Alerte rouge dans le milieu des transformateurs

200 minoteries et 59 laiteries sous la loupe des enquêteurs



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Le commandement de la Gendarmerie nationale a instruit, avant-hier, 47 commandants de groupement de wilaya (Illizi n’est pas concernée) à l’effet de déclencher une enquête nationale sur le trafic du blé et de la poudre de lait.

Cette opération d’assainissement dans le secteur des produits alimentaires subventionnés est chapeautée par les services de la Présidence. Hier, plus de 200 minoteries et 59 laiteries ont été inscrites sur le menu des visites des enquêteurs de la Gendarmerie nationale, avons-nous appris de sources crédibles. «Après la gestion, tant bien que mal, des tensions dans la production et surtout la distribution de la semoule et du lait en sachet en pleine crise de coronavirus, une enquête profonde dans ces secteurs s’impose, sachant qu’à Annaba, à titre d’exemple, il y a un faux meunier qui s’approvisionne en blé tendre et dur depuis 2011, alors que sa minoterie n’a vu le jour qu’en 2017», ont indiqué les mêmes sources.

En effet, en janvier 2020, le ministre de l’Agriculture, Cherif Omari, avait souligné que, selon «les résultats réalisés lors de la saison 2018/2019, en dépit des difficultés rencontrées, l’Algérie a atteint l’autosuffisance en blé», avant de mettre en avant l’importance de la filière céréalière dans le renforcement de la sécurité alimentaire et le développement de l’économie nationale.

Comble de l’ironie, un mois après, Jean-Philippe Everling, fondateur et directeur de Transgrains France, avait déclaré à l’agence Reuters : «L’Algérie devrait acheter 1,5 million de tonnes de blé au cours des trois derniers mois de la saison 2019/2020, qui prendra fin entre juin et juillet 2020.» Ces estimations laissent entendre qu’il n’y aura pas réellement de baisse des importations comme il a été annoncé par les autorités pour cette année, sachant que l’Algérie a acheté en février 2020 environ 450 000 tonnes de blé, dépassant les prévisions du gouvernement.

Cette enquête a été précédée par une autre, de moindre envergure, le 10 juillet 2019, où le ministère de l’Industrie a procédé à la fermeture de 45 minoteries dans le cadre de la réorganisation et l’assainissement de la filière céréale.

Elles sont implantées à Blida, Béjaïa, Oran, Aïn Témouchent, Relizane et Tlemcen. Mesures prises : des poursuites judiciaires engagées à leur encontre pour «fausses déclarations sur les capacités de production». Les plus connues dans ce trafic ont été épargnées, comme par enchantement. «En Algérie, ce secteur a toujours été marqué par le trafic du blé subventionné.

C’est un gouffre financier qui ne profite qu’aux indélicats transformateurs. Il y a des semblants de meuniers, qui n’ont jamais transformé un grain de blé. Dès qu’ils ont leur quota mensuel, ils le vendent tel qu’il est, engrangeant au passage les subventions de l’Etat. Et tous les services de sécurité sont au courant de ce trafic, qu’a confirmé en 2019 un exposé détaillé du ministère des Finances sur la filière céréales.

Une simple vérification entre l’arrivée du blé subventionné, la quantité de semoule et farine produites et la consommation de l’électricité prouve ce trafic flagrant», dénonce l’un des transformateurs qui garde, néanmoins, l’espoir de voir son secteur assaini des trafiquants. Selon les chiffres du Centre national de l’information et des statistiques des Douanes, en 2018, l’Algérie a importé 10,8 millions de tonnes de céréales (blés, orge et maïs) dont 6,54 millions de tonnes de blé tendre et 1,48 de blé dur. La facture totale payée est de 2,5 milliards de dollars.

TRANSFORMATEURS ACCROS à LA POUDRE de LAIT

Concerné également par cette campagne d’assainissement, le trafic de la poudre de lait n’est pas en reste. Dans ce secteur qui compte 117 laiteries dont 59 privées qui produisent du lait pasteurisé à travers le territoire national, un grand trafic s’est installé depuis plusieurs années. «Il y a toujours eu des détournements de la poudre de lait subventionnée vers la production d’autres dérivés non subventionnés, comme les yaourts et les fromages, dont sont accusés des producteurs privés.

Le contrôle périodique des laiteries privées s’est avéré vain et ce trafic persiste jusqu’à aujourd’hui au grand bonheur de ses animateurs», dénonce un cadre d’une laiterie publique. Ce marché juteux a drainé des centaines de cupides qui ont infesté le secteur.

Leur mode operandi est, selon toujours la même source, «de jouer sur la quantité de poudre à diluer pour avoir un litre de lait en sachet, sachant qu’il en faut 103 grammes. Au meilleur des cas, seuls 60 grammes de poudre de lait sont mélangés à près d’un litre d’eau. La différence est ainsi transformée, sinon vendue pour la production des fromages et des yaourts, plus rentables». Les importations de poudre de lait vont toujours crescendo, entre 2010 et 2018, en volume (67%) et en valeur (37%).

Cette enquête, un véritable coup de pied dans la fourmilière des meuniers et laiteries va, vraisemblablement, provoqué de vives inquiétudes auprès des colosses mondiaux du négoce de céréales et de la poudre de lait.


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