Magasins rouverts et marchés bondés

Quand le «déconfinement commercial» ranime Bab El Oued



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Vendeurs de meubles, magasins d’habillement, marchands de vaisselle, de tissus, d’articles ménagers et électroménagers, de produits d’emballage, boutiques de cosmétique ; également les tailleurs, les bijoutiers, les libraires, les menuisiers et même les boutiques de vente d’oiseaux domestiques et leurs accessoires… tous ont renoué avec leurs clients.

Pour votre santé, évitez tout contact» ; «La distance sanitaire nous protégera» ; «Nous vous prions de respecter la distance de sécurité d’1 mètre»… Ces appels à la vigilance sont placardés un peu partout sur les murs de Bab El Oued, notamment aux abords des magasins. Une campagne qui s’est accentuée suite aux dernières mesures du gouvernement, autorisant la reprise d’un large éventail d’activités commerciales.

Au lendemain de la promulgation de ces mesures, la grande majorité des commerces de ce quartier mythique de la capitale ont rouvert. Que ce soit aux Trois-Horloges, le long de l’effervescente rue Colonel Lotfi, sur le boulevard Mohamed Boukella (ex-rue de la Marne), ou bien du côté du marché Nelson, partout les vitrines étalaient ostensiblement leurs produits ce dimanche.

Vendeurs de meubles, magasins d’habillement, marchands de vaisselle, de tissus, d’articles ménagers et électroménagers, de produits d’emballage, boutiques de cosmétiques ; également les tailleurs, les bijoutiers, les libraires, les menuisiers, et même les boutiques de vente d’oiseaux domestiques et leurs accessoires… tous ont renoué avec leurs clients.

Autre image qui saute aux yeux : les gérants de salons de coiffure ne se sont pas fait prier pour se remettre au travail et dépoussiérer leurs fauteuils. Seule catégorie encore en berne : les cafés et restaurants bien sûr, mais aussi les chauffeurs de taxi dont beaucoup circulaient en coiffant leur enseigne d’un cache pour signifier qu’ils sont hors service. «Pour les taxis à l’intérieur du périmètre urbain, la reprise de l’activité est différée jusqu’à l’annonce par les pouvoirs publics des modalités liées à la sécurité sanitaire de ce moyen de transport», spécifiaient les dernières instructions du gouvernement Djerad.

«42 jours sans aucune rentrée d’argent, c’est intenable»

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce «déconfinement commercial», qui promet un grand boom consumériste, comme le Ramadhan nous y a habitués, est loin de faire l’unanimité au sein de l’opinion et divise même la communauté des commerçants. «Personnellement, j’aurais souhaité que l’Etat prolonge le confinement et maintienne la fermeture des commerces. Rani n’risqui (Je prends des risques comme ça).

On est restés fermés pendant plus d’un mois et j’étais prêt à continuer. Errezq ala rabbi (C’est Dieu qui donne). La santé, c’est le plus important», estime Zakaria, gérant d’un petit commerce de toiles cirées et accessoires de cuisine au niveau du centre commercial de Triolet. «J’ai ouvert juste parce que je commençais à m’ennuyer. Maintenant, j’essaie de prendre mes précautions», indique le jeune vendeur.

Comme la majorité des marchands officiant derrière les comptoirs de ce bazar, Zakaria ne portait pas de masque. Il faut cependant mentionner que lors de notre passage, le centre commercial était quasiment vide. Cet artisan miroitier qui rouvrait son atelier «après 42 jours de fermeture», comme il tient à le préciser, est d’un autre avis : «Bien sûr que c’est une bonne chose d’avoir autorisé la réouverture des magasins.

Ça devenait insoutenable pour nous !» lâche-t-il d’entrée. Et l’artisan quinquagénaire dont l’atelier est situé rue Mohand Ouali Ichalalène (ex-Jean Jaurès) de faire remarquer : «Rester 42 jours sans aucune rentrée d’argent, c’est intenable. Comment tu vas vivre ! Tu vas emprunter ?» «Il y a plein de petits vendeurs modestes qui vivent au jour le jour. Ils vont fourguer des petites bricoles à la dlala (le marché aux puces, ndlr) et ils ne sont pas sûrs de gagner leur croûte.

Ils n’ont pas d’économies pour pouvoir supporter un confinement prolongé. Les temps sont vraiment durs», témoigne-t-il. Un peu plus bas, à la rue du Dey, nous sondons cette fois un marchand de meubles qui rouvrait après un mois et demi d’inactivité. «C’est une mesure louable d’avoir autorisé la réouverture des commerces. Sinon, comment on va vivre ? Sans compter le fait que nous avons des charges à payer. Rien que le loyer nous coûte 80 000 DA par mois», argue le jeune tenancier du magasin.

«Qu’on nous fournisse au moins des masques»

A la rue Ahmed Bouder, pas loin de l’ancien marché couvert de Bab El Oued qui a été rasé, Bilel s’affaire à nettoyer son local où sont disposés des vêtements pour enfant. «J’ai ouvert juste pour aérer le magasin. Je laisse la marchandise respirer un peu et je referme. L’argent, ça va et ça vient, mais la vie, si vous la perdez, c’est irrémédiable. Je le dois aussi à mes proches et mes enfants.

Je dois protéger ma famille», explique l’aimable commerçant, avant d’émettre cette réflexion : «Le gouvernement nous incite à rouvrir, mais est-ce qu’il nous donne des garanties ? Ils ne sont même pas capables de nous assurer des masques ! On ne peut pas prendre le risque de déconfiner dans ces conditions.» Et de lancer avec conviction : «Au diable le business ! Chaque vie humaine est précieuse. Il faut se conduire de façon responsable.»

Alors que le marché autour des Trois-Horloges grouille de monde, Bilel précise : «Même s’il est juste à côté, je ne fais pas mes courses ici. Je préfère aller faire mon marché à la Basse Casbah, près de Ketchaoua. C’est plus prudent.» A quelques mètres de là, sur la rue Merzouk Ibn El Khatib (ex-Consulat), c’est la cohue devant le bureau de poste.

En nous approchant de plus près, nous réalisons qu’il ne s’agit pas d’usagers de la poste qui attendent leur tour, mais de clients qui tiennent à leur part de kelb ellouz auprès de la célèbre pâtisserie Hadj Hamid dont cette confiserie est très prisée.

Un jeune barre l’entrée pour éviter que la pâtisserie soit saturée de monde, mais à l’extérieur, point de place à la distanciation sociale. Force est de remarquer aussi que, contrairement aux années précédentes, le kelb ellouz, la zlabia certifiée «100% Boufarik» et autres gourmandises sont nettement moins visibles en ce Ramadhan «coronesque».

Nous remontons la rue Brahim Gharafa pour un tour à la librairie Chihab. Mais celle-ci était toujours close ce dimanche. Nous décidons de prendre un bon bol d’air frais sur le front de mer. Les plages R’mila et Kettani exhalent de suaves effluves rafraîchissantes. Quelques familles et autres promeneurs solitaires ou perchés sur un rocher se «ramonent» les poumons en profitant de l’air marin.

Des jeunes jouent au baby-foot. Sur l’esplanade El Kettani, le manège si prisé par les mômes est silencieux. La salle Atlas est également en «off». Le jardin Taleb Abderrahmane, en revanche, grouille de vie. Au marché Nelson, un marchand de fruits nous lance avec un large sourire fraternel : «One, two, three, viva l’Algérie !» Oui, que Dieu préserve notre Algérie…


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