La détente est nécessaire et possible



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Le climat politique est empoisonné par la question des détenus d’opinion. Si elle ne date pas d’aujourd’hui, elle a connu, ces derniers temps, une dimension inquiétante. Des dizaines de militants et d’activistes du hirak sont en détention.

Et si de temps à autre apparaît un progrès, comme la libération toute récente de Abdelouahab Fersaoui et Ibrahim Daoudji, il est vite remis en cause par l’arrestation d’autres contestataires accompagnée d’intimidations, la toute dernière étant la traduction prochaine du président du Club des magistrats devant le Conseil supérieur de la magistrature.

Le Club des magistrats redoute la sanction «d’un juge exemplaire, ce qui reviendrait à  »sanctionner » tous les magistrats honnêtes et défenseurs des valeurs de la justice». Qu’est-ce donc qui coince en haut lieu pour que cette question ne trouve pas de solution juste et définitive ? Difficile à dire en l’absence de données fiables et l’on suppose qu’il n’y a pas de consensus au niveau des sphères dirigeantes.

En d’autres termes, entre le politique, le sécuritaire et le judiciaire, on n’arrive pas à dépasser cette question de l’emprisonnement pour délit d’opinion pour aller vers une véritable politique de détente avec la société, seule à même de décrisper le climat général.

Car il faut dire que l’impact sur la société – qui a engendré le hirak – est lourd, en totale contradiction avec la nouvelle marche de l’histoire dans le pays qui, dès le 22 février 2019, devait conduire l’Algérie vers une rupture totale avec le passé et l’édification d’une nouvelle République. Dans la dynamique créée par la chute du clan Bouteflika, il était attendu une restitution des libertés spoliées des décennies durant à la société algérienne. Cette restitution reste encore à réaliser.

C’est de nouveau la tâche du pouvoir issu des élections du 12 décembre dernier, les autorités de transition ne l’ayant pas réalisée. A la décharge des dirigeants actuels, l’apparition du virus corona dans le pays a fait reléguer au second plan les affaires politiques. Ajouté à cela l’effondrement des cours du pétrole sur les marchés mondiaux qui a aggravé une situation économique déjà lourdement affectée par la paralysie de la plupart des activités productives du fait de la propagation de l’épidémie.

En rendant publique la mouture de la révision constitutionnelle, les autorités espéraient offrir un nouvel horizon politique, mais il manquait ce geste essentiel qui est la mise en place d’un vaste plan de libération des détenus d’opinion. Viendra-t-il après la fin du Ramadhan ? C’est le vœu de l’ensemble des acteurs politiques et bien sûr de l’opinion publique qui aimerait qu’il n’y ait plus d’atteinte aux libertés et surtout passer à autre chose.

Et la meilleure arme pour affronter les lancinants défis qui attendent le pays est un front de tous les Algériens, une sorte d’union sacrée pour que la nation se relève. C’est possible, car il s’agit de l’amour de la patrie. Aucun Algérien n’aimerait la voir sombrer dans le chaos.


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