-Tobago, à l’Égypte, au Tchad, à l’Indonésie, à la Norvège et au Royaume-Uni, selon l’agence Platts, qui cite des sources de l’OPEP.

Par ailleurs, invités à participer à un sommet d’urgence demain, des ministres de l’Energie du Groupe des 20, dont l’Arabie Saoudite assure la présidence tournante cette année, les Etats-Unis  ainsi que d’autres pays sont conviés à discuter de coupes pétrolières et d’autres mesures pouvant soutenir l’économie mondiale en déclin. Lors de la réunion virtuelle, ce sont, notamment, les Etats-Unis, le Canada et le Brésil qui devraient confirmer s’ils contribueront à réduire l’excédent mondial de pétrole.

Mais avec une majorité du G20 comprenant des importateurs nets de pétrole et de gaz, y compris des économies clés de croissance de la demande, la Chine et l’Inde, une approbation des réductions de production induites par l’OPEP est loin d’être certaine, note l’agence Platts. «Un règlement négocié de la guerre du pétrole en cours pourrait nécessiter une coopération multilatérale à une échelle sans précédent», ont déclaré mardi des analystes de ClearView Energy Partners.

Pourtant, l’Agence internationale de l’énergie, qui représente les pays consommateurs de pétrole, a fait pression pour que le G20 soit un lieu d’élargissement des discussions sur le pétrole. Le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, a déclaré que la chute continue des prix du pétrole pourrait déclencher une récession mondiale et également retarder les efforts de transition énergétique si elle n’était pas maîtrisée.

«Nous avons besoin de solidarité en ce moment pour apporter d’urgence la stabilité à l’économie mondiale et pour soutenir des millions d’emplois», a-t-il déclaré mardi dans un tweet. L’OPEP+ entend, pour sa part, élargir les réductions de la production mondiale à d’autres acteurs importants qui pourraient ainsi partager le fardeau des coupes de production. Selon l’alliance, la quantité de pétrole brut pouvant être réduite, dans le cadre d’un pacte négocié, dépendra du nombre de pays qui y adhéreront, et notamment de l’implication des producteurs américains.

Une vision que ne semblait pas partager jusqu’à présent le président Donald Trump. «Personne ne m’a demandé. S’ils me demandent, je prendrai une décision», a répondu Trump à la question de savoir si les Etats-Unis participeraient à des compressions.  «Les producteurs américains réduisent déjà et ils réduisent très sérieusement. Je pense que cela se produit automatiquement», avait-il ajouté.

L’Agence américaine d’information sur l’énergie, ou Energy Information Administration (EIA), vient, en effet, de réduire ses prévisions de production de pétrole de près de 10% , précisant qu’elle s’attend à ce que le pays pompe en moyenne 11,76 millions de barils par jour en 2020, contre une projection précédente de 12,99 millions. Il n’est pas sûr cependant que cette baisse des prévisions de production suffira à satisfaire Riyad et Moscou. Les deux grands producteurs semblent plutôt miser sur un pacte ferme, engageant les producteurs américains, sur des réductions de production conséquentes.

Un accord mondial final pourrait réduire les approvisionnements de 10 millions de barils par jour ou plus. Un niveau de réduction que Trump a évoqué la semaine dernière. Les analystes estiment, cependant, que même ce niveau de réduction ne peut éponger totalement la surabondance de l’offre, provoquée par la propagation du Covid-19, qui a induit une réduction de la demande mondiale de pétrole de près de 35 millions de barils par jour.


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